© Anna Kolata |
La saison des festivals bat déjà son plein en Allemagne et tout
particulièrement dans les villes voisines que sont Leipzig et Halle :
les géants contemporains Bach et Haendel y sont respectivement à
l’honneur chaque année à cette période. Halle a choisi de centrer sa
riche programmation sur l’immense production lyrique de Haendel que l’on
peut ainsi découvrir dans toute sa diversité. Cette année, le festival
s’intéresse à Bérénice (1737), l’un des ouvrages les moins connus
de son auteur, qui laisse entrevoir une musique fluide, sûre de ses
moyens mais peu aventureuse.
Le livret satirique est admirablement servi par la mise en scène astucieuse de Jochen Biganzoli, qui brocarde avec beaucoup de malice les travers contemporains d’une jeunesse entièrement happée par les réseaux sociaux: les attitudes narcissiques et superficielles trouvent leur expression au moyen d’un plateau tournant qui évoque le vide de sens à force de tournis, tout autant que la projection vidéo omniprésente. Dans le même temps, le rôle d’Aristobolo est transformé en maître de cérémonie et des illusions: c’est lui qui signifiera la fin de la récréation à l’issue du spectacle, permettant l’improbable réconciliation générale. Auparavant, Jochen Biganzoli a l’intelligence de ne pas tomber dans les limites que sa mise en scène dénonce: c’est bien Demetrio qui arrache d’un geste rageur le fil électrique permettant aux personnages de se libérer de leur addiction; enfin livrés au miroir de leur triste existence, ils peuvent retrouver le chemin vers l’autre.
Le livret satirique est admirablement servi par la mise en scène astucieuse de Jochen Biganzoli, qui brocarde avec beaucoup de malice les travers contemporains d’une jeunesse entièrement happée par les réseaux sociaux: les attitudes narcissiques et superficielles trouvent leur expression au moyen d’un plateau tournant qui évoque le vide de sens à force de tournis, tout autant que la projection vidéo omniprésente. Dans le même temps, le rôle d’Aristobolo est transformé en maître de cérémonie et des illusions: c’est lui qui signifiera la fin de la récréation à l’issue du spectacle, permettant l’improbable réconciliation générale. Auparavant, Jochen Biganzoli a l’intelligence de ne pas tomber dans les limites que sa mise en scène dénonce: c’est bien Demetrio qui arrache d’un geste rageur le fil électrique permettant aux personnages de se libérer de leur addiction; enfin livrés au miroir de leur triste existence, ils peuvent retrouver le chemin vers l’autre.
L’ensemble du plateau vocal réuni se montre d’un haut niveau, au premier rang duquel se distingue l’impériale Romelia Lichtenstein dans le rôle-titre, imposant son sens dramatique et ses graves mordants. Son duo avec le hautboïste au III est l’un des plus grands moments du spectacle, vivement applaudi. A ses côtés, les deux contre-ténors Samuel Marino (Alessandro) et Filippo Mineccia (Demetrio) reçoivent des ovations méritées: qu’il est loin le temps où l’on reprochait à ce type de voix son manque de puissance et d’épaisseur! Tout le contraire ici, tant les deux jeunes interprètes semblent se jouer de toutes les difficultés vocales, signant par ailleurs une belle composition. On mentionnera encore le chant admirable de Franziska Gottwald (Arsace), très en forme. Jörg Halubek dirige d’un geste sûr une formation qui montre de belles qualités de cohésion, à défaut de couleurs individuelles. On aurait aimé davantage de respiration et de nuances ici ou là, mais ces réserves restent mineures par rapport à la qualité globale du spectacle.
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