mardi 24 décembre 2019

« Casse-Noisette » de Piotr Ilyitch Tchaïkovski - Kader Belarbi - Opéra de Toulouse - 22/12/2019


Traditionnel mets de choix pour les fêtes, Casse-Noisette revient à Toulouse dans la production imaginée en 2017 par Kader Belarbi. Le travail du directeur du Ballet du Capitole (depuis 2012) surprend d’emblée par les libertés prises avec le chef-d’œuvre bien connu de Tchaïkovski, en modifiant plusieurs pans de l’histoire et en ajoutant quelques compositions dues à Anthony Rouchier. Belarbi a la bonne idée de placer Drosselmeyer au centre du livret, tel un Monsieur Loyal aux pouvoirs magiques qui manipule les enfants pour mieux les embarquer en de rocambolesques péripéties au II. On retrouve là une idée qui nous avait beaucoup séduit dans l’adaptation réalisée par Youri Vamos, à Karlsruhe l’an passé, avec toutefois davantage de poésie.

La première partie dans l’orphelinat déçoit en effet par une direction d’acteur bon enfant, par trop surlignée dans ses postures redondantes (scènes de chahut, autoritarisme de la gouvernante, etc.) qui laissent peu de place à la danse proprement dite. La scène de bataille avec les araignées (qui remplacent ici les souris, sans que l’on comprenne l’intérêt de ce changement) apparaît bien cafouilleuse. La seconde partie du spectacle est heureusement plus convaincante dans son parti pris de lier les différents tableaux en une sorte de voyage initiatique, aussi délirant qu’original dans ces audaces visuelles. Belarbi prend en effet un malin plaisir à affubler ses danseurs de costumes extravagants et volontairement peu pratiques pour danser, comme une sorte de défi, il est vrai relevé haut la main en ce domaine.


On pense ainsi aux pieds palmés des soldats de plomb ou des grenouilles, sans parler des danseurs obèses dans le tableau en Arabie. La fin du spectacle laisse davantage de place à une danse plus apaisée, lorsque s’épanouit l’amour triomphant du Prince et Marie – nom de l’héroïne du conte d’Hoffmann, en lieu et place de Clara. Là encore, l’intérêt de ce changement laisse perplexe. De même, on n’aime guère les petits interludes de musique électronique enregistrés par Anthony Rouchier, qui revisitent certaines mélodies ou se superposent parfois avec l’orchestre – une pratique décidément courante à Toulouse (voir la récente Norma).

Autour de cette proposition qui semble s’adresser davantage aux tout-petits, la troupe du Ballet du Capitole impressionne tout du long, tout particulièrement le couple amoureux, admirable de grâce et de naturel. Dans la fosse, Marius Stieghorst s’éloigne de toute lecture grandiloquente pour privilégier des textures allégées et transparentes, faisant ressortir de nombreux détails de l’orchestration dans les contrechants notamment. On perd ainsi en émotion et en souffle lyrique ce que l’on gagne en précision: à ce jeu-là, le chef allemand réussit davantage les parties verticales, toutes de vitalité et de couleurs.

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