Il est des spectacles qui vous marquent pour une vie. Ainsi du Songe d’une nuit d’été
de Britten créé par le jeune Robert Carsen en 1991 à Aix-en-Provence,
véritable coup de tonnerre de féerie et de poésie dans le ciel d’azur du
festival. Du jour au lendemain, tout juste deux ans après son tout
premier succès européen à Genève avec Mefistofele,
le Canadien allait se faire un nom avec une production qui allait faire
le tour du monde comme une véritable traînée de poudre. De retour dans
les mêmes lieux vingt-quatre ans plus tard,
ce spectacle intemporel émerveille toujours autant par sa perfection
esthétique doublée d’une compréhension de l’action aussi juste
qu’éclairante.
Carsen conçoit la forêt, lieu de l’action initiale, comme la symbolique du bourgeonnement du désir et de l’appétit de vie qui meuvent les protagonistes, tous occupés par les enjeux amoureux. Dès lors, la forêt se retrouve réduite à un immense lit qui se démultiplie au II en autant de nids douillets capables d’accueillir les différents couples – tour de force minimaliste dont seules les couleurs (vert pour les lits, bleu pour le ciel) évoquent la lointaine forêt. Déjà, on retrouve le goût de Carsen pour la stylisation de chaque élément de décor, jusqu’aux costumes, dans le moindre détail. Les chorégraphies millimétrées participent elles aussi de ce travail d’orfèvre qui ne se limite pas à ces seules qualités visuelles. A cette scénographie qui joue l’abstraction, Carsen oppose ainsi une direction d’acteur plus réaliste que jamais, nous ramenant à une peinture sociale digne de Dickens en ce qui concerne les interventions gaillarde et hilarante de Puck ou de la troupe de théâtre amateur.
Si le premier acte se montre un rien en retrait en raison d’une action trop statique, les deux suivants se situent à un niveau de qualité exceptionnel dont s’empare Carsen en évitant tout élitisme, en un spectacle toujours accessible sans être complaisant, qui vaut d’être vu dans son entier pour en saisir toute l’intelligence. On doit aussi le bonheur d’une soirée en tout point réussi à une distribution d’une admirable homogénéité, réunissant des qualités vocales aussi bien qu’interprétatives. Cette double exigence s’avère essentielle dans un opéra comme celui-ci, si proche de l’original de Shakespeare. On citera l’incarnation vibrante de Sandrine Piau ou le désopilant Puck de Miltos Yerolemou, tandis que Lawrence Zazzo émerveille par sa diction idéale de souplesse, seulement gêné par quelques difficultés de projection dans les ensembles. On pourrait aussi noter un chœur d’enfants un rien trop timide dans ses interventions: ce ne sont là que d’infimes détails pour une réussite globale à laquelle n’est pas étrangère le geste lyrique et enthousiaste de Kasushi Ono, spécialiste de Britten (voir, par exemple, à l’occasion du festival organisé à Lyon en 2014).
Carsen conçoit la forêt, lieu de l’action initiale, comme la symbolique du bourgeonnement du désir et de l’appétit de vie qui meuvent les protagonistes, tous occupés par les enjeux amoureux. Dès lors, la forêt se retrouve réduite à un immense lit qui se démultiplie au II en autant de nids douillets capables d’accueillir les différents couples – tour de force minimaliste dont seules les couleurs (vert pour les lits, bleu pour le ciel) évoquent la lointaine forêt. Déjà, on retrouve le goût de Carsen pour la stylisation de chaque élément de décor, jusqu’aux costumes, dans le moindre détail. Les chorégraphies millimétrées participent elles aussi de ce travail d’orfèvre qui ne se limite pas à ces seules qualités visuelles. A cette scénographie qui joue l’abstraction, Carsen oppose ainsi une direction d’acteur plus réaliste que jamais, nous ramenant à une peinture sociale digne de Dickens en ce qui concerne les interventions gaillarde et hilarante de Puck ou de la troupe de théâtre amateur.
Si le premier acte se montre un rien en retrait en raison d’une action trop statique, les deux suivants se situent à un niveau de qualité exceptionnel dont s’empare Carsen en évitant tout élitisme, en un spectacle toujours accessible sans être complaisant, qui vaut d’être vu dans son entier pour en saisir toute l’intelligence. On doit aussi le bonheur d’une soirée en tout point réussi à une distribution d’une admirable homogénéité, réunissant des qualités vocales aussi bien qu’interprétatives. Cette double exigence s’avère essentielle dans un opéra comme celui-ci, si proche de l’original de Shakespeare. On citera l’incarnation vibrante de Sandrine Piau ou le désopilant Puck de Miltos Yerolemou, tandis que Lawrence Zazzo émerveille par sa diction idéale de souplesse, seulement gêné par quelques difficultés de projection dans les ensembles. On pourrait aussi noter un chœur d’enfants un rien trop timide dans ses interventions: ce ne sont là que d’infimes détails pour une réussite globale à laquelle n’est pas étrangère le geste lyrique et enthousiaste de Kasushi Ono, spécialiste de Britten (voir, par exemple, à l’occasion du festival organisé à Lyon en 2014).
Le cinéma Le Balzac va poursuivre tout au long du mois d’avril l’hommage
rendu au festival d’Aix-en-Provence avec nombre de productions
anciennes exhumées par l’INA (Mozart et Rossini à l’honneur), mais aussi
plusieurs spectacles récents, de La Traviata de Jean-François Sivadier à l’Elektra de Patrice Chéreau, sans oublier une superbe création récente de George Benjamin, Written on Skin, sur un livret de Martin Crimp.
La saison musicale du Balzac se poursuivra ensuite de mai à juillet autour d’une pluie de stars: deux soirées seront ainsi consacrées à Jonas Kaufmann, filmé en 2015 à Salzbourg (Cavalleria rusticana et Paillasse, avant Fidelio), puis suivront René Pape (Parsifal, Berlin 2015), Juan Diego Flórez (Lucia di Lamermoor, Barcelone 2013) ou encore Cecilia Bartoli (Le Comte Ory, Zurich 2011). De quoi vivre ou revivre de formidables moments avec le meilleur de la scène lyrique, en un cinéma de quartier engagé qui, rappelons-le, lutte depuis plusieurs années pour sa survie face à l’insatiable spéculation immobilière du quartier des Champs-Elysées.
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