Traditionnel plat de réjouissance des fêtes de fin d’année dans les pays germaniques, l’opéra Hansel et Gretel
reste étonnamment rare en France. Tellement rare que ce chef d’œuvre a
fait son entrée au répertoire de l’Opéra national de Paris pour la
première fois l’an passé, dans une production de Mariame Clément
diversement appréciée (un spectacle à découvrir ou revoir dès la fin
novembre à Garnier). A Francfort, on retrouve un autre metteur en scène
controversé, le Britannique Keith Warner, régulièrement invité dans la
capitale de la Hesse comme à l’Opéra du Rhin, où ses productions ont
souvent déçu. On pense notamment à son Roi Arthus donné en début d’année
à Strasbourg. Pari cette fois-ci réussi à Francfort, au moyen d’une
transposition très habile dans le contexte d’un hôpital de la Première
Guerre mondiale. Keith Warner fait le choix de revisiter l’œuvre, optant
d’emblée pour une optique où les enfants jouent à se faire peur avec
les contes bien connus de leur jeunesse.
Si les premières scènes se montrent très fidèles à l’histoire, l’Interlude entre les deux premiers actes offre un tableau visuel bouleversant, les enfants de l’hôpital quittant les lieux peu à peu dans une lumière saturée qui symbolise la fin du conflit. Le deuxième tableau montre les deux enfants adultes de retour sur les lieux, retrouvant les marionnettes qui avaient enchanté leur jeunesse, prélude à un flash-back saisissant. Plus de fraises à cueillir, c’est bien l’alcool dont les enfants sont friands, comme si la guerre les avaient déjà rendus adultes prématurément. Eméchés, Hansel et Gretel découvrent une maison sordide, attirés par quelques bonbons posés au dehors. A l’instar d’un brillant François Ozon au cinéma (voir son adaptation du conte, Les Amants criminels), Warner figure l’attirance de la Sorcière pour les formes généreuses du jeune garçon ou dévoile les attributs d’un serial killer à coup de marionnettes crochetées dans la cuisine comme autant d’enfants dépecés. C’est bien là l’idée force de Keith Warner, celle de parvenir à nous montrer une sorcière en pédophile cannibale sans pour autant effrayer les enfants, qui pourront ne voir qu’un homme travesti, à peine inquiétant tant il est grotesque avec sa robe en vieux rose et son crâne rasé sans perruque. Une «sorcière» savoureuse que l’on croirait tout droit sortie d’un tableau d’Otto Dix.
Côté voix en revanche, cette nouvelle production apparaît plus contrastée, même si nous n’avons pu entendre qu’un seul des différents casts proposés. Dans le rôle du père, le Suisse Alejandro Marco-Buhrmester offre une diction tout à fait remarquable dans le Sprechgesang, plus décevant dans les airs où son timbre assez terne manque de couleurs. C’est précisément l’inverse pour la Gretel de Louise Alder, dont on aurait aimé davantage de projection. Fort heureusement, Heidi Melton (Gertrude) comme Katharina Magiera (Hansel), imposent de truculentes interprétations, parfaitement soutenues par leurs voix aussi éclatantes que nuancées. Un régal à chaque apparition. Enfin, la Sorcière de Peter Marsh donne la aussi une interprétation sans faille, tout aussi impeccable dans les différentes outrances vocales habituelles pour ce rôle.
Directeur général de la musique de l’Opéra de Francfort depuis 2008, Sebastian Weigle surprend d’emblée par une direction assez lente, légère et transparente, qui lisse les arrêtes dans un legato olympien. Vivement applaudie à l’issue de la représentation, et ce bien davantage que les chanteurs, cette direction n’en oublie pas le théâtre pour autant, apportant de subtiles couleurs aux passages dansants des comptines enfantines. Si l’on peut préférer une baguette plus nerveuse, nul doute que Weigle séduira les tenants d’une direction qui respire, poétique et harmonieuse. Un spectacle chaleureusement recommandé pour cette fin d’année.
Si les premières scènes se montrent très fidèles à l’histoire, l’Interlude entre les deux premiers actes offre un tableau visuel bouleversant, les enfants de l’hôpital quittant les lieux peu à peu dans une lumière saturée qui symbolise la fin du conflit. Le deuxième tableau montre les deux enfants adultes de retour sur les lieux, retrouvant les marionnettes qui avaient enchanté leur jeunesse, prélude à un flash-back saisissant. Plus de fraises à cueillir, c’est bien l’alcool dont les enfants sont friands, comme si la guerre les avaient déjà rendus adultes prématurément. Eméchés, Hansel et Gretel découvrent une maison sordide, attirés par quelques bonbons posés au dehors. A l’instar d’un brillant François Ozon au cinéma (voir son adaptation du conte, Les Amants criminels), Warner figure l’attirance de la Sorcière pour les formes généreuses du jeune garçon ou dévoile les attributs d’un serial killer à coup de marionnettes crochetées dans la cuisine comme autant d’enfants dépecés. C’est bien là l’idée force de Keith Warner, celle de parvenir à nous montrer une sorcière en pédophile cannibale sans pour autant effrayer les enfants, qui pourront ne voir qu’un homme travesti, à peine inquiétant tant il est grotesque avec sa robe en vieux rose et son crâne rasé sans perruque. Une «sorcière» savoureuse que l’on croirait tout droit sortie d’un tableau d’Otto Dix.
Côté voix en revanche, cette nouvelle production apparaît plus contrastée, même si nous n’avons pu entendre qu’un seul des différents casts proposés. Dans le rôle du père, le Suisse Alejandro Marco-Buhrmester offre une diction tout à fait remarquable dans le Sprechgesang, plus décevant dans les airs où son timbre assez terne manque de couleurs. C’est précisément l’inverse pour la Gretel de Louise Alder, dont on aurait aimé davantage de projection. Fort heureusement, Heidi Melton (Gertrude) comme Katharina Magiera (Hansel), imposent de truculentes interprétations, parfaitement soutenues par leurs voix aussi éclatantes que nuancées. Un régal à chaque apparition. Enfin, la Sorcière de Peter Marsh donne la aussi une interprétation sans faille, tout aussi impeccable dans les différentes outrances vocales habituelles pour ce rôle.
Directeur général de la musique de l’Opéra de Francfort depuis 2008, Sebastian Weigle surprend d’emblée par une direction assez lente, légère et transparente, qui lisse les arrêtes dans un legato olympien. Vivement applaudie à l’issue de la représentation, et ce bien davantage que les chanteurs, cette direction n’en oublie pas le théâtre pour autant, apportant de subtiles couleurs aux passages dansants des comptines enfantines. Si l’on peut préférer une baguette plus nerveuse, nul doute que Weigle séduira les tenants d’une direction qui respire, poétique et harmonieuse. Un spectacle chaleureusement recommandé pour cette fin d’année.
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