Philippe Herreweghe |
Après les festivités baroques données le même jour,
place aux jeunes avec un premier concert en fin d’après-midi dédié au
Jeune Orchestre de l’Abbaye (anciennement Jeune Orchestre Atlantique),
créé en 1996 sous l’impulsion de Philippe Herreweghe. Composé
essentiellement d’étudiants internationaux âgés de 20 à 27 ans, cet
orchestre a pour objectif de valoriser la pratique sur instruments
d’époque autour d’un répertoire qui s’étend jusqu’aux premières années
du XXe siècle. C’est là l’un des paris qu’Herreweghe assume depuis
longtemps avec son Orchestre des Champs-Elysées, auquel s’adjoignent
parfois quelques membres issus du Jeune Orchestre, comme notamment l’an passé.
Le programme, entièrement dédié à Tchaïkovski, s’intéresse tout d’abord aux délicieux extraits symphoniques du ballet Casse-Noisette (1892) et donne l’occasion à nos jeunes pousses de se distinguer dans ces miniatures qui font la part belle aux vents, déjà très aguerris ici. Le tempo vif imposé par Herreweghe évacue tout vibrato et tout sentimentalisme pour privilégier une lecture objective mais non dénuée de détails et d’attention aux nuances. On retiendra surtout le superbe solo à la harpe de la Valse des fleurs, donnée à nouveau en bis, où la jeune interprète se permet de gagner en expressivité en ralentissant sensiblement le tempo imposé en introduction par Herreweghe. Plus difficile, la Deuxième Symphonie (1872) laisse entrevoir quelques limites dans la précision des attaques ou la cohésion des pupitres de cordes, tout en faisant valoir à nouveau de belles qualités individuelles, aussi bien au passage introductif du premier cor que par la suite dans les différentes interventions des clarinettes. Si les deux premiers mouvements apparaissent bien maîtrisés, Herreweghe met quelque peu à mal ses troupes dans les deux suivants par des tempi soutenus. Les jeunes interprètes ne semblent pas lui en tenir rigueur en conservant une bonne humeur communicative où nombreux sont les musiciens à incliner la tête au rythme des irrésistibles mélodies de Tchaïkovski: une fraîcheur bienvenue, à l’instar des traits d’humour du chef, dans un univers classique parfois trop formaté.
Le programme, entièrement dédié à Tchaïkovski, s’intéresse tout d’abord aux délicieux extraits symphoniques du ballet Casse-Noisette (1892) et donne l’occasion à nos jeunes pousses de se distinguer dans ces miniatures qui font la part belle aux vents, déjà très aguerris ici. Le tempo vif imposé par Herreweghe évacue tout vibrato et tout sentimentalisme pour privilégier une lecture objective mais non dénuée de détails et d’attention aux nuances. On retiendra surtout le superbe solo à la harpe de la Valse des fleurs, donnée à nouveau en bis, où la jeune interprète se permet de gagner en expressivité en ralentissant sensiblement le tempo imposé en introduction par Herreweghe. Plus difficile, la Deuxième Symphonie (1872) laisse entrevoir quelques limites dans la précision des attaques ou la cohésion des pupitres de cordes, tout en faisant valoir à nouveau de belles qualités individuelles, aussi bien au passage introductif du premier cor que par la suite dans les différentes interventions des clarinettes. Si les deux premiers mouvements apparaissent bien maîtrisés, Herreweghe met quelque peu à mal ses troupes dans les deux suivants par des tempi soutenus. Les jeunes interprètes ne semblent pas lui en tenir rigueur en conservant une bonne humeur communicative où nombreux sont les musiciens à incliner la tête au rythme des irrésistibles mélodies de Tchaïkovski: une fraîcheur bienvenue, à l’instar des traits d’humour du chef, dans un univers classique parfois trop formaté.
Quatuor Arod |
La fin de soirée fait place au jeune Quatuor Arod, une formation créée
voilà quatre ans seulement et promise à un brillant avenir après son
prix remporté au concours ARD de Munich l’an passé – un prix également
obtenu en 2004 par le Quatuor Ebène. Le nombre de concerts prévus
jusqu’à l’automne en de nombreux lieux prestigieux, en France et en
Allemagne principalement, donne une idée de la qualité déjà reconnue à
ses jeunes interprètes tous âgés d’une vingtaine d’années. Le copieux
programme, commencé avec une demi-heure de retard – un des points
faibles notables de l’organisation (aucun des concerts du jour n’a pu
commencer à l’heure prévue) – permet de découvrir le visage heureux et
espiègle de Haydn, dans le très beau Quatuor opus 33 n° 2 (1781).
Le Quatuor Arod s’empare de cette œuvre avec beaucoup d’esprit,
révélant des détails piquants et savoureux pour mieux briller dans les
passages enlevés, sans qu’on ne soit jamais en mesure de deviner où les
interprètes nous conduisent. C’est là l’atout principal de cette lecture
très personnelle qui convient comme un gant à ce petit bijou de malice.
Le Huitième Quatuor (1806) de Beethoven poursuit ce mélange de sensibilité et de tranchant qui ose une fougue bienvenue en maints endroits, surtout incarnée par l’excellent premier violon, Jordan Victoria. Remarquables de précision, les interprètes soignent aussi grandement les transitions, relançant sans cesse leurs discours malgré les détails révélés. On n’en dira pas autant, malheureusement, du Quatrième Quatuor (1838) de Mendelssohn, à l’interprétation beaucoup plus brouillonne en comparaison. Le jeune quatuor montre ici sans doute un peu de fatigue en fin de soirée, oubliant la vision d’ensemble et la lumineuse clarté de cette œuvre, parmi les plus accomplies de son auteur. En bis, les douleurs de l’Adagio du Septième Quatuor (1847) conviennent mieux à nos quatre interprètes, vivement applaudis à l’issue du concert. De quoi nous rassurer dans la perspective du tout premier disque du Quatuor Arod, annoncé à l’automne, dans un programme entièrement consacré à Mendelssohn.
Le Huitième Quatuor (1806) de Beethoven poursuit ce mélange de sensibilité et de tranchant qui ose une fougue bienvenue en maints endroits, surtout incarnée par l’excellent premier violon, Jordan Victoria. Remarquables de précision, les interprètes soignent aussi grandement les transitions, relançant sans cesse leurs discours malgré les détails révélés. On n’en dira pas autant, malheureusement, du Quatrième Quatuor (1838) de Mendelssohn, à l’interprétation beaucoup plus brouillonne en comparaison. Le jeune quatuor montre ici sans doute un peu de fatigue en fin de soirée, oubliant la vision d’ensemble et la lumineuse clarté de cette œuvre, parmi les plus accomplies de son auteur. En bis, les douleurs de l’Adagio du Septième Quatuor (1847) conviennent mieux à nos quatre interprètes, vivement applaudis à l’issue du concert. De quoi nous rassurer dans la perspective du tout premier disque du Quatuor Arod, annoncé à l’automne, dans un programme entièrement consacré à Mendelssohn.
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