Laurence Equilbey |
Quelques semaines après un décevant Mithridate au Théâtre des Champs-Elysées, le jeune Mozart était de retour sur les planches, cette fois à Versailles, avec Lucio Silla. Composé à seulement seize ans par le prodige viennois, cet opera seria
au livret bien pauvre déçoit quelque peu par l’alignement rébarbatif
des récitatifs et des airs, avec un unique duo au I puis un seul trio au
II. Cette impression de monotonie souvent attachée au genre seria
n’est guère compensée par les maigres interventions du chœur, tandis
que la direction en noir et blanc de Laurence Equilbey apporte peu de
couleurs tout en contrastant bien les passages rythmiques de son
attention aux nuances.
Avant même la création en 1772, Mozart opte pour la réduction du rôle-titre en raison des faiblesses dramatiques du chanteur choisi pour la première. Dès lors, les voix féminines dominent l’opéra, ce qui est renforcé ici par l’abandon du petit rôle secondaire d’Aufidio – tout comme le fit Nikolaus Harnoncourt dans son célèbre enregistrement discographique de 1989. Si le rôle de Cecilio avait alors été judicieusement confié à Cecilia Bartoli, le choix est ici fait pour un contre-ténor. En comparaison de l’investissement dramatique éloquent de la mezzo italienne, la prestation de Franco Fagioli ne pourra que décevoir, même si le public semble se délecter de sa voix ronde et harmonieuse, aux changements de registre d’une souplesse exemplaire. Il n’en reste pas moins que son absence permanente de prise de risque confine son interprétation à un conformisme plat, sans électricité ni surprise.
On lui préfèrera ainsi le chant moins propre techniquement (notamment des problèmes de placement de voix qui occasionnent quelques faussetés) mais tellement plus investi et émotionnel de la Giunia d’Olga Pudova, irrésistible dans les pianissimi. Dans des rôles moindres mais tout aussi redoutables vocalement, Chiara Skerath (Cinna) et Ilse Eerens (Celia) brillent également d’une belle sensibilité expressive, tout en se montrant très à l’aise dans les vocalises, tandis qu’Alessandro Liberatore, dans le rôle-titre, s’appuie sur une voix puissante mais bien peu subtile. Le méconnu Jeune chœur de Paris, formation de chambre jadis dirigée par Laurence Equilbey et issue du département supérieur pour jeunes chanteurs du Conservatoire à rayonnement régional de Paris, apporte beaucoup de fraîcheur et de maîtrise à ses interventions – c’est là l’une des belles satisfactions de la soirée.
On saluera aussi l’effort louable d’une mise en espace imaginée et réglée par Rita Cosentino qui apporte un semblant de variété à l’action au moyen d’artifices simples, de l’écharpe rouge symbole du pouvoir arrogant et sanguinaire aux paravents régulièrement réagencés sur scène. On soulignera aussi la belle inventivité des éclairages. En conclusion, une représentation tout de même chaleureusement applaudie par un public toujours sensible à une soirée, même imparfaite et inégale, dans l’écrin intimiste de l’Opéra royal de Versailles.
Avant même la création en 1772, Mozart opte pour la réduction du rôle-titre en raison des faiblesses dramatiques du chanteur choisi pour la première. Dès lors, les voix féminines dominent l’opéra, ce qui est renforcé ici par l’abandon du petit rôle secondaire d’Aufidio – tout comme le fit Nikolaus Harnoncourt dans son célèbre enregistrement discographique de 1989. Si le rôle de Cecilio avait alors été judicieusement confié à Cecilia Bartoli, le choix est ici fait pour un contre-ténor. En comparaison de l’investissement dramatique éloquent de la mezzo italienne, la prestation de Franco Fagioli ne pourra que décevoir, même si le public semble se délecter de sa voix ronde et harmonieuse, aux changements de registre d’une souplesse exemplaire. Il n’en reste pas moins que son absence permanente de prise de risque confine son interprétation à un conformisme plat, sans électricité ni surprise.
On lui préfèrera ainsi le chant moins propre techniquement (notamment des problèmes de placement de voix qui occasionnent quelques faussetés) mais tellement plus investi et émotionnel de la Giunia d’Olga Pudova, irrésistible dans les pianissimi. Dans des rôles moindres mais tout aussi redoutables vocalement, Chiara Skerath (Cinna) et Ilse Eerens (Celia) brillent également d’une belle sensibilité expressive, tout en se montrant très à l’aise dans les vocalises, tandis qu’Alessandro Liberatore, dans le rôle-titre, s’appuie sur une voix puissante mais bien peu subtile. Le méconnu Jeune chœur de Paris, formation de chambre jadis dirigée par Laurence Equilbey et issue du département supérieur pour jeunes chanteurs du Conservatoire à rayonnement régional de Paris, apporte beaucoup de fraîcheur et de maîtrise à ses interventions – c’est là l’une des belles satisfactions de la soirée.
On saluera aussi l’effort louable d’une mise en espace imaginée et réglée par Rita Cosentino qui apporte un semblant de variété à l’action au moyen d’artifices simples, de l’écharpe rouge symbole du pouvoir arrogant et sanguinaire aux paravents régulièrement réagencés sur scène. On soulignera aussi la belle inventivité des éclairages. En conclusion, une représentation tout de même chaleureusement applaudie par un public toujours sensible à une soirée, même imparfaite et inégale, dans l’écrin intimiste de l’Opéra royal de Versailles.
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