Spécialiste de la musique américaine du XXe siècle pour l’éditeur Naxos, Arthur Fagen (né en 1951)
s’intéresse cette fois aux méconnus compositeurs noirs américains
William Dawson (1899-1990) et Ulysses Kay (1917-1995).
Si la Negro Folk Symphony (1934) de Dawson a l’honneur d’une
création à Philadelphie par rien moins que Leopold Stokowski, et ce dès
1934, l’ouvrage ne parvient pas à s’imposer par la suite, le compositeur
semblant abandonner la grande forme pour privilégier les ouvrages pour
chœur a capella ou avec piano. Lors de la révision de la
symphonie en 1952 (version ici enregistrée), l’ajout de rythmes
africains confirme le goût du compositeur pour une coloration en lien
avec l’intérêt manifesté pour la recherche de ses origines, à l’instar
de sa passion pour les negro spirituals.
La symphonie reste toutefois arrimée à un langage postromantique peu
aventureux, heureusement portée par un souffle mélodique au charme
immédiat – notamment dans son deuxième mouvement, le plus réussi. La
version proposée par Fagen joue la carte d’un équilibre entre les
pupitres, en une respiration harmonieuse, là où Stokowski (1963, réédité
par Deutsche Grammophon en 2007) s'appuyait davantage sur les
contrastes et les couleurs, avec la mise en valeur des interventions aux
bois. On préfère grandement la version plus nerveuse, d’une admirable
vivacité, proposée par Neeme Järvi avec l’Orchestre symphonique de
Detroit (1992, rééditée par Chandos en 2001), qui rendit un bel hommage au compositeur, peu de temps après son décès.
Le disque est complété par deux ouvrages symphoniques d’Ulysses Kay, un
compositeur autrement plus prolifique que son aîné, notamment dans le
domaine lyrique, avec cinq opéras. Ses Fantasy Variations (1963)
montrent un tempérament plus aventureux dans l’exploration des
dissonances à la frontière de la tonalité, à la manière de son
professeur et modèle Paul Hindemith. L’ouvrage joue des oppositions
massives entre cordes et cuivres, en un style spectaculaire mais jamais
lourd, d’une belle facture d’ensemble. Le mouvement symphonique Umbrian Scene
(1963), dont le titre évoque la période d’études romaine de Kay,
surprend par un ton plus apaisé en comparaison, aux subtiles et
mystérieuses variations d’atmosphère.
Arthur Fagen se montre moins inspiré que dans la pièce précédente, du
fait de tempi étirés et d’une lecture linéaire, mais le disque constitue
globalement un bon second choix, surtout pour son programme
passionnant, à même de convaincre les plus curieux.
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