mardi 24 juillet 2018

« Kassya » de Léo Delibes - Michael Schønwandt - Festival de Montpellier - 21/07/2018


Fidèle à sa tradition d’exhumer des raretés lyriques chaque année à la même période (voir notamment les Königskinder de Humperdinck donnés en 2005 avec Jonas Kaufmann, La Esmeralda de Louise Bertin en 2008, Oresteïa de Xenakis en 2011 ou encore Siberia de Giordano l’an passé), le Festival de Radio France Occitanie Montpellier ressort des oubliettes le tout dernier ouvrage composé par Léo Delibes (1836-1891): Kassya. Resté en partie inachevé au niveau de l’orchestration, l’ouvrage a été terminé par Jules Massenet (qui a aussi transformé les dialogues parlés en récitatifs) afin de permettre une création posthume en 1893. Après seulement huit représentations, Kassya disparaît définitivement de l’affiche, plombé par les critiques sévères de la presse de l’époque.


Il est vrai que l’ouvrage comporte des pages à l’inspiration inégale, surtout dans une première partie sans consistance, avant de convaincre davantage par la suite autour de tableaux mieux variés dramatiquement. On pourra aussi critiquer la faiblesse du livret qui raconte l’amour irrésistible de Cyrille pour la bohémienne Kassya, tout en ignorant les sentiments de la fidèle Sonia. On croit peu aux différents revirements amoureux de Kassya, écartelée entre l’ivresse de son ascension sociale et son ambivalence pour Cyrille – sans parler du peu crédible retournement final. Comment, aussi, ne pas sourire devant la présentation caricaturale du peuple qui alterne entre balourdise, grivoiserie et violence? Ce parti pris incarné par un chœur très présent fait regretter que l’interprétation laisse à désirer, du fait d’une prononciation très approximative de la part des deux chœurs réunis pour l’occasion. Musicalement, Delibes ne fait pas preuve d’un don mélodique affirmé, hormis peut-être dans le chœur entêtant «Marchez, fauchez» au III ou dans les belles pages de ballet au IV: rien d’étonnant à cela quand on se souvient que Delibes dut ses plus grands succès, hormis son opéra Lakmé en 1883, aux ballets Coppélia (1870) et Sylvia (1876). Que de femmes dans les œuvres de Delibes...

Alexandre Duhamel (photo Raphaël Lugassy)

Si la caractérisation orientale de l’action, censée se passer dans les Balkans, apparaît réduite, il revient au personnage de la bohémienne Kassya de l’incarner en début d’ouvrage – ce que Véronique Gens (Kassya) ne réussit qu’imparfaitement, se réfugiant d’emblée dans les atours d’une comtesse outragée. On pourra aussi lui reprocher un manque de substance et de projection dans les récitatifs. En dehors de ces réserves, elle fait valoir ses phrasés harmonieux, ses trésors de nuances et sa parfaite diction. A ses côtés, Cyrille Dubois (Cyrille) n’est pas en reste dans la prononciation parfaite, autour d’un timbre clair et gracieux. Le ténor français est moins convaincant dans la fureur, mais assure globalement bien sa partie. A ses côtés, on notera l’irrésistible et truculente bohémienne de Nora Gubisch, tandis qu’Anne-Catherine Gillet compose une Sonia toute de fraîcheur, avec une projection idéale. On retient surtout son superbe air de l’hirondelle au III. La plus grande satisfaction vocale de la soirée revient cependant à Alexandre Duhamel (le comte de Zevale), impressionnant de présence et de puissance maîtrisée, grâce de superbes graves. Tous les seconds rôles se situent à la hauteur de l’événement, hormis le Kostska de Renaud Delaigue, à l’émission trop pâteuse.


Michael Schønwandt dirige tout son petit monde avec un bel enthousiasme, mouillant la chemise au sens propre comme au figuré: il donne à entendre le meilleur de l’Orchestre national Montpellier Occitanie face à un public certes moins nombreux que la veille mais visiblement conquis par les interprètes de cette recréation.

lundi 23 juillet 2018

Concert de l'Orchestre national de France - Emmanuel Krivine - Festival de Montpellier - 20/07/2018

Emmanuel Krivine

Il fallait certes tendre l’oreille pour entendre Emmanuel Krivine (71 ans), tourné vers le public à l’issue du concert, mais quel plaisir de se délecter de la malice du chef français, mi-sérieux, mi-goguenard, lorsqu’il remercie le public pour sa présence et son soutien au Festival de Radio France Occitanie Montpellier, y compris lorsque la programmation le conduit vers des «compositeurs aux noms aussi imprononçables que Schreker, Martucci ou Zemlinsky»! Est-ce là une allusion à la difficulté de consacrer un concert entier à George Gershwin (1898-1937), compositeur américain encore sous-estimé en France par les suiveurs de Pierre Boulez et bien au-delà? Quoi qu’il en soit, la notoriété de Gershwin suffit à faire de ce concert un événement donné à guichet fermé et retransmis en direct sur France Musique, débutant par le brio orchestral de l’Ouverture cubaine (1932).

Comme il est d’usage pour cette pièce, Krivine place à l’avant les quatre percussionnistes chargés de donner la couleur cubaine avec leurs instruments typiques (bongo, claves, gourdes et maracas), donnant ainsi une place prépondérante au coloris par rapport à la mélodie. Ce sera là une constante dans les autres pièces dévoilées tout au long de la soirée, avec une vision analytique dans les passages lents qui donne beaucoup de détails savoureux et inattendus, faisant ressortir les contrechants sur le même plan que la mélodie principale. Krivine a aussi tendance à accélérer les passages rapides, jouant ainsi sur le tempo en une lecture à rebours des interprétations traditionnelles. Un tel parti pris favorise les bons connaisseurs de Gershwin, tandis que le public profane sera un peu plus dérouté s’agissant des œuvres moins immédiatement accessibles, tel que le Concerto pour piano en fa (1925).

Louis Schwizgebel
Pour autant, Krivine impressionne par sa capacité à relancer le discours après ses incursions dans le détail – suivi en cela par un Orchestre national de France d’une discipline remarquable. Le chef français se permet aussi quelques effets de spatialisation avec la répartition des timbales et de la grosse caisse à l’un et l’autre bout de la scène, ceci pour offrir des effets de réponse en écho. Dommage que le piano un peu trop tendre du Suisse Louis Schwizgebel (30 ans) paraisse bien lisse en comparaison. C’est surtout audible dans les mouvements rapides, alors que les passages lents lui conviennent mieux grâce à son toucher félin et gracieux. De son côté, Krivine tourne Gershwin vers le raffinement orchestral de Ravel, allégeant les textures et faisant notablement ressortir le rôle des bois. A ce jeu-là, la musique de Gershwin apparaît plus moderne, ce qui est encore plus visible dans l’étirement de la mélodie irrésistible du tout début d’Un Américain à Paris (1928). Un même ralentissement est opéré avec la Rhapsody in Blue (1924), dont on doit l’orchestration jazzy à Ferde Grofé. Les cuivres se montrent volontiers narquois ici, même si la sonorité des klaxons joue peu des effets possibles de verticalité, ceci pour garder l’élan narratif global.

Visiblement ravi de sa présence à Montpellier, Krivine reprend la toute fin d’Un Américain à Paris en guise de bis. Maintenant que le verrou Gershwin a sauté, l’Orchestre national de France et son directeur musical oseront-ils ajouter à leur répertoire La Nuit des Mayas de Silvestre Revueltas (1899-1940) et son finale dantesque de percussions mexicaines?

mardi 17 juillet 2018

Concert du Philharmonique national de Russie - George Li - Festival de Colmar - 14/07/2018

George Li
Pour le concert de clôture du Festival international de Colmar, on retrouve Vladimir Spivakov et son bel orchestre, cette fois accompagné par le pianiste George Li (né en 1995). Une affiche excitante, tant le jeune prodige américain s’annonce déjà comme l’un des artistes à suivre: le Festival de Verbier ne s’y est pas trompé et l’accueille également la semaine prochaine autour d’une myriade d’autres talents. Spivakov poursuit quant à lui son exploration du catalogue de Rachmaninov, après le concert de la veille, celui de l’an passé consacré au Troisième Concerto ou encore celui de 2014 consacré à la Première symphonie.

Le concert débute avec deux œuvres de Rachmaninov, enchaînées sans pause en un rythme endiablé, où Li fait valoir son toucher agile et aérien par de tempi dantesques. On découvre là un Rachmaninov plus espiègle et facétieux que la veille, même si l’on pourra précisément reprocher à Li de minorer ces aspects au profit d’une lecture virtuose et limpide, sans trop d’aspérités. Il n’est pas aidé non plus par un Spivakov trop sonore dans les tutti et peu à l’aise pour lier les différents épisodes de ces œuvres composites. Les deux hommes se montrent plus à leur avantage dans l’éclat du Premier Concerto pour piano de Tchaïkovski, opposant la virtuosité des passages enflammés à la grâce fluide des parties apaisées: il faut voir Li rugir sur son piano pour mieux se modérer ensuite, en une parfaite maîtrise, y compris dans ses nombreuses prises de risque.


Le jeune étudiant à Harvard joue volontiers ici la carte du premier degré, enchaînant rapidement les trois mouvements sans pause sous l’œil complice de Spivakov. Il serait intéressant d’entendre Li dans les deux autres concertos pour piano de Tchaïkovski, plus apaisés et malheureusement beaucoup trop rares au concert. En attendant, Li nous régale en bis avec une transcription d’un extrait d’Orphée et Eurydice de Gluck, faisant valoir son toucher doux et subtil, en forme d’évidence.

lundi 16 juillet 2018

Concert du Philharmonique national de Russie - Evgeny Kissin - Festival de Colmar - 13/07/2018

Evgeny Kissin et Vladimir Spivakov
Depuis la disparition du Festival d’Annecy, il revient à Colmar de porter haut les couleurs musicales russes, chaque année au début du mois de juillet, et ce pendant dix jours. Pas moins de vingt-deux concerts sont proposés à différents horaires de la journée, alternant récital, musique de chambre et grand orchestre, autour d’une palette impressionnante d’artistes reconnus, de Martha Argerich à Mischa Maisky, sans parler de Grigory Sokolov ou Edgar Moreau. Pour sa trentième édition, le festival jadis dirigé par Evgeny Svetlanov rend cette fois hommage à l’ex-enfant prodige Evgeny Kissin, bien connu ici pour s’être produit à de nombreuses reprises, bénéficiant de sa proximité artistique avec l’actuel directeur musical, son compatriote Vladimir Spivakov. On se souvient ainsi des disques que les deux hommes avaient enregistré dans les années 1990 pour démontrer que Kissin avait une palette autrement plus étendue que celle du seul virtuose du piano.

Dans le même esprit, Kissin a souhaité insister, dans son autobiographie Avant tout envers toi-même sois loyal (Le Passeur, 2018), sur la diversité de ses passions en dehors de son activité de soliste, tout particulièrement la littérature, la poésie ou la composition (dont un quatuor créé en 2016). Une richesse intérieure volontiers en contradiction avec l’image d’un artiste toujours un peu raide au moment des saluts initiaux au public et heureusement plus détendu en fin de concert. Que dire, aussi, de ses rictus envahissants lorsqu’il aborde les difficultés du Deuxième Concerto (1901) de Rachmaninov? Quoi qu’il en soit, c’est bien le résultat sonore qui compte et l’ovation debout qui conclut le concert (le concerto ayant curieusement été interprété en seconde partie) démontre que le public ne lui tient aucunement rigueur de ces aspects mineurs.


On retrouve le goût de Kissin pour un brio sonore assez prosaïque dans les forte, en contraste avec des passages apaisés plus élaborés, à la limite du maniérisme. Kissin impressionne par son sens de l’architecture, où chaque note est tenue et déliée avec une maîtrise admirable. Il surprend aussi en de nombreux endroits par des fins de phrasé ralenties et mystérieuses, en des pianissimi de rêve: de quoi ajouter un soupçon de densité et de mystère à ce concerto bien connu des mélomanes. On retrouve la même vision artistique – accélération des passages rapides, ralentissement en contraste des parties apaisées – dans les deux bis accordés en fin de concert, un Prélude de Rachmaninov et la Valse opus 64 n° 1 de Chopin.


En première partie de soirée, les irrésistibles délices mélodiques de la Deuxième symphonie (1908) avaient agi sur un auditoire visiblement ravi. On pourra bien entendu reprocher à Vladmir Spivakov une vision trop uniforme qui met sur le même plan sonore l’ensemble des groupes d’instruments: toujours est-il que sa lecture probe donne beaucoup de tenue à cette superbe symphonie, avec le concours du son plein et généreux de l’Orchestre philharmonique national de Russie. Née en 2003 pour défendre le grand répertoire symphonique, cette formation affiche un métier sur, même si l’on pourra regretter que l’acoustique des lieux favorise par trop les cordes. A l’instar du concerto, Spivakov fuit l’émotion pour privilégier une lecture objective et péremptoire, marquée par le peu de tension à l’œuvre au début de la symphonie ou par la jubilation absente du Finale. C’est dans le troisième mouvement qu’il se montre le plus à son aise, autour de superbes pages sautillantes.

dimanche 15 juillet 2018

Ekaterina Kornishina, Edgar Moreau et Aurèle Marthan - Festival de Colmar - 13/07/2018

Edgar Moreau
Un seul être vous manque... et tout le programme est bouleversé: suite au retrait de Bruno Philippe, souffrant, le festival de Colmar a dû se démener pour pallier son absence. Avec Edgar Moreau (né en 1994), c’est un remplaçant de luxe que l’on entend à nouveau, un peu plus d’une semaine après son concert avec David Kadouch dans la petite salle du Koïfhus. On ne s’en plaindra évidemment pas, tant le son généreux de Moreau fait mouche à chaque intervention. Toujours est-il que son association initiale avec Aurèle Marthan (né en 1986) peine à convaincre, du fait d’options stylistiques opposées dans leur interprétation des Variations (1802) sur un duo de La Flûte enchantée de Mozart. Si Marthan se concentre sur une lecture narrative, Moreau lui préfère un sens des couleurs éloquent, mais parfois au détriment de la compréhension de l’architecture de l’œuvre. Les deux hommes ont ainsi du mal à lier les différentes parties à l’œuvre dans ces Variations, se montrant plus à l’aise dans le lyrisme des Fantasiestücke (1849) de Schumann. Moreau fait plus encore valoir l’épaisseur de ses graves, souvent mis en avant dans les verticalités, tandis que les passages apaisés, par contraste, laissent davantage de place à l’expression.
Ekaterina Kornishina et
Aurèle Marthan
La Sonate pour flûte et piano (1957) de Poulenc nous fait découvrir les attaques sûres de la flûtiste russe Ekaterina Kornishina, tout autant que sa capacité à se saisir de cette musique sautillante et piquante. Après un mouvement lent superbe, les deux interprètes se jouent des ruptures pour mieux reprendre la conduite du discours musical, même si l’on pourra regretter chez Kornishina un léger manque de substance dans la puissance des aigus. La Fantaisie (1898) de Fauré la montre plus à son aise dans la continuité mélodique fluide de cette œuvre, admirablement portée par ses sonorités aériennes et félines. Les trois comparses se joignent ensuite pour affronter les difficultés du Trio pour clarinette, violoncelle et piano (1798) de Beethoven, ici transcrit pour flûte. Après un début facétieux, on retient surtout la course poursuite haletante entonnée par les solistes qui s’affrontent avec brio. Au style plus analytique de Moreau s’oppose celui de Kornishina et Marthan, plus lyriques. Le piano se fait cristallin dans le mouvement lent, avec un sens de la respiration très à propos, avant de reprendre des forces dans un Finale plus virtuose.

mardi 10 juillet 2018

Concert du Choeur du Clare College de Cambridge - Festival d'Evron - 08/07/2018


Créé en 2003 pour mettre en valeur la superbe basilique d’Evron, le festival d’Arts sacrés se déroule chaque année au début du mois de juillet, sur une durée de six jours. Les quelques 7300 habitants de la quatrième ville du département de la Mayenne peuvent en effet s’enorgueillir de posséder l’une des plus belles églises de l’ouest de la France, entre Laval et Le Mans. L’homogénéisation de la couleur fauve due au granit local ne cache pas les différentes influences qui ont marqué la construction de l’édifice: du bâtiment roman initial subsiste notamment la massive tour défensive, tandis que la superbe extension gothique met en valeur les dix statues qui surmontent les chapiteaux des colonnes du chœur. On comprend dès lors pourquoi Evron a voulu faire connaître plus encore ce joyau qui sert aujourd’hui d’écrin aux concerts: dédié principalement à la musique vocale a capella, le répertoire du festival laisse aussi une place à l’orgue de la basilique (construit en 1666) ou encore à des ensembles pour voix et orchestre, tel que l’ensemble local Volubilis (habitué des lieux bien avant 2003).

Après avoir accueilli en ouverture de festival les fameux King’s Singers, c’est à nouveau à une formation issue de Cambridge que la direction du festival fait appel en la personne du Chœur du Clare College – l’un des 31 collèges qui composent la fameuse université britannique. Fondé en 1971, le chœur a acquis une réputation internationale lui permettant de réaliser de nombreuses tournées avec ses vingt-huit chanteurs, tous encore étudiants. Ce sont donc des visages juvéniles qui font peu à peu apparition sur scène lors du premier morceau, écrit par William Byrd: la déambulation à travers la basilique offre une spatialisation des voix toujours aussi bienvenue, tant les effets sonores ainsi obtenus mettent en valeur les qualités individuelles des chanteurs.


 
Et de qualités, ces jeunes têtes bien pleines ne manquent pas: outre l’évidente beauté des timbres, on décèle rapidement une discipline dans la mise en place seulement mise à mal dans les morceaux les plus difficiles de ce répertoire en majeure partie dévolu à la Renaissance anglaise, autour des grands William Byrd et Thomas Tallis, ainsi que de leurs contemporains Robert Parsons, William Mundy et Christopher Tye. On retient surtout l’envoûtante pièce de Tallis, Loquebantur variis linguis, où les interprètes se répartissent à nouveau dans la basilique en alternant les solos avec le soutien en sourdine de leurs collègues. Le répertoire baroque est également illustré par des pièces de Palestrina et Schütz, puis offre une place en milieu de concert aux romantiques bien connus que sont Bruckner et Rachmaninov: on découvre là un chœur plus à l’aise dans l’emphase homophone de ces deux géants, l’Autrichien imposant la concentration par le mystère de ses nombreux silences, tandis que Rachmaninov joue davantage sur les oppositions spectaculaires entre piano et forte.


Mais c’est peut-être plus encore dans le répertoire contemporain que les jeunes étudiants du Clare College se distinguent. Outre les ambiances hypnotiques d’Arvo Pärt (né en 1935), on retient les modulations orientalisantes de John Tavener (1944-2013) et ses contrastes aigu/grave rappelant certains passages de Carmina Burana. A l’oubliable Come, Holy Ghost de Jonathan Harvey (1939-2012) succède en fin de concert l’inégal et bavard Miserere de James MacMillan (né en 1959), qui surprend tout d’abord par son ton passéiste avant d’emprunter quelques dissonances savamment distillées, là aussi mises en valeur par la répartition spatialisée des artistes. Vivement applaudis, les jeunes chanteurs repartent sans même accorder un bis: il est vrai qu’un autobus stationne déjà au dehors pour les aider à filer à Roissy et rejoindre Malte. La tournée européenne de ces jeunes pousses n’attend pas!