Emblématique représentant du Regietheater, Calixto Bieito reste
pratiquement inconnu en France. Il effectue en effet depuis quinze ans
l’essentiel de sa carrière en Allemagne, avec quelques exceptions
récentes à Anvers (Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny et Lady Macbeth du district de Mtsensk) ou Zurich (Les Soldats).
A chaque fois, un parfum de scandale précède ses productions, le public
s’interrogeant sur le degré de nudité et de violence instillé dans
l’œuvre adaptée. Rien qui ne surprenne désormais le public de l’Opéra de
Stuttgart, habitué au travail de Bieito, régulièrement accueilli dans
la capitale du Bade-Wurtemberg. C’est précisément sa toute première mise
en scène réalisée en 2007 que Stuttgart remet cette année à l’honneur,
avec Jenůfa de Janácek.
Pas de scandale cette fois, le metteur en scène espagnol se contentant d’une transposition cohérente en un contexte ouvrier, où l’héroïne trie des vêtements dans un vaste espace qui figure une usine désaffectée. Autour de cette ambiance sinistre, seulement teintée des lumières orange d’une fonderie voisine, les personnages secondaires jouent au ping-pong et se rient dès l’ouverture du drame à venir. Rapidement, le déchaînement hystérique et bestial de la foule fait place à la scène resserrée lors du deuxième acte, où l’on entend les cris du bébé pendant l’action. Les chaises valsent au dernier acte, transformé en un immense atelier de couture. Autant d’ajouts qui mettent parfois la musique au second plan, la mise en scène n’hésitant pas à prendre le pouvoir. L’idée la plus contestable est certainement le long silence ajouté lors du finale, avant le tout dernier duo entre Jenůfa et Laca. La grande force du travail de Bieito consiste cependant à ne jamais relâcher la bride d’une tension étouffante, à l’impact saisissant dans les scènes de foule.
Il faut dire que la direction de Sylvain Cambreling accentue le dramatisme dès les premières mesures de l’opéra. Attaques sèches et abruptes, exaltation des contrastes, l’atmosphère est irrespirable. Assez raide, cette vision s’assouplit habilement dès le deuxième acte pour clore l’œuvre en un tempo plus mesuré, laissant percevoir des détails inattendus. Dommage que l’orchestre couvre parfois les chanteurs. Un problème acoustique, sans doute dû à une sonorisation excessive de la fosse au détriment de la scène, audible à l’orchestre comme au premier balcon. Seul Gergely Németi (Steva) se fait piéger par ce déséquilibre, peinant à déployer son timbre subtil. Rien de tel pour l’impériale Angela Denoke, vivement applaudie à l’issue de la représentation. Si l’aigu s’est un peu durci, elle imprime à sa Kostelnicka un jeu théâtral captivant de bout en bout. Elle n’est pas pour rien dans l’émotion qui affleure au dernier acte, bouleversant. A ses côtés, Rebecca von Lipinski compose une touchante Jenůfa, très à l’aise vocalement. Mais c’est encore une fois l’impeccable Pavel Cernoch (Laca) qui rayonne de son chant clair parfaitement articulé et projeté. Autre satisfaction avec la Grand-mère Burya de Renate Behle, aux graves saisissants, ou la Femme du maire de Maria Theresa Ullrich, pétillante dans son court rôle. Assurément, un spectacle d’une très belle tenue, au plateau vocal de luxe.
Pas de scandale cette fois, le metteur en scène espagnol se contentant d’une transposition cohérente en un contexte ouvrier, où l’héroïne trie des vêtements dans un vaste espace qui figure une usine désaffectée. Autour de cette ambiance sinistre, seulement teintée des lumières orange d’une fonderie voisine, les personnages secondaires jouent au ping-pong et se rient dès l’ouverture du drame à venir. Rapidement, le déchaînement hystérique et bestial de la foule fait place à la scène resserrée lors du deuxième acte, où l’on entend les cris du bébé pendant l’action. Les chaises valsent au dernier acte, transformé en un immense atelier de couture. Autant d’ajouts qui mettent parfois la musique au second plan, la mise en scène n’hésitant pas à prendre le pouvoir. L’idée la plus contestable est certainement le long silence ajouté lors du finale, avant le tout dernier duo entre Jenůfa et Laca. La grande force du travail de Bieito consiste cependant à ne jamais relâcher la bride d’une tension étouffante, à l’impact saisissant dans les scènes de foule.
Il faut dire que la direction de Sylvain Cambreling accentue le dramatisme dès les premières mesures de l’opéra. Attaques sèches et abruptes, exaltation des contrastes, l’atmosphère est irrespirable. Assez raide, cette vision s’assouplit habilement dès le deuxième acte pour clore l’œuvre en un tempo plus mesuré, laissant percevoir des détails inattendus. Dommage que l’orchestre couvre parfois les chanteurs. Un problème acoustique, sans doute dû à une sonorisation excessive de la fosse au détriment de la scène, audible à l’orchestre comme au premier balcon. Seul Gergely Németi (Steva) se fait piéger par ce déséquilibre, peinant à déployer son timbre subtil. Rien de tel pour l’impériale Angela Denoke, vivement applaudie à l’issue de la représentation. Si l’aigu s’est un peu durci, elle imprime à sa Kostelnicka un jeu théâtral captivant de bout en bout. Elle n’est pas pour rien dans l’émotion qui affleure au dernier acte, bouleversant. A ses côtés, Rebecca von Lipinski compose une touchante Jenůfa, très à l’aise vocalement. Mais c’est encore une fois l’impeccable Pavel Cernoch (Laca) qui rayonne de son chant clair parfaitement articulé et projeté. Autre satisfaction avec la Grand-mère Burya de Renate Behle, aux graves saisissants, ou la Femme du maire de Maria Theresa Ullrich, pétillante dans son court rôle. Assurément, un spectacle d’une très belle tenue, au plateau vocal de luxe.
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