Le Festival de Saint-Denis fait cette année escale en Grèce. Le concert « Ciel d’Athènes à New York » réunit en effet des
musiciens grecs et américains, qui dynamitent les genres dans une ambiance chaleureuse et populaire.
Alkinoos Ioannidis |
Le Festival de Saint-Denis fait partie de ces évènements
immanquables que les passionnés de musique classique ne ratent sous
aucun prétexte chaque année au mois de juin, et ce depuis
quarante‑deux ans. Car la programmation audacieuse réunit les
meilleurs interprètes du moment, de Colin Davis, Jérémie Rhorer à
John Eliot Gardiner, dans le cadre
prestigieux de la basilique de Saint‑Denis et de la Maison
d’éducation de la Légion d’honneur voisine. Un écrin idéal pour des
chefs d’orchestre heureux de pouvoir diriger le rare
oratorio Davidde penitente * de Mozart ou l’imposant Requiem * de Berlioz.
À côté de ces grandes œuvres du répertoire, la programmation s’est
étendue en 2004 à des concerts de musique du monde donnés au printemps
sur tout le territoire de la Seine‑Saint‑Denis, avec
notamment Goran Bregovic, Talvin Singh, Smadj ou Murcof. Dénommé
Festival Métis, cette initiative de la communauté d’agglomération
Plaine‑Commune rend hommage à une terre
d’immigration qui a accueilli de nombreux Bretons à la fin du xixe siècle, des Espagnols suite à la guerre civile de 1936, puis des
travailleurs maghrébins et d’Afrique subsaharienne pendant la deuxième moitié du xxe siècle.
De Chypre à New York
L’exploration des musiques de la Méditerranée se poursuit cette
année avec le Liban (Ibrahim Maalouf) et la Grèce, avec le concert Ciel d’Athènes à New York,
une partition lyrique mêlant chants médiévaux de Chypre, sons classiques du xxie siècle,
et musiques actuelles grecques. Ce projet original,
né au Théâtre d’Épidaure d’Athènes il y a deux ans, réunit le chef
d’orchestre Kristjan Järvi, son Absolute Ensemble de New York et
trois musiciens grecs célèbres dans
leur pays.
On retient surtout la personnalité attachante et sensible du
chanteur et guitariste chypriote Alkinoos Ioannidis, qui semble
particulièrement à l’aise pour oser plusieurs fois lâcher le
micro et embrasser l’acoustique généreuse de la Basilique.
Incroyable touche‑à‑tout, Alkinoos a également été comédien, puis s’est
tourné récemment vers la composition, entamant des études en
Russie avec rien de moins qu’un ancien élève de Chostakovitch. Au
violon, son compatriote Miltiades Papastamou se régale dans les passages
tziganes nombreux en fin de soirée.
On comprend dès lors la réussite de ce projet fondé sur la réunion
heureuse de ces musiciens et d’un ensemble symphonique de tout premier
plan, capable de passer d’une ambiance à
la Bregovic au jazz‑rock de Joe Zawinul, en passant par les
atmosphères entêtantes des harmonies orientales. Déchaînés, les
musiciens semblent prendre un plaisir infini à accompagner
ces musiciens grecs chaleureux et talentueux.
Le bouillant Kristjan Järvi
Il est vrai que la personnalité du bouillant Kristjan Järvi n’est
pas étrangère à cette bonne humeur générale. Fils du grand maestro
Neeme Järvi et frère cadet de l’actuel directeur
musical de l’Orchestre de Paris Paavo Jaärvi, Kristjan a fondé
l’Absolute Academy en 2006 afin de sensibiliser de jeunes interprètes à
des musiques émanant de différentes cultures. Un
pari réussi, qui l’emmène en tournée à travers le monde autour des
musiques arabes ou indiennes, toujours dans cette volonté de mêler et
entremêler les genres pour mieux surprendre son
auditoire.
On retrouvera Kristjan Järvi à la tête de l’Orchestre de Paris dès
le mercredi 20 juin 2012 dans un passionnant programme de musique
hispanique et sud‑américaine consacré à
Chávez, Rodrigo, Falla et Ravel. Un concert à ne pas manquer là
aussi.
* Donnés tous deux à la basilique, Davidde penitente de Mozart le lundi 25 juin 2012, et le Requiem de Berlioz les jeudi 28 et samedi 30 juin 2012 (à la fin du Festival).
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