Déjà présent l’an passé autour d’un original programme réunissant les Magnificat
de Bach et Pärt, le jeune chef et claveciniste Simon-Pierre Bestion
fait son retour au festival Sinfonia en Périgord cet été. De pas moins
de deux heures sans entracte, ce spectacle total réunit musiques baroque
et contemporaine, tout en associant danse et théâtre autour d’un projet
longuement et patiemment élaboré à l’abbaye de Royaumont. Créé au
Collège des Bernardins en mai dernier, dans la foulée de la parution du
disque édité chez Alpha, «The Tempest» est un opéra-oratorio
atypique, projet un peu fou inspiré de la célèbre et emblématique pièce
de Shakespeare. Créée en début d’année, la compagnie La Tempête, qui
regroupe désormais le Chœur Luce del Canto et l’ensemble Europa Barocca,
porte ce spectacle de lieu en lieu depuis la création parisienne, le
faisant évoluer au gré de l’expérience et des retours. Si l’ordre des
pièces a été légèrement revu, on notera surtout le remplacement des
danseurs par le chœur, qui officie désormais doublement en mettant à
profit la formation chorégraphique reçue depuis mai.
Le début du spectacle marque d’emblée les esprits par l’entrée fascinante des chanteurs. Réparties dans la double coupole romane de l’église et ancienne cathédrale Saint-Etienne-de-la-Cité, les voix s’échappent de la pénombre autour d’effets qui jouent sur une spatialité magnifiée par une résonnance particulièrement envoûtante. La concentration extrême obtenue autour des interprètes étonne pendant tout le concert, l’auditoire apparaissant véritablement saisi par les variations d’atmosphère finement étagées par Simon-Pierre Bestion. Seules les réminiscences de la pièce incarnées par une voix off un peu terne déçoivent quelque peu. Tout le reste n’est que ravissement. Ainsi des danses qui ne prennent jamais trop de place, réussissant particulièrement les mouvements de la troupe au complet ou les soubresauts nerveux en rafale. On se délecte aussi du jeune interprète de Caliban, excellent danseur solo rapidement soulevé par une foule comme ivre de sa puissance lors d’une scène marquante du spectacle.
Outre ces aspects visuels très réussis, Simon-Pierre Bestion sait faire partager son amour pour des musiques très différentes, osant porter haut celle de Frank Martin, exigeante et difficile d’accès avec ses nombreuses dissonances. Son idée de séparer les deux chœurs masculin et féminin apparaît ainsi décisive pour bien faire ressortir la complexité de l’architecture musicale du compositeur suisse. On note là encore un jeu sur la spatialité, dont seul le placement en hauteur de l’orchestre dessert quelque peu les violons, peu audibles. Mais ce n’est là qu’un détail tant les instrumentistes n’hésitent pas à investir la scène principale, proposant notamment un superbe et émouvant Pour un rituel imaginaire de Thierry Pécou, pièce qui évoque les musiques aborigènes et indiennes mêlées. Bestion n’en oublie pas pour autant le baroque autour de nombreux extraits de La Tempête de Matthew Locke (1621-1677), merveilleusement rendus par un orchestre globalement très bon.
Le concert se termine en arche avec le retour des chanteurs parmi le public pour interpréter Purcell: nouveau moment d’émotion pour ce spectacle à nul autre pareil, conclu par une standing ovation méritée. Une production à retrouver à Saint-Omer le 10 octobre prochain, vivement conseillée!
Le début du spectacle marque d’emblée les esprits par l’entrée fascinante des chanteurs. Réparties dans la double coupole romane de l’église et ancienne cathédrale Saint-Etienne-de-la-Cité, les voix s’échappent de la pénombre autour d’effets qui jouent sur une spatialité magnifiée par une résonnance particulièrement envoûtante. La concentration extrême obtenue autour des interprètes étonne pendant tout le concert, l’auditoire apparaissant véritablement saisi par les variations d’atmosphère finement étagées par Simon-Pierre Bestion. Seules les réminiscences de la pièce incarnées par une voix off un peu terne déçoivent quelque peu. Tout le reste n’est que ravissement. Ainsi des danses qui ne prennent jamais trop de place, réussissant particulièrement les mouvements de la troupe au complet ou les soubresauts nerveux en rafale. On se délecte aussi du jeune interprète de Caliban, excellent danseur solo rapidement soulevé par une foule comme ivre de sa puissance lors d’une scène marquante du spectacle.
Outre ces aspects visuels très réussis, Simon-Pierre Bestion sait faire partager son amour pour des musiques très différentes, osant porter haut celle de Frank Martin, exigeante et difficile d’accès avec ses nombreuses dissonances. Son idée de séparer les deux chœurs masculin et féminin apparaît ainsi décisive pour bien faire ressortir la complexité de l’architecture musicale du compositeur suisse. On note là encore un jeu sur la spatialité, dont seul le placement en hauteur de l’orchestre dessert quelque peu les violons, peu audibles. Mais ce n’est là qu’un détail tant les instrumentistes n’hésitent pas à investir la scène principale, proposant notamment un superbe et émouvant Pour un rituel imaginaire de Thierry Pécou, pièce qui évoque les musiques aborigènes et indiennes mêlées. Bestion n’en oublie pas pour autant le baroque autour de nombreux extraits de La Tempête de Matthew Locke (1621-1677), merveilleusement rendus par un orchestre globalement très bon.
Le concert se termine en arche avec le retour des chanteurs parmi le public pour interpréter Purcell: nouveau moment d’émotion pour ce spectacle à nul autre pareil, conclu par une standing ovation méritée. Une production à retrouver à Saint-Omer le 10 octobre prochain, vivement conseillée!
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