Il faut courir découvrir ou redécouvrir le superbe Roméo et Juliette déjà donné à Paris en 2007 et 2012
avec la chorégraphie de Sasha Waltz. La chorégraphe allemande a eu la
bonne idée de remettre au goût du jour cet ouvrage hybride de Berlioz,
créé en 1839 avec grand succès. Cette «symphonie dramatique» donne la
place prépondérante à l’orchestre, seul ou accompagné par le chœur, tout
en offrant trois superbes et brefs solos – en dehors de celui dévolu à
la basse en fin d’ouvrage. L’idée d’y adjoindre un ballet fonctionne
idéalement, tant la variété des climats imaginés par Berlioz séduit tout
du long, tout comme la recherche constante de formes nouvelles qui
annoncent déjà Wagner (longs motifs sinueux aux cordes dans les
premières mesures de «Roméo seul», en deuxième partie) ou encore...
Tchaïkovski (délicieux et sautillant scherzo «La Reine Mab», en
quatrième partie).
Sasha Waltz se plie aux moindres inflexions musicales dont elle respecte l’esprit, ceci afin de toujours se retrouver au plus près de l’action. Ainsi dès la scène d’ouverture où le ballet virevoltant des danseurs qui courent d’un bout à l’autre du plateau, avec une grâce légère, épouse la musique de Berlioz dans ses moindres détails. C’est d’autant plus remarquable que le choix d’une scénographie minimaliste, assez austère en levée de rideau, place la barre haut pour imager les différents tableaux de cette histoire – heureusement bien connue. L’attention portée aux éclairages (quelle variété! quelle poésie dans la pénombre!) ainsi qu’aux costumes diaphanes en tissus fins et gracieux, donne une cohérence soutenue tout au long du spectacle, tout en conservant l’exigence des ces tons noir et blanc, parfois teintés de gris et ors. Une performance visuelle à souligner.
Les motifs chorégraphiques imaginés par Sasha Waltz privilégient la souplesse et la fluidité, avec de nombreux portés très imaginatifs. Il se passe sans cesse quelque chose sur le plateau, en donnant toujours l’impression d’un spectacle à mi-chemin entre ballet classique et moderne. De ce compromis ressortent quelques scènes très fortes telles que la rencontre entre les deux amoureux tragiques, d’une pudeur et d’une sensibilité éloquente à l’instar de ces premiers pas en miroir. Comment ne pas aussi saluer l’ajout de ce passage sans musique où Roméo danse seul pour figurer toute sa solitude et sa détresse, peu avant la découverte de son fatal destin? On soulignera le choix admirable de Ludmila Pagliero (Juliette) et Germain Louvet (Roméo), tous deux superbes de grâce et de poésie. Le double dansant du Père Laurence, interprété par Alessio Carbone, séduit tout autant.
Par rapport à la production de 2012, on retrouve la plupart des interprètes du plateau vocal, à l’exception de Julie Boulianne qui remplace Stéphanie d’Oustrac. On se délecte du timbre de velours de la mezzo québécoise, à la diction admirable de souplesse dans les transitions de registre. Dommage que l’accompagnement de Vello Pähn soit ici trop doucereux, en une tendance globale à accentuer les contrastes (ralentissement des tempi dans les passages lents, accélérations dans les verticaux). Pourtant, on s’habitue au fil de la représentation à ce geste vivant et toujours attentif à ses musiciens. Outre le superlatif Yann Beuron dans sa brève intervention, il faut souligner le bouleversant Nicolas Cavallier en fin de représentation, très attentif au texte. C’est d’autant plus louable que l’Opéra de Paris n’a pas jugé utile d’ajouter des surtitres en français ou en anglais. Cela aurait au moins été nécessaire s’agissant du Chœur de l’Opéra national de Paris, dont on ne comprend toujours pas comment la prononciation du français peut être aussi imparfaite. Au niveau purement vocal, sa prestation est plus convaincante, ce que salue le public manifestement enthousiaste en fin de représentation.
Sasha Waltz se plie aux moindres inflexions musicales dont elle respecte l’esprit, ceci afin de toujours se retrouver au plus près de l’action. Ainsi dès la scène d’ouverture où le ballet virevoltant des danseurs qui courent d’un bout à l’autre du plateau, avec une grâce légère, épouse la musique de Berlioz dans ses moindres détails. C’est d’autant plus remarquable que le choix d’une scénographie minimaliste, assez austère en levée de rideau, place la barre haut pour imager les différents tableaux de cette histoire – heureusement bien connue. L’attention portée aux éclairages (quelle variété! quelle poésie dans la pénombre!) ainsi qu’aux costumes diaphanes en tissus fins et gracieux, donne une cohérence soutenue tout au long du spectacle, tout en conservant l’exigence des ces tons noir et blanc, parfois teintés de gris et ors. Une performance visuelle à souligner.
Les motifs chorégraphiques imaginés par Sasha Waltz privilégient la souplesse et la fluidité, avec de nombreux portés très imaginatifs. Il se passe sans cesse quelque chose sur le plateau, en donnant toujours l’impression d’un spectacle à mi-chemin entre ballet classique et moderne. De ce compromis ressortent quelques scènes très fortes telles que la rencontre entre les deux amoureux tragiques, d’une pudeur et d’une sensibilité éloquente à l’instar de ces premiers pas en miroir. Comment ne pas aussi saluer l’ajout de ce passage sans musique où Roméo danse seul pour figurer toute sa solitude et sa détresse, peu avant la découverte de son fatal destin? On soulignera le choix admirable de Ludmila Pagliero (Juliette) et Germain Louvet (Roméo), tous deux superbes de grâce et de poésie. Le double dansant du Père Laurence, interprété par Alessio Carbone, séduit tout autant.
Par rapport à la production de 2012, on retrouve la plupart des interprètes du plateau vocal, à l’exception de Julie Boulianne qui remplace Stéphanie d’Oustrac. On se délecte du timbre de velours de la mezzo québécoise, à la diction admirable de souplesse dans les transitions de registre. Dommage que l’accompagnement de Vello Pähn soit ici trop doucereux, en une tendance globale à accentuer les contrastes (ralentissement des tempi dans les passages lents, accélérations dans les verticaux). Pourtant, on s’habitue au fil de la représentation à ce geste vivant et toujours attentif à ses musiciens. Outre le superlatif Yann Beuron dans sa brève intervention, il faut souligner le bouleversant Nicolas Cavallier en fin de représentation, très attentif au texte. C’est d’autant plus louable que l’Opéra de Paris n’a pas jugé utile d’ajouter des surtitres en français ou en anglais. Cela aurait au moins été nécessaire s’agissant du Chœur de l’Opéra national de Paris, dont on ne comprend toujours pas comment la prononciation du français peut être aussi imparfaite. Au niveau purement vocal, sa prestation est plus convaincante, ce que salue le public manifestement enthousiaste en fin de représentation.
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