C’est dans la foulée de la nomination de Kirill Petrenko comme
successeur de Simon Rattle à la tête de la prestigieuse Philharmonie de
Berlin (dès 2018), que CPO a eu la bonne idée de ressortir trois
disques enregistrés par le chef russe entre 2002 et 2006. Aujourd’hui
réunie en un coffret, cette somme a surtout le mérite de mettre en
lumière la musique relativement méconnue de Josef Suk (1874-1935),
ancien élève et gendre de Dvorák. C’est précisément pour rendre hommage à
son illustre compatriote décédé en 1904, puis à sa femme l’année
suivante, que Suk a composé la Symphonie «Asraël», son œuvre restée la plus fameuse et encore jouée en dehors de la République tchèque de nos jours.
Enregistrée par les plus grands chefs tchèques, cette symphonie ne manque pas d’excellentes gravures (Talich, Kubelík ou Neumann) situées au-dessus de la version Petrenko. Celle-ci ne démérite pas pour autant, autour d’un geste souple qui pare les phrasés de transparence et de légèreté, offrant aussi quelques vagues enthousiasmantes de déchaînements orchestraux toujours parfaitement maîtrisés. Il faut dire que Petrenko n’a pas son pareil pour mettre en valeur le méconnu Orchestre du Komische Oper de Berlin (formation qu’il dirigeait au moment de cette quasi-intégrale Suk), assurant une mise en place millimétrée de chaque pupitre. Il n’en reste pas moins que cette direction tout en dentelle mériterait parfois davantage de nerf, là où d’autres versions se montrent plus dramatiques. De quoi envisager une optique éthérée mais sensiblement extérieure, bien différente des intentions originelles du compositeur, celles d’un double requiem à la mémoire des Dvorák.
Les deux autres disques souffrent moins de la concurrence, nettement moins nombreuse. On s’intéressera en priorité au chef-d’œuvre Un Conte d’été (1909), au charme mélodique inspiré, qui ne cache pas l’influence de Debussy dans les textures ensorcelantes, finement entrecroisées. Suk démontre une fois encore ses admirables qualités d’orchestrateur en cette œuvre d’une ampleur et d’une densité comparable à la Symphonie «Asraël». Si quelques nuages se font encore percevoir ici, le ton est globalement plus apaisé. On trouve davantage de vigueur, peut-être trop du fait d’une orchestration plus cuivrée, dans le poème symphonique Maturation (1918). L’inspiration de Suk se montre inégale dans cette œuvre qui alterne raffinement et opulence, se concluant par les murmures enveloppants du chœur féminin – lointaine réminiscence du Ravel de Daphnis.
Autre rare complément avec l’ouverture Un Conte d’un soir d’hiver (1895) dans sa version révisée par Suk, plus de vingt-cinq ans après sa composition. Mais Petrenko se montre plus à l’aise avec Le Lac enchanté (1909) d’Anatoli Liadov, petit bijou de délicatesse où son geste tout de souplesse, ses phrasés évocateurs et subtils font mouche. Tout en dégraissant les textures, Petrenko évite tout lyrisme ou pathos, et avance en un bel élan aussi imperturbable que serein. Gageons que la discographie du chef russe saura s’étendre au-delà du peu de galettes déjà gravées, dès lors qu’il aura accédé à la direction de la Philharmonie de Berlin: s’intéressera-t-il toujours autant à ces petits maîtres délaissés? Nous l’espérons!
Enregistrée par les plus grands chefs tchèques, cette symphonie ne manque pas d’excellentes gravures (Talich, Kubelík ou Neumann) situées au-dessus de la version Petrenko. Celle-ci ne démérite pas pour autant, autour d’un geste souple qui pare les phrasés de transparence et de légèreté, offrant aussi quelques vagues enthousiasmantes de déchaînements orchestraux toujours parfaitement maîtrisés. Il faut dire que Petrenko n’a pas son pareil pour mettre en valeur le méconnu Orchestre du Komische Oper de Berlin (formation qu’il dirigeait au moment de cette quasi-intégrale Suk), assurant une mise en place millimétrée de chaque pupitre. Il n’en reste pas moins que cette direction tout en dentelle mériterait parfois davantage de nerf, là où d’autres versions se montrent plus dramatiques. De quoi envisager une optique éthérée mais sensiblement extérieure, bien différente des intentions originelles du compositeur, celles d’un double requiem à la mémoire des Dvorák.
Les deux autres disques souffrent moins de la concurrence, nettement moins nombreuse. On s’intéressera en priorité au chef-d’œuvre Un Conte d’été (1909), au charme mélodique inspiré, qui ne cache pas l’influence de Debussy dans les textures ensorcelantes, finement entrecroisées. Suk démontre une fois encore ses admirables qualités d’orchestrateur en cette œuvre d’une ampleur et d’une densité comparable à la Symphonie «Asraël». Si quelques nuages se font encore percevoir ici, le ton est globalement plus apaisé. On trouve davantage de vigueur, peut-être trop du fait d’une orchestration plus cuivrée, dans le poème symphonique Maturation (1918). L’inspiration de Suk se montre inégale dans cette œuvre qui alterne raffinement et opulence, se concluant par les murmures enveloppants du chœur féminin – lointaine réminiscence du Ravel de Daphnis.
Autre rare complément avec l’ouverture Un Conte d’un soir d’hiver (1895) dans sa version révisée par Suk, plus de vingt-cinq ans après sa composition. Mais Petrenko se montre plus à l’aise avec Le Lac enchanté (1909) d’Anatoli Liadov, petit bijou de délicatesse où son geste tout de souplesse, ses phrasés évocateurs et subtils font mouche. Tout en dégraissant les textures, Petrenko évite tout lyrisme ou pathos, et avance en un bel élan aussi imperturbable que serein. Gageons que la discographie du chef russe saura s’étendre au-delà du peu de galettes déjà gravées, dès lors qu’il aura accédé à la direction de la Philharmonie de Berlin: s’intéressera-t-il toujours autant à ces petits maîtres délaissés? Nous l’espérons!
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