vendredi 19 juillet 2024

Stabat Mater de Gioachino Rossini - Clelia Cafiero - Festival de Montpellier - 17/07/2024

Clelia Cafiero

Le Festival Radio France Occitanie Montpellier se poursuit avec l’un des concerts les plus attendus de cette trente‑neuvième édition, le Stabat Mater (1842) de Rossini, qui réunit une distribution vocale de grand luxe. L’émotion s’empare de l’assistance avant même, puisque Saskia De Ville annonce le décès de Benoît Duteurtre, à seulement 64 ans. Tout en dédiant le présent concert à sa mémoire, la journaliste annonce que ses dernières émissions inédites portant sur la « Grande histoire de l’opérette » seront diffusées sur France Musique à partir du 12 août prochain.

En attendant, le Stabat Mater résonne dans la vaste salle de l’Opéra Berlioz en faisant valoir toute l’expressivité de ses premières mesures dramatiques, d’où émerge peu à peu l’intensité majestueuse du double chœur, réparti ici entre forces toulousaines et montpelliéraines. Tout au long de l’ouvrage, où il est plusieurs fois sollicité a capella, le chœur fait valoir un élan tout de cohésion et d’enthousiasme, en parfait écho avec le geste enflammé de Clelia Cafiero. La chef italienne n’a pas son pareil pour faire pencher les parties verticales du côté de Berlioz, en mettant en avant la puissance des cuivres. Elle trouve aussi quelques effets inattendus en ralentissant les tempi par endroits, notamment la mise en relief des parties a capella de la fin du premier mouvement. Ce mélange d’accentuations et de ralentissements inopinés donne beaucoup de dynamique à l’ensemble, toujours juste.

Il faut dire que le quatuor réuni donne beaucoup de plaisir, malgré quelques réserves de détail. Ainsi de Pretty Yende, qui met un peu de temps à se chauffer dans l’agilité attendue au niveau du medium, frôlant le détimbrage à plusieurs reprises pour toujours se rattraper in extremis. L’élégance de ses phrasés, comme la virtuosité en pleine voix, viennent toutefois enfin convaincre, notamment dans son air, très bien tenu. On lui préfère toutefois la solidité technique et le style souverain de Gaëlle Arquez, qui fait valoir une émission délicieusement veloutée. On aime aussi la basse de grande classe de Michele Pertusi, qui fait oublier un timbre un peu fatigué par une attention millimétrée au texte, le tout bien projeté. Enfin, Magnus Dietrich complète cette belle distribution par une vaillance parfois un rien en force, mais qui sait séduire dans la pure beauté sonore d’un organe tout de jeunesse rayonnante.

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