samedi 1 février 2020

« Le Barbier de Séville » de Gioachino Rossini - Opéra de Tours - 29/01/2020


Déjà présentée au Théâtre des Champs-Elysées en 2017, puis au Grand-Théâtre de Bordeaux l’an passé, à chaque fois avec des interprètes différents, la production du Barbier imaginée par Laurent Pelly fait halte à l’Opéra de Tours en ce début d’année. Disons-le tout net: à l’instar des comptes rendus précités, on attendait mieux de la part d’un metteur en scène habituellement imaginatif, notamment dans sa direction d’acteur. Pelly restreint en effet le champ d’action des interprètes en des décors et costumes classieux, desquels ressort bien peu de théâtre, surtout dans la première partie très statique. Après l’entracte, quelques idées surgissent enfin, notamment des ensembles volontairement déstructurés dans l’espace et une gestion farfelue du chœur masculin : trop peu hélas, pour nous faire oublier combien le même Pelly a pu autrement nous convaincre par ailleurs (voir notamment son brillant Roi Carotte d’Offenbach, repris à Lyon il y a un mois).

On attendait également beaucoup de l’excellent plateau vocal réuni à Tours: le plaisir est globalement au rendez-vous, malgré plusieurs réserves. Ainsi du pourtant très aguerri Patrick Kabongo (régulièrement invité du festival Rossini de Bad Wildbad, comme l’été dernier, et déjà apprécié à Tours dans L’Italienne à Alger en 2019), qui rate son air d’entrée, il est vrai ardu, du fait d’une tenue instable du suraigu qui n’évite pas quelques aigreurs ou faussetés. Le ténor français se rattrape grandement ensuite par ses habituelles qualités de diction et de souplesse dans le reste de la tessiture. Il compose toutefois un couple vocal mal assorti avec Guillaume Andrieux, au chant tout en force bien éloigné de la grâce belcantiste, et ce malgré une intention louable d’incarner la filouterie de son rôle. Son premier air d’entrée se montre là aussi loin des attentes, aussi bien par ses constants décalages avec la fosse, qu’en raison du souffle audible dans sa technique. Anna Bonitatibus souffle le chaud et le froid, épatante de facilité dans l’émission charnue et gorgée de couleurs, le tout bien projeté. Mais quel peu d’appétence pour le jeu théâtral: l’espièglerie de Rosine ne transparaît guère dans son interprétation sans relief.

Il faut dès lors se tourner vers les seconds rôles pour trouver des prestations plus stimulantes, à l’instar de la composition truculente de Patrick Govi, impeccable de style comme de technique, autour de graves admirablement phrasés. Guilhem Worms s’impose quant à lui comme un très solide Basilio, à la projection épanouie et harmonieuse, dotée d’une belle résonance. Belle idée également de confier le petit rôle de Berta à Aurélia Legay, qui se distingue par son timbre cuivré et son tempérament comique, même si on pourra lui reprocher de forcer par trop les décibels dans les ensembles. Rien de tel dans la fosse, où Benjamin Pionnier joue la carte de la lisibilité et de l’exploration analytique, en une clarté toute française qui fuit malheureusement trop le théâtre: à trop vouloir alanguir les tempi, le chef français en oublie par trop l’électricité et la malice. Curieusement, son attention à la mise en place n’évite pas quelques regrettables décalages, notamment avec un pupitre de percussions négligeant dans la précision rythmique, en plusieurs occasions.

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