Neeme Järvi |
Un an après sa précédente venue à l’Auditorium de la Maison de la radio à
la tête de l’Orchestre national de France, Neeme Järvi revient à Paris
avec la même formation, toujours pour rendre hommage à Chostakovitch.
Après la célébrissime Septième Symphonie (1941), place cette fois à un concert plus original avec deux symphonies rarement à l’affiche, les Neuvième (1945) et Douzième
(1961). On reconnaît là l’insatiable curiosité du chef estonien, un
hyperactif toujours très présent sur scène comme dans les studios
d’enregistrement – lui qui peut se targuer de posséder à son actif plus
de 400 disques dont plusieurs symphonies de Chostakovitch gravées pour Chandos et Deutsche Grammophon à partir de la fin des années 1980.
Avec le délicieux Concerto n° 1 pour piano et trompette (1933) donné entre les deux œuvres, on a là une palette assez large de l’inspiration du compositeur russe. Le Concerto fait en effet place à un Chostakovitch volontiers joyeux et facétieux, se tournant vers une veine néoclassique et légère bien éloignée des expérimentations constructivistes des années 1920. Pour autant, c’est davantage vers la symphonie concertante que Järvi tourne cette œuvre, en demandant manifestement à ses solistes de ne pas se distinguer outre mesure, fidèle en cela à ses partis pris interprétatifs. L’accompagnement, allégé dans les parties doucereuses, se montre plus âpre dans la verticalité – véritablement cravachée au piano par l’impeccable Simon Trpceski. Andrei Kavalinski n’est pas en reste à la trompette, mais c’est peut-être plus encore dans le mouvement lent qu’il impressionne par ses pianissimi de rêve, épousant le tempo étiré de Järvi, d’une intense concentration. Ces choix apportent ainsi une noirceur étonnante à ce mouvement superbe. En contraste, le finale nous embarque dans un élan sans respiration aucune, parfaitement rendu par un Trpceski toujours impressionnant de perfection dans la précision rythmique. Le bis, une adaptation de l’un des airs les plus fameux («Ombra mai fu») de l’opéra Serse de Haendel, donne la part belle à la trompette toujours impériale d’Andrei Kavalinski, tandis que Trpceski fait valoir son touché félin et aérien, sans jamais chercher à prendre le dessus sur son partenaire.
Avec le délicieux Concerto n° 1 pour piano et trompette (1933) donné entre les deux œuvres, on a là une palette assez large de l’inspiration du compositeur russe. Le Concerto fait en effet place à un Chostakovitch volontiers joyeux et facétieux, se tournant vers une veine néoclassique et légère bien éloignée des expérimentations constructivistes des années 1920. Pour autant, c’est davantage vers la symphonie concertante que Järvi tourne cette œuvre, en demandant manifestement à ses solistes de ne pas se distinguer outre mesure, fidèle en cela à ses partis pris interprétatifs. L’accompagnement, allégé dans les parties doucereuses, se montre plus âpre dans la verticalité – véritablement cravachée au piano par l’impeccable Simon Trpceski. Andrei Kavalinski n’est pas en reste à la trompette, mais c’est peut-être plus encore dans le mouvement lent qu’il impressionne par ses pianissimi de rêve, épousant le tempo étiré de Järvi, d’une intense concentration. Ces choix apportent ainsi une noirceur étonnante à ce mouvement superbe. En contraste, le finale nous embarque dans un élan sans respiration aucune, parfaitement rendu par un Trpceski toujours impressionnant de perfection dans la précision rythmique. Le bis, une adaptation de l’un des airs les plus fameux («Ombra mai fu») de l’opéra Serse de Haendel, donne la part belle à la trompette toujours impériale d’Andrei Kavalinski, tandis que Trpceski fait valoir son touché félin et aérien, sans jamais chercher à prendre le dessus sur son partenaire.
Simon Trpceski |
Plus tôt dans la soirée en ouverture de concert, la charmante Neuvième Symphonie
avait résonné de son ton joyeux et optimiste: rien d’étonnant à cela
tant Chostakovitch avait voulu ainsi signifier la fin du long conflit de
la Seconde Guerre mondiale. Pour autant, l’humour et la facétie
attendus n’intéressent guère Järvi qui imprime ses tics de direction
pendant toute la soirée, accélérant les parties rapides pour mieux
apaiser les passages lents en contraste. A la raideur des verticalités,
franches, directes et sans aucune respiration succèdent les parties
lyriques étirées, sans nerf et sans vibrato, qui envoûtent pour mieux
ennuyer ensuite tant le parti pris vire au systématique. Cette lecture
analytique portée vers la musique pure, en un ton péremptoire résolument
frigide, convient mieux à la massive Douzième Symphonie, une des
plus faibles de Chostakovitch: en mettant sur le même plan la mélodie
principale et les contrechants imprimés par les différents groupes
d’instrument, Järvi modernise quelque peu cette œuvre tournée à la fois
vers Tchaïkovski et Mahler. On imagine le choc des auditeurs qui, cette
même année 1961, purent la comparer avec la sublime Quatrième Symphonie, enfin créée après vingt-sept ans d’attente!
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