Václav Luks |
On ne se lasse jamais d’admirer, lors des différents concerts organisés
pendant toute la saison, le cadre majestueux de la chapelle royale de
Versailles, à la riche décoration intérieure. La réfection extérieure en
cours ne nuit aucunement à l’accueil des concerts de musique religieuse
qui se poursuit en ce début d’année avec un passionnant programme
festif dédié à des œuvres du début du XVIIIe siècle.
On retrouve Václav Luks et sa formation tchèque en habitués des lieux (voir notamment en 2016) autour d’une copieuse soirée inaugurée par le Dixit Dominus de Leonardo Leo (1694-1744), un psaume aux différentes pièces courtes et contrastées qui fait valoir avec bonheur l’énergie rayonnante du compositeur napolitain. Plusieurs passages de cette œuvre donnent à penser qu’elle a dû influencer le jeune Michael Haydn, tout particulièrement les oppositions gracieuses entre pupitres de cordes. On note aussi une écriture admirablement variée dans l’instrumentation, entre l’entrée triomphale marquée par les trompettes, puis le beau passage étrange, comme suspendu, dévolu aux cors et hautbois. Mais le passage le plus marquant est certainement celui incarné par les six solistes réunis qui interprètent avec une belle maestria une série de vocalises, telle des rires en cascade.
Leo sait aussi faire valoir sa capacité à s’apaiser par la grâce légère et aérienne de la flûte solo, des cors et des deux sopranos réunis – ces dernières mettant beaucoup de couleurs dans leur interprétation, avant la fugue finale lancée en des accents anguleux par Václav Luks. On aimerait ainsi que certains passages respirent davantage, pour mieux s’enivrer ensuite de la folle virtuosité des troupes du Collegium 1704, toujours aussi enthousiasmante dans la perfection de la qualité technique. Côté solistes, Hana Blaziková (soprano) et Tomás Selc (basse) se distinguent par leur investissement dramatique, aussi bien qu’une projection à l’impact physique idéal.
Les premières notes de la cantate Fra cetre, e fra trombe de
Francesco Bartolomeo Conti (1681-1732) font valoir une mélodie qui
irradie tous les pupitres de cordes. L’œuvre est immédiatement plus
accessible que la précédente, du fait d’une écriture à la limite de la
plaisanterie musicale avec ses traits humoristiques à l’orchestre
(nombreuses réponses entre pupitres). Après ce premier temps orchestral
vient l’entrée de la soprano bien connue, Veronica Cangemi, qui n’a rien
perdu de ses qualités au niveau théâtral, tout autant que l’attention à
la prononciation et au sens. Malheureusement, le timbre s’est un peu
durci, tandis que l’Argentine apparaît également en légère difficulté
dans les accélérations dantesques de Luks, à la direction toujours aussi
virile. Rien d’indigne bien sûr, mais il aurait été sans doute plus
opportun de lui préférer Hana Blaziková, plus à l’aise vocalement ce
soir-là.
En seconde partie de concert, la brève Cantate BWV 50 de Bach fait figure d’ouverture avec sa durée d’à peine cinq minutes. Ce mouvement introductif (ou conclusif) fait probablement partie d’une œuvre plus vaste, perdue. Très emphatique, elle donne à entendre un Bach proche de l’éclat du Magnificat ou de l’Oratorio de Pâques. La Cantate BWV 34 permet quant à elle d’offrir davantage de nuances, malgré la baguette trop énergique de Luks: le chef tchèque donne par trop l’impression de faire ressortir les muscles au détriment de la profondeur, créant une sensation de lassitude sur la durée. C’est d’autant plus regrettable que ses solistes se montrent encore une fois exemplaires, au premier rang desquels la parfaite Hana Blaziková.
La soirée se conclut avec les splendides Litanies ZWV 151 de Jan Dismas Zelenka (1679-1745), au début saisissant: sur une musique nerveuse à la mélodie entêtante, les voix suspendues se répondent en un léger crescendo. Cette œuvre virtuose n’a rien à envier en la matière aux meilleures de Bach précitées, convenant mieux ici au tempérament de Luks – il est vrai spécialiste de ce répertoire (voir ses nombreux enregistrements dédiés au compositeur bohémien). En bis, le finale de la Cantate BWV 34 est repris pour le plus grand bonheur de l’auditoire, ravi de tant d’éclat.
On retrouve Václav Luks et sa formation tchèque en habitués des lieux (voir notamment en 2016) autour d’une copieuse soirée inaugurée par le Dixit Dominus de Leonardo Leo (1694-1744), un psaume aux différentes pièces courtes et contrastées qui fait valoir avec bonheur l’énergie rayonnante du compositeur napolitain. Plusieurs passages de cette œuvre donnent à penser qu’elle a dû influencer le jeune Michael Haydn, tout particulièrement les oppositions gracieuses entre pupitres de cordes. On note aussi une écriture admirablement variée dans l’instrumentation, entre l’entrée triomphale marquée par les trompettes, puis le beau passage étrange, comme suspendu, dévolu aux cors et hautbois. Mais le passage le plus marquant est certainement celui incarné par les six solistes réunis qui interprètent avec une belle maestria une série de vocalises, telle des rires en cascade.
Leo sait aussi faire valoir sa capacité à s’apaiser par la grâce légère et aérienne de la flûte solo, des cors et des deux sopranos réunis – ces dernières mettant beaucoup de couleurs dans leur interprétation, avant la fugue finale lancée en des accents anguleux par Václav Luks. On aimerait ainsi que certains passages respirent davantage, pour mieux s’enivrer ensuite de la folle virtuosité des troupes du Collegium 1704, toujours aussi enthousiasmante dans la perfection de la qualité technique. Côté solistes, Hana Blaziková (soprano) et Tomás Selc (basse) se distinguent par leur investissement dramatique, aussi bien qu’une projection à l’impact physique idéal.
Hana Blaziková |
En seconde partie de concert, la brève Cantate BWV 50 de Bach fait figure d’ouverture avec sa durée d’à peine cinq minutes. Ce mouvement introductif (ou conclusif) fait probablement partie d’une œuvre plus vaste, perdue. Très emphatique, elle donne à entendre un Bach proche de l’éclat du Magnificat ou de l’Oratorio de Pâques. La Cantate BWV 34 permet quant à elle d’offrir davantage de nuances, malgré la baguette trop énergique de Luks: le chef tchèque donne par trop l’impression de faire ressortir les muscles au détriment de la profondeur, créant une sensation de lassitude sur la durée. C’est d’autant plus regrettable que ses solistes se montrent encore une fois exemplaires, au premier rang desquels la parfaite Hana Blaziková.
La soirée se conclut avec les splendides Litanies ZWV 151 de Jan Dismas Zelenka (1679-1745), au début saisissant: sur une musique nerveuse à la mélodie entêtante, les voix suspendues se répondent en un léger crescendo. Cette œuvre virtuose n’a rien à envier en la matière aux meilleures de Bach précitées, convenant mieux ici au tempérament de Luks – il est vrai spécialiste de ce répertoire (voir ses nombreux enregistrements dédiés au compositeur bohémien). En bis, le finale de la Cantate BWV 34 est repris pour le plus grand bonheur de l’auditoire, ravi de tant d’éclat.
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