Formé en 2009, le Trio Karénine poursuit son exploration du répertoire,
comme le prouvent leurs deux premiers disques dédiés à des compositeurs
aussi différents que Schumann,
Tailleferre, Fauré et Ravel. C’est cette fois un coup de maître, tant
les interprètes surprennent par leur capacité à varier admirablement les
climats, sensibles et délicats dans les parties apaisées, plus vifs
ensuite en contraste, mais toujours au service d’une éloquence narrative
et très à propos. Le Premier Trio (1923-1925) de Chostakovitch
trouve ici une version de référence, tant la grâce féline à l’œuvre
donne un charme constant à cet ouvrage de jeunesse emporté par les élans
amoureux. Pour autant, quelques sombres échos nous rappellent combien
le moral de Chostakovitch était déjà atteint – à la fois par le décès de
son père l’année précédente, une tuberculose diagnostiquée et la
situation matérielle très dégradée de sa famille. Le piano cristallin de
Paloma Kouider, véritable rayon de soleil de ce disque, fait merveille
dans les passages subtils, tandis que ses compagnons saisissent à la
perfection les alternances entre lyrisme, rythmique dansante et
intériorité du fameux Trio «Dumky» (1891) de Dvorák.
Ce très beau programme s’achève avec le méconnu Trio (1945) de Weinberg (ami proche de Chostakovitch de 1943 jusqu’à son décès), dont on ne cesse de revisiter d’année en année l’importante production. Les deux compatriotes ne cesseront de s’influencer mutuellement, comme le prouve cet ouvrage inspiré où l’on retrouve rythmique nerveuse et tourments expressifs, sans jamais sacrifier à la mélodie. Plutôt que le Premier Trio de Chostakovitch, il aurait peut-être été plus pertinent de graver ici le Second (composé un an seulement avant celui de Weinberg), et ce afin de pouvoir comparer les deux ouvrages. Quoiqu’il en soit, le Trio Karénine séduit tout du long par la lisibilité et les couleurs, toujours mises en valeur par la prise de son – le tout en une lecture équilibrée entre pénombre et clarté. Un grand disque.
Ce très beau programme s’achève avec le méconnu Trio (1945) de Weinberg (ami proche de Chostakovitch de 1943 jusqu’à son décès), dont on ne cesse de revisiter d’année en année l’importante production. Les deux compatriotes ne cesseront de s’influencer mutuellement, comme le prouve cet ouvrage inspiré où l’on retrouve rythmique nerveuse et tourments expressifs, sans jamais sacrifier à la mélodie. Plutôt que le Premier Trio de Chostakovitch, il aurait peut-être été plus pertinent de graver ici le Second (composé un an seulement avant celui de Weinberg), et ce afin de pouvoir comparer les deux ouvrages. Quoiqu’il en soit, le Trio Karénine séduit tout du long par la lisibilité et les couleurs, toujours mises en valeur par la prise de son – le tout en une lecture équilibrée entre pénombre et clarté. Un grand disque.