On doit aux recherches de Benoît Riou et à la curiosité de Michel
Piquemal la redécouverte de la musique de Martial Caillebotte
(1853-1910), frère du célèbre peintre impressionniste. Infatigable
touche à tout, le cadet des frères Caillebotte s’est tout autant
passionné pour la photographie – une exposition au musée
Jacquemart-André s’en est fait l’écho en 2011 – que pour la faïence
ancienne ou la philatélie. C’est bien cependant la composition qui était
la principale occupation de cet héritier richissime dégagé des
contingences matérielles, peu intéressé par la nécessité de faire
connaître ses œuvres – très peu éditées de son vivant comme après sa
mort. Mais là où son parfait contemporain Ernest Chausson, lui aussi
financièrement aisé, avait l’ambition de se faire un nom, Martial
Caillebotte resta dans l’ombre de ses frères. La musique de cet élève
d’Antoine Marmontel et Théodore Dubois se ressent de l’influence de
Wagner, immédiatement perceptible, mais également française avec des
transitions fluides et une absence d’emphase.
Des qualités déjà perçues dans le premier enregistrement mondial de la Messe solennelle de Pâques, son chef-d’œuvre de la pleine maturité composé en 1896 et enregistré par Michel Piquemal et son Chœur Vittoria voilà trois ans. On retrouve ces interprètes dans un disque consacré aux œuvres vocales de Martial Caillebotte, toutes issues des années 1880. La position éminente de son frère Alfred, curé de la paroisse de Notre-Dame-de-Lorette de 1886 à 1896, explique l’importance de sa production religieuse dans un catalogue quantitativement modeste.
Avec le Dies Irae, composé en 1882, Caillebotte convoque un grand orchestre qui s’appuie sur les teintes sombres d’un chœur omniprésent, en contraste avec les différentes interventions solistes, plus lumineuses. La souplesse des transitions impressionne tant le flux continu s’écoule harmonieusement – les phrases interrompues rappelant Bruckner sans pour autant recourir à une orchestration trop cuivrée, sans effets de masse ou silences prolongés, aux dissonances rares. Le timbre clair de Philippe Do fait merveille, mais c’est surtout Karine Deshayes, très impliquée, qui convainc pleinement avec ses couleurs charnues.
Changement d’atmosphère avec Une Journée (1889), sorte de suite pour orchestre entrecoupée de passages pour récitant seul. Variant habilement les climats, Caillebotte déploie toutes les facettes de son imagination mélodique, en une orchestration toujours subtile, tandis que le chœur n’intervient pratiquement pas. La direction équilibrée de Michel Piquemal respire sans perdre de vue l’architecture globale, bien soutenu par un Orchestre Pasdeloup en forme. On est moins convaincu en revanche par les passages poétiques (dus à Edouard Blau, colibrettiste du Cid de Massenet – entre autres) récités par Eric Génovèse, un peu raide. Avec le Psaume 132 (1887), dernière œuvre gravée sur ce disque, Caillebotte loue la fraternité en une musique lumineuse et gracieuse, en évitant là encore toute emphase. Le Chœur Vittoria fait à nouveau valoir ses qualités de cohésion – le tout parfaitement capté autour d’une réverbération adéquate.
Autant de raisons de se précipiter sur un disque – superbe hommage à un compositeur méconnu – qui bénéficie de surcroît d’un minutage généreux et d’un livret très instructif.
Des qualités déjà perçues dans le premier enregistrement mondial de la Messe solennelle de Pâques, son chef-d’œuvre de la pleine maturité composé en 1896 et enregistré par Michel Piquemal et son Chœur Vittoria voilà trois ans. On retrouve ces interprètes dans un disque consacré aux œuvres vocales de Martial Caillebotte, toutes issues des années 1880. La position éminente de son frère Alfred, curé de la paroisse de Notre-Dame-de-Lorette de 1886 à 1896, explique l’importance de sa production religieuse dans un catalogue quantitativement modeste.
Avec le Dies Irae, composé en 1882, Caillebotte convoque un grand orchestre qui s’appuie sur les teintes sombres d’un chœur omniprésent, en contraste avec les différentes interventions solistes, plus lumineuses. La souplesse des transitions impressionne tant le flux continu s’écoule harmonieusement – les phrases interrompues rappelant Bruckner sans pour autant recourir à une orchestration trop cuivrée, sans effets de masse ou silences prolongés, aux dissonances rares. Le timbre clair de Philippe Do fait merveille, mais c’est surtout Karine Deshayes, très impliquée, qui convainc pleinement avec ses couleurs charnues.
Changement d’atmosphère avec Une Journée (1889), sorte de suite pour orchestre entrecoupée de passages pour récitant seul. Variant habilement les climats, Caillebotte déploie toutes les facettes de son imagination mélodique, en une orchestration toujours subtile, tandis que le chœur n’intervient pratiquement pas. La direction équilibrée de Michel Piquemal respire sans perdre de vue l’architecture globale, bien soutenu par un Orchestre Pasdeloup en forme. On est moins convaincu en revanche par les passages poétiques (dus à Edouard Blau, colibrettiste du Cid de Massenet – entre autres) récités par Eric Génovèse, un peu raide. Avec le Psaume 132 (1887), dernière œuvre gravée sur ce disque, Caillebotte loue la fraternité en une musique lumineuse et gracieuse, en évitant là encore toute emphase. Le Chœur Vittoria fait à nouveau valoir ses qualités de cohésion – le tout parfaitement capté autour d’une réverbération adéquate.
Autant de raisons de se précipiter sur un disque – superbe hommage à un compositeur méconnu – qui bénéficie de surcroît d’un minutage généreux et d’un livret très instructif.
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