Créé en 2003 pour mettre en valeur la superbe basilique d’Evron, le
festival d’Arts sacrés se déroule chaque année au début du mois de
juillet, sur une durée de six jours. Les quelques 7300 habitants de la
quatrième ville du département de la Mayenne peuvent en effet
s’enorgueillir de posséder l’une des plus belles églises de l’ouest de
la France, entre Laval et Le Mans. L’homogénéisation de la couleur fauve
due au granit local ne cache pas les différentes influences qui ont
marqué la construction de l’édifice: du bâtiment roman initial subsiste
notamment la massive tour défensive, tandis que la superbe extension
gothique met en valeur les dix statues qui surmontent les chapiteaux des
colonnes du chœur. On comprend dès lors pourquoi Evron a voulu faire
connaître plus encore ce joyau qui sert aujourd’hui d’écrin aux
concerts: dédié principalement à la musique vocale a capella, le
répertoire du festival laisse aussi une place à l’orgue de la basilique
(construit en 1666) ou encore à des ensembles pour voix et orchestre,
tel que l’ensemble local Volubilis (habitué des lieux bien avant 2003).
Après avoir accueilli en ouverture de festival les fameux King’s Singers, c’est à nouveau à une formation issue de Cambridge que la direction du festival fait appel en la personne du Chœur du Clare College – l’un des 31 collèges qui composent la fameuse université britannique. Fondé en 1971, le chœur a acquis une réputation internationale lui permettant de réaliser de nombreuses tournées avec ses vingt-huit chanteurs, tous encore étudiants. Ce sont donc des visages juvéniles qui font peu à peu apparition sur scène lors du premier morceau, écrit par William Byrd: la déambulation à travers la basilique offre une spatialisation des voix toujours aussi bienvenue, tant les effets sonores ainsi obtenus mettent en valeur les qualités individuelles des chanteurs.
Et de qualités, ces jeunes têtes bien pleines ne manquent pas: outre l’évidente beauté des timbres, on décèle rapidement une discipline dans la mise en place seulement mise à mal dans les morceaux les plus difficiles de ce répertoire en majeure partie dévolu à la Renaissance anglaise, autour des grands William Byrd et Thomas Tallis, ainsi que de leurs contemporains Robert Parsons, William Mundy et Christopher Tye. On retient surtout l’envoûtante pièce de Tallis, Loquebantur variis linguis, où les interprètes se répartissent à nouveau dans la basilique en alternant les solos avec le soutien en sourdine de leurs collègues. Le répertoire baroque est également illustré par des pièces de Palestrina et Schütz, puis offre une place en milieu de concert aux romantiques bien connus que sont Bruckner et Rachmaninov: on découvre là un chœur plus à l’aise dans l’emphase homophone de ces deux géants, l’Autrichien imposant la concentration par le mystère de ses nombreux silences, tandis que Rachmaninov joue davantage sur les oppositions spectaculaires entre piano et forte.
Mais c’est peut-être plus encore dans le répertoire contemporain que les jeunes étudiants du Clare College se distinguent. Outre les ambiances hypnotiques d’Arvo Pärt (né en 1935), on retient les modulations orientalisantes de John Tavener (1944-2013) et ses contrastes aigu/grave rappelant certains passages de Carmina Burana. A l’oubliable Come, Holy Ghost de Jonathan Harvey (1939-2012) succède en fin de concert l’inégal et bavard Miserere de James MacMillan (né en 1959), qui surprend tout d’abord par son ton passéiste avant d’emprunter quelques dissonances savamment distillées, là aussi mises en valeur par la répartition spatialisée des artistes. Vivement applaudis, les jeunes chanteurs repartent sans même accorder un bis: il est vrai qu’un autobus stationne déjà au dehors pour les aider à filer à Roissy et rejoindre Malte. La tournée européenne de ces jeunes pousses n’attend pas!
Après avoir accueilli en ouverture de festival les fameux King’s Singers, c’est à nouveau à une formation issue de Cambridge que la direction du festival fait appel en la personne du Chœur du Clare College – l’un des 31 collèges qui composent la fameuse université britannique. Fondé en 1971, le chœur a acquis une réputation internationale lui permettant de réaliser de nombreuses tournées avec ses vingt-huit chanteurs, tous encore étudiants. Ce sont donc des visages juvéniles qui font peu à peu apparition sur scène lors du premier morceau, écrit par William Byrd: la déambulation à travers la basilique offre une spatialisation des voix toujours aussi bienvenue, tant les effets sonores ainsi obtenus mettent en valeur les qualités individuelles des chanteurs.
Et de qualités, ces jeunes têtes bien pleines ne manquent pas: outre l’évidente beauté des timbres, on décèle rapidement une discipline dans la mise en place seulement mise à mal dans les morceaux les plus difficiles de ce répertoire en majeure partie dévolu à la Renaissance anglaise, autour des grands William Byrd et Thomas Tallis, ainsi que de leurs contemporains Robert Parsons, William Mundy et Christopher Tye. On retient surtout l’envoûtante pièce de Tallis, Loquebantur variis linguis, où les interprètes se répartissent à nouveau dans la basilique en alternant les solos avec le soutien en sourdine de leurs collègues. Le répertoire baroque est également illustré par des pièces de Palestrina et Schütz, puis offre une place en milieu de concert aux romantiques bien connus que sont Bruckner et Rachmaninov: on découvre là un chœur plus à l’aise dans l’emphase homophone de ces deux géants, l’Autrichien imposant la concentration par le mystère de ses nombreux silences, tandis que Rachmaninov joue davantage sur les oppositions spectaculaires entre piano et forte.
Mais c’est peut-être plus encore dans le répertoire contemporain que les jeunes étudiants du Clare College se distinguent. Outre les ambiances hypnotiques d’Arvo Pärt (né en 1935), on retient les modulations orientalisantes de John Tavener (1944-2013) et ses contrastes aigu/grave rappelant certains passages de Carmina Burana. A l’oubliable Come, Holy Ghost de Jonathan Harvey (1939-2012) succède en fin de concert l’inégal et bavard Miserere de James MacMillan (né en 1959), qui surprend tout d’abord par son ton passéiste avant d’emprunter quelques dissonances savamment distillées, là aussi mises en valeur par la répartition spatialisée des artistes. Vivement applaudis, les jeunes chanteurs repartent sans même accorder un bis: il est vrai qu’un autobus stationne déjà au dehors pour les aider à filer à Roissy et rejoindre Malte. La tournée européenne de ces jeunes pousses n’attend pas!
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