lundi 8 juin 2020

Oeuvres de chambre de Chostakovitch, Afanassiev et Glière - Octuor à cordes Oberton - Disque ARS Produktion


Voilà une bien belle idée que de s’intéresser au répertoire de l’octuor, souvent investi par la réunion de deux ensembles de quatuor, et non pas un ensemble dédié comme ici avec les Oberton. Formé en 2015 à Graz par de jeunes musiciens âgés de 23 à 27 ans, cet ensemble surprend dès son premier disque par le choix d’un programme ambitieux. Les Deux pièces (1925) de Chostakovitch mettent ainsi en avant toute la force de caractère et l’esprit caustique de l’apprenti compositeur alors étudiant au Conservatoire, un an seulement avant la création de sa Première Symphonie. Là où la version plus ancienne (1964) des quatuors Borodine et Prokofiev jouait davantage la carte des individualités exacerbées, celle des Oberton affiche une belle homogénéité, et ce malgré quelques flottements par endroit, notamment au niveau des violoncelles. Les mouvements enflammés se montrent ainsi les plus aboutis du disque.

On retrouve une concentration au service de la narration dans le Double Quatuor (1872) de Nicolas Afanassiev (1821-1898), dont le dernier mouvement apparaît le plus réussi au niveau mélodique. Considéré comme l’un des pères de la musique de chambre en Russie, ce violoniste virtuose, tout à la fois pianiste et chef d’orchestre, reste peu connu en dehors de son pays. Avec un style proche du classicisme lumineux de Mendelssohn, Afanassiev a bénéficié de ses tournées dans toute la Russie, insérant plusieurs musiques populaires dans ses ouvrages, dont le Quatuor «Volga» (1860). En cela, il ne doit pas être confondu avec son contemporain Alexander Afanassiev (1826-1871), auteur de contes folkloriques qui ont inspiré Rimski-Korsakov, Prokofiev ou Stravinski.

Avec l’Octuor (1900) de Reinhold Glière (1874-1956), on a le retour à un ouvrage de jeunesse qui reste classique de facture, bien loin de la spectaculaire Troisième Symphonie (1912). Le langage lyrique, à la clarté toute brahmsienne, est bien rendu par les Oberton, toujours meilleurs dans le tranchant et les verticalités (superbe finale, sommet du disque), contrairement aux passages apaisés, où l’effort technique est plus audible. C’est en ce dernier domaine que la jeune formation a encore à travailler pour nous convaincre pleinement.

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