On doit à Charles Dutoit et Simon Rattle le regain d’intérêt, non démenti depuis la fin des années 1990, pour Le Roi Roger (1926), le deuxième et ultime opéra de Karol Szymanowski. En 2009,
l’entrée tardive de ce chef-d’œuvre au répertoire de l’Opéra de Paris
fera alors débat, tant la mise en scène pour le moins personnelle et
originale de Krzysztof Warlikowski en aura déconcerté plus d’un. Repris à
Madrid deux ans plus tard,
ce spectacle verra à chaque fois le rôle-titre confié à un baryton
d’exception, Mariusz Kwiecien, décidément incontournable puisqu’on le
retrouve encore en 2015,
à Cracovie et à Londres – pour le présent enregistrement. L’achat de
ce DVD peut ainsi se justifier pour la seule performance du Polonais,
toujours aussi impressionnant par son aisance scénique, sa force de
conviction et son engagement vocal. A ses côtés, l’honnête Berger de
Saimir Pirgu, au chant bien placé et projeté, déçoit par une
interprétation bien pâle en comparaison, tandis que la Roxane de Georgia
Jarman, sans convaincre totalement du fait d’un timbre peu séduisant,
prend davantage son rôle à cœur. On se félicite aussi de la direction
vivante et colorée d’Antonio Pappano, qui exalte les effluves vénéneux
de l’orchestration, lorgnant aussi bien vers Schreker que Scriabine. Un
régal de chaque instant.
S’agissant d’une entrée au répertoire, Covent Garden se montre cette fois plus prudent que Paris en optant pour une mise en scène consensuelle, mais non moins intéressante. L’idée scénographique initiale du Danois Kasper Holten apparaît d’emblée frappante avec un immense visage qui envahit toute la scène, tout en étant subtilement revisité par les différentes projections vidéo. Seulement surplombé du chœur réparti dans les multiples cavités en arc de cercle, ce visage symbolise le parcours initiatique de Roger, confronté plus encore à la découverte de lui-même que du monde qui l’entoure. Si le II fait logiquement la part belle aux affres du désir par l’adjonction de danseurs mi-nus rampants inéluctablement vers le sommet de la conscience de Roger, le III surprend par un parti pris plus politique en faisant référence aux autodafés intervenus suite à la prise de pouvoir des nazis en 1933. De quoi nous ramener aux temps sinistres qui ont suivi la composition de l’opéra... Une belle production, de surcroît à découvrir dans un confort sonore idéal.
S’agissant d’une entrée au répertoire, Covent Garden se montre cette fois plus prudent que Paris en optant pour une mise en scène consensuelle, mais non moins intéressante. L’idée scénographique initiale du Danois Kasper Holten apparaît d’emblée frappante avec un immense visage qui envahit toute la scène, tout en étant subtilement revisité par les différentes projections vidéo. Seulement surplombé du chœur réparti dans les multiples cavités en arc de cercle, ce visage symbolise le parcours initiatique de Roger, confronté plus encore à la découverte de lui-même que du monde qui l’entoure. Si le II fait logiquement la part belle aux affres du désir par l’adjonction de danseurs mi-nus rampants inéluctablement vers le sommet de la conscience de Roger, le III surprend par un parti pris plus politique en faisant référence aux autodafés intervenus suite à la prise de pouvoir des nazis en 1933. De quoi nous ramener aux temps sinistres qui ont suivi la composition de l’opéra... Une belle production, de surcroît à découvrir dans un confort sonore idéal.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire