En
partenariat avec l’Opéra de Rouen Normandie, la nouvelle production du
Postillon de Lonjumeau est un événement : l’ouvrage n’avait plus été
donné à l’Opéra Comique depuis 1894. Après Ciboulette de Raynaldo Hahn
en 2013, Michel Fau revient Salle Favart avec une mise en scène
éclatante au niveau visuel, servie par un Michael Spyres en grande
forme.
Les spectacles mis en scène par Michel Fau font
désormais partie des incontournables à ne manquer sous aucun prétexte,
ce qui explique la foule venue en nombre salle Favart pour découvrir Le Postillon de Lonjumeau
(écrit sans « g » en 1836). Cet ouvrage célébré tout au long du XIXe
siècle et par trop délaissé aujourd’hui, séduit par le talent mélodique
et l’orchestration délicieusement passéiste d’Adolphe Adam (1803-1856),
un compositeur bien éloigné des innovations de son contemporain Berlioz.
Parmi les plus grands succès de sa carrière figure précisément Le Postillon,
dont s’empare Michel Fau avec maestria, moquant les naïvetés de
l’ouvrage par une scénographie girly aux tons pastel. On est ainsi saisi
dès le lever de rideau par la malice farfelue de la pièce montée qui
occupe tout l’espace, permettant de se jouer habilement de l’exiguïté de
la scène. De même, les toiles peintes modernisent astucieusement les scénographies
Louis XV (période où se situe l’ouvrage) tout en revisitant l’univers
floral campagnard en autant de variations enchevêtrées. Les éclairages
directs dissimulés dans la rampe permettent de saisir chaque détail des
splendides costumes à l’ancienne (là aussi discrètement modernisés),
tandis que la minutie de la reconstitution n’en oublie pas perruques et
maquillages, parfaitement réalisés dans l’esprit du XVIIIe siècle.
Autour de cet écrin luxueux, la direction d’acteur apporte une sobriété bienvenue en contraste, tout en donnant davantage d’ampleur à la servante incarnée par Michel Fau, qui apparaît avec l’héroïne dans les mêmes atours, comme un double bienfaisant. Outre l’hilarité que procurent ses phrasés langoureux ou sa gestuelle empruntée, le comédien renforce opportunément le jeu théâtral lors des interventions féminines, tout en donnant de la crédibilité à la scène de la duperie dans le noir au III. On pourra dès lors regretter que l’aisance dramatique de Florie Valiquette, correcte, ne soit pas davantage à la hauteur de son partenaire. La Canadienne peine aussi à déployer sa petite voix au-delà de l’orchestre dans le parlé-chanté, tout en assurant mieux les airs avec son émission ronde et souple.
Autour de cet écrin luxueux, la direction d’acteur apporte une sobriété bienvenue en contraste, tout en donnant davantage d’ampleur à la servante incarnée par Michel Fau, qui apparaît avec l’héroïne dans les mêmes atours, comme un double bienfaisant. Outre l’hilarité que procurent ses phrasés langoureux ou sa gestuelle empruntée, le comédien renforce opportunément le jeu théâtral lors des interventions féminines, tout en donnant de la crédibilité à la scène de la duperie dans le noir au III. On pourra dès lors regretter que l’aisance dramatique de Florie Valiquette, correcte, ne soit pas davantage à la hauteur de son partenaire. La Canadienne peine aussi à déployer sa petite voix au-delà de l’orchestre dans le parlé-chanté, tout en assurant mieux les airs avec son émission ronde et souple.
Vivement applaudi en fin de représentation, Michael Spyres compose quant à lui un double-rôle irrésistible de fourberie, s’imposant à force de nuances dans les phrasés et d’aisance sur toute la tessiture. Privé d’air individuel, Franck Leguérinel affiche un abattage scénique de tous les instants (la mise en scène ayant la bonne idée de suggérer que Corcy en pince aussi pour le Postillon), tandis que Laurent Kubla compense graves insuffisants et faible projection par un jeu bien incarné.
A la tête de l’Orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie, Sébastien Rouland se montre quelque peu timide en début de représentation, demandant manifestement à ses musiciens d’alléger les textures pour ne pas couvrir les chanteurs : on gagne en détails raffinés ce que l’on perd en électricité. Fort heureusement, l’ancien assistant de Marc Minkowski se reprend après la pause et donne davantage de vigueur à son geste. On notera seulement un départ raté dans la toute dernière scène, occasionnant un cafouillage vite rattrapé avec le plateau. La gravure prévue devrait compenser ces quelques imperfections, tout en faisant espérer une prochaine résurrection lyrique excitante : et pourquoi pas Giralda (1850) du même Adam, l’un de ses ouvrages les plus reconnus, encore inédit au disque ?
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