(© Gilles Abegg/Opéra de Dijon) |
Quel plaisir de retrouver Leonardo Garciá Alarcón et son ensemble
Cappella Mediterranea à Dijon en cette fin de saison! Nouvel artiste en
résidence de l’Opéra depuis cette année, le chef argentin poursuit ainsi
l’ancrage de l’institution dans le répertoire baroque: rien d’étonnant à
cela quand on sait que le grand Jean-Philippe Rameau est natif de la
capitale bourguignonne. En cette fin de saison, il nous est donné de
découvrir un compositeur largement oublié de nos jours en la personne
d’Antonio Draghi (1634-1700), alors qu’il fut l’un des artistes les plus
fêtés de son temps. D’abord chanteur pour Francesco Cavalli et
librettiste pour d’autres grands compositeurs, Antonio Draghi s’imposa
en tant que compositeur à partir de la fin des années 1660, écrivant
tout au long de sa carrière plus d’une centaine d’opéras et se montrant
tout aussi prolifique dans le répertoire religieux. Sa renommée lui
permit de rejoindre de 1658 jusqu’à sa mort la Cour impériale
d’Autriche, travaillant pour un souverain particulièrement féru de
musique en la personne de Léopold Ier.
Si Vincent Dumestre a pu exhumer en début d’année l’oratorio Le Tremblement de terre (1682), place cette fois à l’ouvrage lyrique El Prometeo, créé fin 1669 pour célébrer l’anniversaire de la reine d’Espagne. C’est bien la découverte de la traduction espagnole dans les archives viennoises qui a incité Alarcón à monter ce spectacle, et ce malgré le troisième acte manquant. L’Argentin a souhaité le compléter, tout en y adjoignant une Ouverture plus développée, dans un style légèrement différent de Draghi, moins élaboré au niveau orchestral et plus virtuose au niveau vocal. Les deux premiers actes nous plongent ainsi dans la musique envoûtante de Draghi, au flot continu principalement constitué de récitatifs ornés dans le style de Cavalli et accompagnés par un orchestre particulièrement imaginatif, souvent en opposition. Les airs sont assez rares, tout comme les interventions du chœur, le tout se rapprochant nettement de l’opéra vénitien.
Si Vincent Dumestre a pu exhumer en début d’année l’oratorio Le Tremblement de terre (1682), place cette fois à l’ouvrage lyrique El Prometeo, créé fin 1669 pour célébrer l’anniversaire de la reine d’Espagne. C’est bien la découverte de la traduction espagnole dans les archives viennoises qui a incité Alarcón à monter ce spectacle, et ce malgré le troisième acte manquant. L’Argentin a souhaité le compléter, tout en y adjoignant une Ouverture plus développée, dans un style légèrement différent de Draghi, moins élaboré au niveau orchestral et plus virtuose au niveau vocal. Les deux premiers actes nous plongent ainsi dans la musique envoûtante de Draghi, au flot continu principalement constitué de récitatifs ornés dans le style de Cavalli et accompagnés par un orchestre particulièrement imaginatif, souvent en opposition. Les airs sont assez rares, tout comme les interventions du chœur, le tout se rapprochant nettement de l’opéra vénitien.
On est moins convaincu en revanche par l’intrigue, particulièrement confuse avec sa douzaine de personnages. Il s’agit semble-t-il de la première adaptation du mythe de Prométhée en musique, vaguement inspirée de Calderón, dont Draghi ne reprend que certains éléments spectaculaires, du vol du feu à la punition divine, tout en lui ajoutant rivalités amoureuses et relations conflictuelles entre hommes et Dieux. On ne relatera pas le détail de l’intrigue, mais force est de constater que le travail de Laurent Delvert (ancien assistant de Denis Podalydès) n’aide pas à la démêler. C’est là sa première mise en scène, réalisée en peu de temps en reprenant les travaux préparatoires de Gustavo Tambascio, décédé en début d’année sans pouvoir achever la production. Le parti pris des deux hommes joue la carte du visuel, en proposant une scénographie de toute beauté, avec des costumes originaux pour les Dieux, inspirés du monde marin. L’idée forte consiste à transposer l’action humaine dans un cabinet de curiosités d’où Prométhée joue à l’apprenti sorcier avec sa statue devenue humaine – à l’instar de Frankenstein. Les éléments de décor minimalistes et symboliques séduisent à la découverte, mais ennuient rapidement ensuite tant leur usage se borne à la seule esthétique visuelle. On ne parlera pas de la direction d’acteurs, au statisme lassant hormis le personnage du Satyre, tandis que les quelques éléments comiques sont peu mis en avant. Un travail néanmoins cohérent dans son parti pris, mais qui ressemble par trop à un beau magazine de mode sur papier glacé.
Fort heureusement, le plateau vocal réuni se montre de belle qualité, au premier rang duquel la toujours lumineuse Mariana Flores (Tetis, La Estatua), tout autant qu’Ana Quintans (Minerva), à l’émission toute en rondeur et en sensibilité. On retiendra aussi le superlatif Mercure de Zachary Wilder, très sonore, tandis que Fabio Trümpy (Prometée) déçoit en début de représentation avec des aigus mal maîtrisés et quelques décalages avec la fosse, avant de convaincre davantage par la suite. Borja Quiza est un Satyre formidable de conviction, d’une fraîcheur d’intention et d’une qualité vocale admirable dans les attaques et la prononciation. Leonardo Garciá Alarcón dirige avec une attention toujours aussi soutenue son bel ensemble Cappella Mediterranea: on retrouvera le chef argentin dès le 6 juillet prochain au festival de Beaune dans l’oratorio Samson de Haendel.
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