Après la réussite de sa mise en scène des « Trente-neuf Marches »,
Éric Métayer s’attaque à
« Julie des Batignolles », un « polar à l’ancienne ». Une pièce de
boulevard de piètre qualité qui sonne comme un accident de parcours.
Le succès se fait parfois attendre. En 2009, à tout juste 50 ans,
le comédien et metteur en scène Éric Métayer a connu ce bonheur avec les Trente‑neuf Marches,
une pièce récompensée par le Molière du Spectacle comique et celui de
la Meilleure Adaptation. Un triomphe amplement mérité pendant
trois ans au Théâtre de la Bruyère, suivi d’une tournée à travers
toute la France qui n’est pas encore achevée.
Avec la pièce Julie des Batignolles, Métayer choisit à
nouveau un projet proche de l’adaptation cinématographique, une sorte de
polar à l’ancienne truffé de truands minables
et gouailleurs, embarqués dans une aventure rocambolesque
d’enlèvement qui tourne mal. Les répliques fusent à la manière d’Audiard
sans pour autant approcher le génie du célèbre dialoguiste. Et
le doute s’installe rapidement. Pourquoi ce choix d’une pièce qui
peine à dépasser le niveau d’un boulevard, multipliant les situations
convenues et les reparties faciles ?
Une pièce ratée
Avec une telle matière, toutes les audaces de mise en scène du
précédent spectacle deviennent impossibles. Les rares tableaux mimés
dans un rythme endiablé en interstice au récit n’apportent
pas grand-chose à l’action, et leur réalisation même paraît
bâclée. On est également déçu par la création lumière de
Philippe Quillet, qui ne parvient pas à imposer la moindre poésie à
l’ensemble. Manque de préparation ? Contraintes techniques dues à
une scène trop exiguë ?
Côté comédiens, l’expérience précieuse de Thierry Liagre dans le
rôle du faux naïf rappelle parfois l’immense Bernard Blier, tandis que
Philippe Lelièvre, bien connu des jeunes
générations qui l’ont découvert en professeur de théâtre dans
l’émission de télé-réalité « Star Academy », campe un convaincant
cerveau incapable de contrôler son équipe. On
aurait sans doute aimé que Lelièvre accentue davantage encore les
possibilités comiques de son rôle à l’instar de sa comparse
Viviane Marcenaro, aux accents délicieusement vulgaires et
outranciers. Mais c’est un détail tant sa présence tranche avec la
jeune Manon Gilbert, encore un peu tendre pour son rôle difficile de
pimbêche haute en couleur. À ses côtés, le jeune
Kevin Métayer (fils d’Éric Métayer et Viviane Marcenaro) compose
un benêt très crédible, un rien plus maladroit dans sa romance avec la
captive.
Au final, un spectacle qui déplaira aux inconditionnels des Trente‑neuf Marches, et qui pourra intéresser quelque peu les amateurs de boulevard routinier et sans grand
esprit.
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