Après un très beau Songe d’une nuit d’été présenté en avril dernier,
l’Opéra de Tours conclut sa saison lyrique avec un programme audacieux:
les deux ouvrages russes de Rimski-Korsakov et Tchaïkovski sont ainsi
donnés pour la première fois dans l’ancienne capitale royale de la
dynastie des Valois. On peut bien entendu s’interroger sur la pertinence
de réunir ces deux opéras en un acte dont les liens sont faibles de
prime abord. Le metteur en scène Dieter Kaegi justifie ce choix par sa
volonté de mettre en miroir les ouvrages lyriques ultimes des deux plus
célèbres compositeurs russes de leur temps. En réalité, le Suisse ne
cherche pas à relier les ouvrages dans sa mise en scène, et ce malgré la
présence d’un aveugle dans chaque histoire (le violoniste dans Mozart et Salieri et le rôle-titre dans Iolanta).
On se consolera avec la possibilité de bénéficier d’une distribution remarquable pour l’ouvrage de Rimski-Korsakov: la conversation musicale, plus austère, de Mozart et Salieri, se voit dotée de deux chanteurs d’exception, également à l’affiche de Iolanta, un ouvrage plus exigeant dans la virtuosité vocale exigée de ses interprètes. On se réjouit, aussi, de pouvoir comparer deux esthétiques musicales contemporaines et opposées. Tchaïkovski surprend tout du long en s’éloignant sensiblement des irrésistibles délices mélodiques du ballet Casse-Noisette (un ouvrage composé en même temps que Iolanta pour être donné lors d’une même soirée, comme à Paris voilà deux ans) afin d’embrasser des climats plus tourmentés, dans l’esprit de ses symphonies: les contrastes savoureux de Iolanta expliquent aujourd’hui le retour en grâce de cet ouvrage, et ce malgré un livret à l’issue problématique.
On se consolera avec la possibilité de bénéficier d’une distribution remarquable pour l’ouvrage de Rimski-Korsakov: la conversation musicale, plus austère, de Mozart et Salieri, se voit dotée de deux chanteurs d’exception, également à l’affiche de Iolanta, un ouvrage plus exigeant dans la virtuosité vocale exigée de ses interprètes. On se réjouit, aussi, de pouvoir comparer deux esthétiques musicales contemporaines et opposées. Tchaïkovski surprend tout du long en s’éloignant sensiblement des irrésistibles délices mélodiques du ballet Casse-Noisette (un ouvrage composé en même temps que Iolanta pour être donné lors d’une même soirée, comme à Paris voilà deux ans) afin d’embrasser des climats plus tourmentés, dans l’esprit de ses symphonies: les contrastes savoureux de Iolanta expliquent aujourd’hui le retour en grâce de cet ouvrage, et ce malgré un livret à l’issue problématique.
« Iolanta » |
Tchaïkovski choisit en effet d’adapter la pièce La Fille du Roi René
de Henrik Hertz, qui raconte comment Iolanta, une princesse aveugle et
recluse, retrouve la vue par la force de la volonté et de l’amour
naissant pour un jeune inconnu. Ce récit initiatique écrit en 1853
n’exploite malheureusement pas les possibilités symboliques qu’un
Maeterlinck n’aurait pas manqué de lui associer. Habilement, la
scénographie de Dieter Kaegi contourne l’obstacle en nous plongeant
d’emblée dans le cœur du drame, insistant sur la multitude des roses qui
cernent l’héroïne: au centre, c’est bien un lit en forme de tombeau qui
accueille la Princesse. L’ultime rebondissement final, imaginé par
Kaegi, sera ainsi le cri de désespoir d’une Princesse prisonnière de ses
illusions et incapable de grandir par le désir amoureux. Plus tôt dans
la soirée, la mise en scène de Mozart et Salieri montre une
inspiration plus relative en suivant le minimalisme de la musique. Un
unique piano au-devant de la scène servira ainsi d’abord d’instrument,
avant de se voir transformé en table de restaurant puis en tombeau: des
idées habiles et agréables, mais un peu sages.
On félicitera enfin l’Opéra de Tours pour sa capacité à réunir une distribution d’une remarquable homogénéité, jusque dans les moindres seconds rôles. Mischa Schelomianski (Roi René et Salieri) impose sa grande classe vocale dans chacune de ses interventions, à force d’émission profonde et de noblesse des phrasés: il n’est pas pour rien dans la réussite de la soirée. A ses côtés, Irakli Murjikneli (Mozart et Vaudemont) s’illustre par sa vaillance et sa tessiture large. On lui reprochera cependant quelques décalages notables avec la fosse. Anna Gorbachyova-Ogilvie compose une Iolanta criante de vérité, très à l’aise dramatiquement. Seules quelques duretés dans l’émission sont à l’œuvre ici et là, sans gêner outre mesure.
On félicitera enfin l’Opéra de Tours pour sa capacité à réunir une distribution d’une remarquable homogénéité, jusque dans les moindres seconds rôles. Mischa Schelomianski (Roi René et Salieri) impose sa grande classe vocale dans chacune de ses interventions, à force d’émission profonde et de noblesse des phrasés: il n’est pas pour rien dans la réussite de la soirée. A ses côtés, Irakli Murjikneli (Mozart et Vaudemont) s’illustre par sa vaillance et sa tessiture large. On lui reprochera cependant quelques décalages notables avec la fosse. Anna Gorbachyova-Ogilvie compose une Iolanta criante de vérité, très à l’aise dramatiquement. Seules quelques duretés dans l’émission sont à l’œuvre ici et là, sans gêner outre mesure.
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