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Jonathan Nott |
Classé au patrimoine mondial de l’Unesco, le centre historique
moyenâgeux de Bamberg figure parmi les mieux préservé d’Allemagne, en
ayant échappé aux bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Cette
ville moyenne d’environ 80 000 habitants peut également s’enorgueillir
d’accueillir un des plus prestigieux orchestres du pays, fondé en 1946
et financé depuis plusieurs années par le land de Bavière. Si la
formation assure régulièrement des concerts hors les murs, notamment à
Baden‑Baden,
c’est bien entendu une émotion particulière que de l’entendre dans son
lieu de résidence, construit en 1993 et rénové en 2009. Nommée en
mémoire du fondateur de l’orchestre, Joseph Keilberth, la salle
principale de 1 400 places (contre 700 pour la seconde) a pour elle de
belles lignes élégantes, où le bois domine, tout en accueillant un orgue
monumental en fond de scène.
On déchante pourtant rapidement, tant l’acoustique de la salle rend trop sonores les premiers tutti de La Petite Sirène
(1905) de Zemlinsky, nous privant des détails attendus pour mettre en
valeur les interventions des différents pupitres. L’autre motif de
déception vient de la direction décousue de l’ancien Chefdirigent
emblématique de la formation (entre 2000 et 2016), Jonathan Nott (né
en 1962), qui surjoue les variations de tempo, en étirant à l’excès les
passages lents (comme l’introduction lente, aux couleurs évanescentes et
diaphanes) en contraste avec les parties enlevées, plus cravachées en
comparaison. Comme attendu pour ce chef jadis directeur musical de
l’Ensemble intercontemporain à Paris, toute effusion expressive est
soigneusement évitée, tout en allégeant soigneusement les textures, le
tout sans vibrato. L’ensemble sonne plus moderne, en valorisant
davantage les richesses harmoniques que l’ivresse mélodique des passages
empreints de merveilleux, proches du style de Humperdinck.
Le programme du concert, très bien conçu puisqu’il réunit deux ouvrages
créés le même jour (le 25 janvier 1905), du professeur et de son élève,
se poursuit après l’entracte avec Pelléas et Mélisande (1905) de
Schönberg. Le chef britannique semble plus à son aise avec l’un de ses
compositeurs de prédilection, même si cet ouvrage tonal fait entendre
une première manière encore tournée vers le romantisme straussien
opulent. Le futur inventeur du dodécaphonisme semble toutefois déjà à la
recherche de sonorités originales, que ce soient dans les teintes
grises du début jusqu’aux mélodies peu développées semblant tourner sur
elles‑mêmes, en une polyphonie complexe. Les enchaînements semblent plus
fluides dans cette battue toujours objective, d’une sûreté technique
affûtée, malgré quelques décalages dans les attaques aux cuivres.
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