Karen Gomyo |
On se souvient encore de la remarquable venue de Jakub Hrůsa à Paris l’an passé,
à la tête du Philarmonique de Radio France dans un programme aussi
original que passionnant. Le jeune chef de 36 ans récidive en ce
printemps en réunissant trois œuvres majeures de la première moitié du
XXe siècle, dont la plus célèbre conclut fort justement le concert par
une emphase éclatante en ut majeur: on connaît bien le Poème de l’extase
et ses volutes impressionnistes associées à la mélodie entêtante
ressassée par la trompette solo, quasi concertante ici. Avec ses
attaques équilibrées et son sens du legato, Hrůsa choisit d’en rester à
une certaine mesure dans la progression irrépressible vers l’extase
finale, au détriment de l’excitation et de l’étreinte que d’autres
versions au disque (Maazel notamment), par les couleurs et les
contrastes, ont choisie d’exalter. C’est donc une vision plutôt sage qui
se conclut par la présence inhabituellement imposante du carillon
tubulaire (ou cloche d’orchestre) en fin de partition. L’effet ainsi
produit déséquilibre l’ensemble, et ce d’autant plus que le malheureux
percussionniste à l’œuvre hier soir rate le silence qui suit en faisant
très légèrement résonner son instrument.
On avait déjà pu constater, dans Le Mandarin merveilleux de Bartók donné en début de soirée, le goût de Hrůsa pour une mise en place impeccable au service de phrasés étirés en une lenteur ensorcelante, construisant des climats indépendants au détriment, malheureusement, de l’architecture d’ensemble. L’aspect fragmentaire de cette œuvre exigeante ressort plus encore ici, n’aidant pas le novice à en percer les mystères nombreux, basés sur une expression et un chatoiement des timbres si audacieux en 1919, année de la composition de ce ballet.
La soirée trouve heureusement son point d’orgue avec les débuts parisiens de la jeune violoniste canadienne Karen Gomyo (née en 1982), véritable phénomène à réinviter au plus vite tant le son chaud et généreux de son instrument emporte rapidement l’adhésion. Le rare Concerto pour violon de Britten trouve la une interprète pleinement investie, au son pur et profond, dont on pourra seulement reprocher, mais ça n’est là qu’un infime bémol, un manque de substance dans les accélérations. Le Concerto comporte peu, cependant, de passages verticaux et nerveux, pour mieux privilégier l’enchevêtrement imaginatif des timbres du formidable orchestrateur qu’est Britten. On s’en réjouira d’autant plus que l’acoustique intime de l’auditorium de la Maison de la radio rend justice à toutes les subtilités ici à l’œuvre – là où la salle Pleyel, hélas, n’avait pu faire de même avec Janine Jansen en 2011.
En bis, la Canadienne se montre un rien moins investie dans Tango Etude n° 4 d’Astor Piazzolla, un de ses compositeurs de prédilection. C’est d’autant plus regrettable que l’on aura évité, une fois n’est pas coutume, les sempiternels bis pour violon consacrés à Bach.
On avait déjà pu constater, dans Le Mandarin merveilleux de Bartók donné en début de soirée, le goût de Hrůsa pour une mise en place impeccable au service de phrasés étirés en une lenteur ensorcelante, construisant des climats indépendants au détriment, malheureusement, de l’architecture d’ensemble. L’aspect fragmentaire de cette œuvre exigeante ressort plus encore ici, n’aidant pas le novice à en percer les mystères nombreux, basés sur une expression et un chatoiement des timbres si audacieux en 1919, année de la composition de ce ballet.
La soirée trouve heureusement son point d’orgue avec les débuts parisiens de la jeune violoniste canadienne Karen Gomyo (née en 1982), véritable phénomène à réinviter au plus vite tant le son chaud et généreux de son instrument emporte rapidement l’adhésion. Le rare Concerto pour violon de Britten trouve la une interprète pleinement investie, au son pur et profond, dont on pourra seulement reprocher, mais ça n’est là qu’un infime bémol, un manque de substance dans les accélérations. Le Concerto comporte peu, cependant, de passages verticaux et nerveux, pour mieux privilégier l’enchevêtrement imaginatif des timbres du formidable orchestrateur qu’est Britten. On s’en réjouira d’autant plus que l’acoustique intime de l’auditorium de la Maison de la radio rend justice à toutes les subtilités ici à l’œuvre – là où la salle Pleyel, hélas, n’avait pu faire de même avec Janine Jansen en 2011.
En bis, la Canadienne se montre un rien moins investie dans Tango Etude n° 4 d’Astor Piazzolla, un de ses compositeurs de prédilection. C’est d’autant plus regrettable que l’on aura évité, une fois n’est pas coutume, les sempiternels bis pour violon consacrés à Bach.
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