Créée à Cobourg l’an passé, la nouvelle production de Lohengrin
présentée à Rennes en ce début d’année séduit d’emblée par sa
scénographie en forme de huis clos oppressant. Le décor unique pendant
les trois actes semble ne faire qu’un avec la petite salle bretonne et
s’avère particulièrement efficace, même s’il n’innove guère. La
concentration se fait immédiatement autour d’un vaste gradin frontal qui
occupe la quasi-totalité de la scène, ouvert opportunément pour offrir
une entrée (ou une sortie) en majesté à Lohengrin lors de chaque acte.
Seuls quelques rares espaces au-devant et sur les côtés échappent à
cette emprise, tandis qu’une rampe permet aux personnages d’aller et
venir depuis une loge d’orchestre.
Autour de l’opposition entre bien et mal, classiquement symbolisée par le blanc et le noir dans les costumes, l’action est transposée pendant la Seconde Guerre mondiale, en une vaste salle de renseignement très affairée où le Roi et son Héraut s’expriment au micro. La mise en scène de Carlos Wagner – aucun lien de parenté avec le compositeur – reste très fidèle à l’œuvre originale par son respect de l’urgence propre à la nécessité de trouver un sauveur en ces temps troublés, se concentrant sur une direction d’acteur nerveuse et mouvante, particulièrement au niveau de l’excellent chœur – véritable acteur de ce huis clos. C’est probablement cette disposition des voix qui donne un impact si fort pendant toute la représentation, permettant de distinguer chaque individualité de timbres sur les gradins.
Côté solistes, le plateau se montre très homogène, hormis le choix très contestable du rôle-titre chanté par Christian Voigt, constamment à la peine. Une voix à l’émission étroite, qui peine à déployer un timbre bien terne. La ligne de chant elle-même semble mise à mal par une voix incapable de se poser. Difficulté technique d’un soir ou usure prématurée de la voix? Le silence gêné du public, après avoir offert un tonnerre d’applaudissement à l’Ortrud de Catherine Hunold, marquait bien la déception d’une soirée inaboutie faute d’un Lohengrin convenable. Drapée d’une longue robe noire, la soprano dramatique française a encore une fois imposé son sens du théâtre. Une présence vocale aussi, superbement projetée dans les aigus, avec des graves séduisants, même si l’on pourra encore lui reprocher quelques approximations dans les accélérations – faisant l’impasse sur quelques notes devenues inaudibles. C’est particulièrement net dans son duo avec Anton Keremidtchiev, familier du rôle de Telramund (voir ici), tant le Bulgare fait preuve d’une intonation précise et d’une déclamation éloquente, véritable valeur sûre pendant toute la soirée.
Autre satisfaction avec l’Elsa toute de fragilité de Kirsten Chambers, petite voix subtile et touchante, parfaitement en phase avec la vision d’une chose hallucinée, au regard hagard, voulue par Carlos Wagner comme un double de Marie – annonciatrice du Sauveur. A ses côtés, Gregory Frank compose un Roi tout de noblesse dans la déclamation, à la projection idéale, tandis que Nikolaï Efremov offre un superlatif Héraut. Après un début hésitant aux cordes dans le Prélude, Rudolf Piehlmayer conduit l’Orchestre de Bretagne avec une belle vigueur, toujours attentif à ne pas couvrir ses chanteurs, en une direction équilibrée et respectueuse de l’œuvre.
Un spectacle qui aura séduit le public breton, et ce bien avant la première donnée fin janvier, affichant complet pour les quatre représentations données à Rennes. De quoi réconforter les choix de cette maison d’opéra qui, avec son petit budget, se hisse très souvent au niveau de ses consœurs mieux dotées.
Autour de l’opposition entre bien et mal, classiquement symbolisée par le blanc et le noir dans les costumes, l’action est transposée pendant la Seconde Guerre mondiale, en une vaste salle de renseignement très affairée où le Roi et son Héraut s’expriment au micro. La mise en scène de Carlos Wagner – aucun lien de parenté avec le compositeur – reste très fidèle à l’œuvre originale par son respect de l’urgence propre à la nécessité de trouver un sauveur en ces temps troublés, se concentrant sur une direction d’acteur nerveuse et mouvante, particulièrement au niveau de l’excellent chœur – véritable acteur de ce huis clos. C’est probablement cette disposition des voix qui donne un impact si fort pendant toute la représentation, permettant de distinguer chaque individualité de timbres sur les gradins.
Côté solistes, le plateau se montre très homogène, hormis le choix très contestable du rôle-titre chanté par Christian Voigt, constamment à la peine. Une voix à l’émission étroite, qui peine à déployer un timbre bien terne. La ligne de chant elle-même semble mise à mal par une voix incapable de se poser. Difficulté technique d’un soir ou usure prématurée de la voix? Le silence gêné du public, après avoir offert un tonnerre d’applaudissement à l’Ortrud de Catherine Hunold, marquait bien la déception d’une soirée inaboutie faute d’un Lohengrin convenable. Drapée d’une longue robe noire, la soprano dramatique française a encore une fois imposé son sens du théâtre. Une présence vocale aussi, superbement projetée dans les aigus, avec des graves séduisants, même si l’on pourra encore lui reprocher quelques approximations dans les accélérations – faisant l’impasse sur quelques notes devenues inaudibles. C’est particulièrement net dans son duo avec Anton Keremidtchiev, familier du rôle de Telramund (voir ici), tant le Bulgare fait preuve d’une intonation précise et d’une déclamation éloquente, véritable valeur sûre pendant toute la soirée.
Autre satisfaction avec l’Elsa toute de fragilité de Kirsten Chambers, petite voix subtile et touchante, parfaitement en phase avec la vision d’une chose hallucinée, au regard hagard, voulue par Carlos Wagner comme un double de Marie – annonciatrice du Sauveur. A ses côtés, Gregory Frank compose un Roi tout de noblesse dans la déclamation, à la projection idéale, tandis que Nikolaï Efremov offre un superlatif Héraut. Après un début hésitant aux cordes dans le Prélude, Rudolf Piehlmayer conduit l’Orchestre de Bretagne avec une belle vigueur, toujours attentif à ne pas couvrir ses chanteurs, en une direction équilibrée et respectueuse de l’œuvre.
Un spectacle qui aura séduit le public breton, et ce bien avant la première donnée fin janvier, affichant complet pour les quatre représentations données à Rennes. De quoi réconforter les choix de cette maison d’opéra qui, avec son petit budget, se hisse très souvent au niveau de ses consœurs mieux dotées.
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