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| Weißenfels | 
“C’est un concert de la chaussure ?”
 commente malicieusement un touriste anglais en visitant le musée de la 
chaussure de Weißenfels, quelques minutes avant d’assister au concert 
donné dans la chapelle du Château. Un trait d’humour à même d’animer la 
visite d’un musée aux murs décrépis, dont la richesse et la diversité 
des collections, tournées vers le monde, doivent toutefois inciter à 
dépasser ce premier regard défavorable. Cette collection passionnante 
rappelle les grandes heures industrielles de la ville de Weißenfels, 
située à mi chemin entre Weimar et Leipzig (à environ trente minutes en 
car de cette dernière). La visite de la cité nichée en contrebas
 du Château nous rappelle combien l’ex-Allemagne de l’Est, au-delà des 
grandes villes d’ores et déjà en grande partie rénovées, n’a pas encore 
effacé tous les stigmates de la désindustrialisation : la fuite de 
nombreux habitants explique pourquoi autant de maisons délabrées et de 
commerces fermés donnent une triste mine au centre-ville. En grande 
partie épargnée par les bombardements de la Deuxième guerre mondiale, 
Weißenfels possède pourtant un potentiel touristique qui devrait l’aider
 à accélérer sa rénovation : le présent concert contribue à cette 
revitalisation, ce dont on ne peut que se féliciter.
Le concert se situe dans le cadre du cycle des seize “cantates de Weimar”, donné en quatre concerts par la Bachfest
 avec des formations variées, qui permet de s’intéresser à 
Jean-Sébastien Bach (1685-1750) en tant que compositeur de cour. Bach 
fut notamment organiste et premier violon pour le duc de Saxe-Weimar de 
1708 à 1717, tout en gardant ensuite de bonnes relations avec lui. 
L’Allemagne, alors émiettée en une multitude de royaumes, duchés ou 
principautés, voit en effet ces différentes cours se disputer les 
faveurs des plus grands compositeurs : le rayonnement artistique de 
cette riche période n’a de cesse de fasciner encore aujourd’hui.
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| Philippe Pierlot | 
Le concert se situe dans le cadre du cycle des seize “cantates de Weimar”, donné en quatre concerts par la Bachfest
 avec des formations variées, qui permet de s’intéresser à 
Jean-Sébastien Bach (1685-1750) en tant que compositeur de cour. Bach 
fut notamment organiste et premier violon pour le duc de Saxe-Weimar de 
1708 à 1717, tout en gardant ensuite de bonnes relations avec lui. 
L’Allemagne, alors émiettée en une multitude de royaumes, duchés ou 
principautés, voit en effet ces différentes cours se disputer les 
faveurs des plus grands compositeurs : le rayonnement artistique de 
cette riche période n’a de cesse de fasciner encore aujourd’hui. Les cantates présentées par Philippe Pierlot à Weißenfels (qui faisait 
partie du fief de Weimar et non de Leipzig) ont toutes été composées 
entre 1714 et 1716, mais offrent toutefois une variété digne de 
l’inspiration du maitre allemand. Elles trouvent à s’épanouir dans la 
chapelle du château, bénéficiant d’une acoustique étonnamment précise, 
obtenue en faisant jouer les interprètes au niveau de la tribune de 
l’orgue : on gagne en confort sonore ce que l’on perd en proximité avec 
les artistes.
Les interprètes mettent un peu de temps à se chauffer, d’autant que le tempo un peu trop vif de Philippe Pierlot
 ne les aide guère au début. Peu à peu, la direction gagne cependant en 
respiration, en une lecture chambriste sérieuse et de bonne tenue, mais 
qui ne soulève pas l’enthousiasme pour autant – du fait notamment d’un 
violoncelle solo assez prosaïque. Les solistes montrent un bon niveau 
général, dominé par le superbe Leandro Marziotte, un contre-ténor aux phrasés naturels et aériens, sans parler de son timbre délicieusement velouté. Hannah Morrison
 a quant à elle un aigu un peu dur dans les parties difficiles et des 
passages de registres arrachés dans la virtuosité. Lorsqu’elle quitte 
les passages périlleux, elle remplit parfaitement sa partie, de même que
 le ténor correct d’Hans Jörg Mammel, en dehors des accélérations qui mettent à mal la justesse. Enfin, on aime la puissance et l’expressivité de la basse Matthias Vieweg, même s’il a parfois tendance à se laisser emporter par son tempérament, occasionnant un placement de voix approximatif.


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