Privé d’intrigue, le
dernier épisode de la trilogie des Cadouin multiplie les provocations
creuses et finit par tourner en rond. L’excellence
des comédiens ne rattrape qu’à peine l’ensemble.
Rien de pire qu’une attente déçue, surtout lorsqu’elle émane d’un fan de la première heure. Il faut dire que les deux premiers opus de la trilogie des Cadouin (Monsieur Martinez, créé au Théâtre des Bains-Douches au Havre en 2008, puis Brita Baumann, au Théâtre 13 en 2011) avaient visé très haut. Une peinture sociale au vitriol de petites gens façon Deschiens et un humour décalé, noir et dévastateur, emportaient tout sur leur passage.
* On retrouvera ainsi avec délice le premier épisode donné dans les salons du château à Morsang-sur-Orge (91), le 8 février 2013.
Rien de pire qu’une attente déçue, surtout lorsqu’elle émane d’un fan de la première heure. Il faut dire que les deux premiers opus de la trilogie des Cadouin (Monsieur Martinez, créé au Théâtre des Bains-Douches au Havre en 2008, puis Brita Baumann, au Théâtre 13 en 2011) avaient visé très haut. Une peinture sociale au vitriol de petites gens façon Deschiens et un humour décalé, noir et dévastateur, emportaient tout sur leur passage.
La trilogie, conçue comme telle au début, permet de voir chaque
épisode de manière indépendante, sans aucun lien entre eux, si ce n’est
qu’une famille Cadouin à chaque fois différente, à
travers des lieux ou époques diverses, en est le centre. Chacun va
se liguer contre une victime qui accepte son sort, résignée. Avec leur
teint pâle et leurs cernes prononcés, tous les
personnages maquillés comme des morts-vivants donnent un sentiment
d’étrangeté surréaliste qui défie le réalisme du propos, sordide et
cru.
La menace de la guillotine
La Marquise de Cadouin se déroule en 1793 sous la crainte
de la guillotine. Toute la famille noble des Cadouin se terre dans un
appartement misérable, accompagnée
du brave Abbé Joseph Billaud. La malheureuse servante Marguerite
est le jouet de toutes les ambitions minables des hommes qui
l’entourent, aussi bien en tant qu’objet sexuel possédé
sous les yeux passifs de son mari Brutus, que de faire-valoir
artistique d’un inverti pathétique, le Baron Charles-Amédée de Cadouin
dit « Marie-Agrippine ».
Hormis Brutus, tous les personnages occupent la scène avant la
sortie fatidique finale, déambulant comme des fantômes dans un logis qui
ressemble à un tombeau. Chacun suit un chemin
obsessionnel qui le conduit à éviter l’autre, de l’abbé passionné
par son jeu solitaire de soldats de plomb aux représentations théâtrales
de Marie-Agrippine. Les hommes copulent, encore
et toujours. La vieille marquise (irrésistible Charlotte Laemmel),
sénile et incontinente, éructe, toujours décalée, souvent drôle.
Était-il besoin cependant de la voir mimer, avec les
autres, des scènes inutiles et redondantes de défécation ?
L’excellence des comédiens
Si Gaëtan Peau cabotine quelque peu en « folle » outrancière,
l’humoriste Jean-Jacques Vanier compose quant à lui un abbé aussi
écervelé que savoureux. Mais on pourra
évidemment regretter la minceur de son rôle, qui ne lui permet pas
de montrer toute la palette de son talent. Olivier Faliez (le Comte
Clotaire-Henri de Cadouin) se montre
encore une fois impeccable, tout comme la servante
Juliette Coulon, délicieusement naïve.
Mais tout le talent de ces interprètes ne parvient pas à faire
oublier la faiblesse de l’argument. Rapidement, les situations se
reproduisent sans se renouveler, tandis que les comédiens
tournent en rond, cernés par un texte privé d’intrigue et un
manque d’épaisseur psychologique. La tendresse sous-jacente entre
certains personnages, si importante dans les deux premiers
épisodes, a disparu. Dès lors, les visions cauchemardesques qui
entrecoupent le récit à base de provocations sordides indiffèrent, tant
le propos général ne passionne pas.
La mise en scène discrète de Quentin Defalt, tout comme les
comédiens, n’y peut rien. Ce troisième opus bien décevant laisse un goût
d’inachevé tant les deux premiers épisodes *
se situaient à un autre niveau.
* On retrouvera ainsi avec délice le premier épisode donné dans les salons du château à Morsang-sur-Orge (91), le 8 février 2013.
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