Quel bonheur, après la franche déception du Philémon et Baucis donné en janvier dernier
à Tours, de retrouver une pépite du répertoire lyrique montée avec
autant de talents réunis! C’est le savoir-faire théâtral du metteur en
scène Jacques Vincey qui nous a convaincu d’assister à ses débuts
lyriques et découvrir un Songe d’une nuit d’été autre que celui, légendaire, de Robert Carsen (voir encore récemment au cinéma en 2016).
L’actuel directeur du Théâtre Olympia - Centre dramatique national de
Tours, proche voisin du Grand-Théâtre, s’illustre en effet depuis
plusieurs années dans son domaine avec bonheur: on se souvient notamment
de la splendide production de La Vie est un songe de Calderón
montée en 2013. Astucieusement, Jacques Vincey a choisi un ouvrage à
mi-chemin entre l’opéra et le théâtre, dont on notera de surcroit
l’adaptation très fidèle à l’original shakespearien réalisée par Britten
et son compagnon Peter Pears.
On retrouve le goût de Vincey, ancien comédien qui a travaillé avec les plus grands (Chéreau, Bondy, Engel, Pelly, etc.), pour une scénographie épurée mettant en valeur le jeu des interprètes avec une précision millimétrée. La remarquable direction d’acteur s’attache à caractériser les trois groupes d’interprètes ici réunis: ainsi des elfes et des fées dont les postures rigides et l’accoutrement (notamment les perruques blondes des bambins façon Village des damnés) nous ramènent aux films fantastiques des années 1960. Lors des interludes, l’ajout des errances d’un jeune garçon rouquin et joufflu renforce l’atmosphère étrange et onirique, tout en offrant un clin d’œil à ce monde de l’enfance chéri par Britten tout au long de sa carrière. En phase avec les sortilèges et les facéties de Puck, le quatuor d’amoureux grimés en bourgeois de bonne famille semble perdu et en décalage constant avec le décor minéral, aux couleurs de lave admirablement variées par les éclairages. Enfin, les interprètes burlesques de Pyrame et Thisbé apparaissent dans des habits contemporains de tous les jours, cheap et farfelus, renforçant leur naïveté et leur inconscience de classe. Les éléments comiques attendus sont bien là, mais Vincey ne force jamais le trait et semble s’intéresser davantage au parcours initiatique de ses personnages.
On retrouve le goût de Vincey, ancien comédien qui a travaillé avec les plus grands (Chéreau, Bondy, Engel, Pelly, etc.), pour une scénographie épurée mettant en valeur le jeu des interprètes avec une précision millimétrée. La remarquable direction d’acteur s’attache à caractériser les trois groupes d’interprètes ici réunis: ainsi des elfes et des fées dont les postures rigides et l’accoutrement (notamment les perruques blondes des bambins façon Village des damnés) nous ramènent aux films fantastiques des années 1960. Lors des interludes, l’ajout des errances d’un jeune garçon rouquin et joufflu renforce l’atmosphère étrange et onirique, tout en offrant un clin d’œil à ce monde de l’enfance chéri par Britten tout au long de sa carrière. En phase avec les sortilèges et les facéties de Puck, le quatuor d’amoureux grimés en bourgeois de bonne famille semble perdu et en décalage constant avec le décor minéral, aux couleurs de lave admirablement variées par les éclairages. Enfin, les interprètes burlesques de Pyrame et Thisbé apparaissent dans des habits contemporains de tous les jours, cheap et farfelus, renforçant leur naïveté et leur inconscience de classe. Les éléments comiques attendus sont bien là, mais Vincey ne force jamais le trait et semble s’intéresser davantage au parcours initiatique de ses personnages.
On retrouve avec grande satisfaction le contre-ténor Dmitry Egorov, découvert récemment à Francfort dans une soirée mettant en avant répertoires baroque et contemporain. La souplesse des transitions de registre, la puissance toujours maîtrisée ou encore l’intelligence des phrasés, ravissent tout autant dans ce rôle d’Obéron qui lui va comme un gant. A ses côtés, Marie-Bénédicte Souquet (Tytania) est plus en retrait avec un timbre qui manque souvent de substance, tandis que le Puck de Yuming Hey se distingue dans sa gestuelle sans pour autant convaincre au niveau vocal, du fait d’une projection insuffisante. Le public, venu en nombre et manifestement plus jeune qu’à l’accoutumée, lui réserve pourtant une belle ovation, tout comme au remarquable quatuor d’amoureux. On notera ainsi la capacité du Grand-Théâtre de Tours à réunir une distribution homogène, dont se détachent les admirables Deborah Cachet (Helena) et Peter Kirk (Lysander). De même, parmi les rôles comiques, on mentionnera le superlatif Marc Scoffoni en Bottom et le drôlissime Snout de Raphaël Jardin.
Comment, aussi, ne pas encenser la direction admirable de Benjamin Pionnier, l’actuel directeur du Grand-Théâtre de Tours? Le tempo étonnamment retenu dans les passages subtils apporte une aura de mystère et de poésie, développant une myriade de couleurs bienvenues. L’ancien assistant de James Levine n’en oublie pas les ruptures franches, toujours en place. Seul le chœur d’enfants, globalement très bon, occasionne quelques brefs décalages dont on ne s’offusquera pas.
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