On ne présente plus le Trio Wanderer, formé en 1987, qui poursuit depuis plusieurs années son exploration du répertoire de la musique de chambre avec son fidèle éditeur Harmonia Mundi. Après deux trios gravés en 2004, il revient à Chostakovitch en s’intéressant à l’un de ses plus parfaits chefs-d’œuvre, le Quintette avec piano (1940), proche de la contemporaine Sixième Symphonie par sa perfection formelle et sa fluidité. On retrouve ici le style apaisé, clair et serein du Trio (ici augmenté des forces de Catherine Montier et Christophe Gaugué), qui convient idéalement à cet ouvrage. On est aux antipodes de cette excellente version russe, plus nerveuse, récemment éditée par Melodiya: deux approches passionnantes dans leur confrontation.
Le disque est peut-être plus encore à chérir pour ses méconnues Romances sur des poèmes d’Alexandre Blok
(1967), autre chef-d’œuvre composé alors que la santé de Chostakovitch
se dégrade irrémédiablement. Ce cycle de mélodies a pour originalité de
varier la combinaison de l’accompagnement instrumental pour chacune des
romances. Il en résulte une subtile variation de coloris, unifiés à
chaque fois par les interventions dramatiques de la mezzo-soprano. On ne
pourra que se féliciter d’avoir fait appel à l’incarnation tour à tour
vibrante et délicate d’Ekaterina Semenchuk (née en 1976), dont les
moyens techniques superlatifs, entre rondeur de l’émission et beauté des
graves, font merveille. Un très grand disque.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire