mercredi 4 novembre 2020

Oeuvres de William Dawson et Ulysses Kay - Arthur Fagen - Disque Naxos

Spécialiste de la musique américaine du XXe siècle pour l’éditeur Naxos, Arthur Fagen (né en 1951) s’intéresse cette fois aux méconnus compositeurs noirs américains William Dawson (1899-1990) et Ulysses Kay (1917-1995). 
 
Si la Negro Folk Symphony (1934) de Dawson a l’honneur d’une création à Philadelphie par rien moins que Leopold Stokowski, et ce dès 1934, l’ouvrage ne parvient pas à s’imposer par la suite, le compositeur semblant abandonner la grande forme pour privilégier les ouvrages pour chœur a capella ou avec piano. Lors de la révision de la symphonie en 1952 (version ici enregistrée), l’ajout de rythmes africains confirme le goût du compositeur pour une coloration en lien avec l’intérêt manifesté pour la recherche de ses origines, à l’instar de sa passion pour les negro spirituals. 
 
La symphonie reste toutefois arrimée à un langage postromantique peu aventureux, heureusement portée par un souffle mélodique au charme immédiat – notamment dans son deuxième mouvement, le plus réussi. La version proposée par Fagen joue la carte d’un équilibre entre les pupitres, en une respiration harmonieuse, là où Stokowski (1963, réédité par Deutsche Grammophon en 2007) s'appuyait davantage sur les contrastes et les couleurs, avec la mise en valeur des interventions aux bois. On préfère grandement la version plus nerveuse, d’une admirable vivacité, proposée par Neeme Järvi avec l’Orchestre symphonique de Detroit (1992, rééditée par Chandos en 2001), qui rendit un bel hommage au compositeur, peu de temps après son décès. 
 
Le disque est complété par deux ouvrages symphoniques d’Ulysses Kay, un compositeur autrement plus prolifique que son aîné, notamment dans le domaine lyrique, avec cinq opéras. Ses Fantasy Variations (1963) montrent un tempérament plus aventureux dans l’exploration des dissonances à la frontière de la tonalité, à la manière de son professeur et modèle Paul Hindemith. L’ouvrage joue des oppositions massives entre cordes et cuivres, en un style spectaculaire mais jamais lourd, d’une belle facture d’ensemble. Le mouvement symphonique Umbrian Scene (1963), dont le titre évoque la période d’études romaine de Kay, surprend par un ton plus apaisé en comparaison, aux subtiles et mystérieuses variations d’atmosphère. 
 
Arthur Fagen se montre moins inspiré que dans la pièce précédente, du fait de tempi étirés et d’une lecture linéaire, mais le disque constitue globalement un bon second choix, surtout pour son programme passionnant, à même de convaincre les plus curieux. 

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