On se réjouit ainsi de retrouver Liszt dans l’une de ses rares incursions dans le domaine de la musique de chambre, puisqu’il a lui-même réalisé en 1880 l’adaptation de «Vallée d’Obermann» – une pièce issue de la Première des Années de pèlerinage, composée plus de trente ans auparavant. Tristia comporte en réalité de nombreuses différences avec l’original pour piano solo, en privilégiant notamment les contrastes dans les échanges entre solistes.
On ne peut pas dire que les Six pièces en forme de canon (1845)
de Schumann manquent de transcriptions, puisque autant Bizet que Debussy
ont souhaité en exploiter les possibilités à quatre mains, tandis que
Theodor Kirchner (1823-1903) se tournait vers celles du trio, en 1888.
Cet ancien élève de Mendelssohn, grand amateur de pièces miniaturistes,
se saisit admirablement de la poésie délicate de Schumann, inspiré par
l’art de Bach.
Le disque se conclut avec la transcription de La Nuit transfigurée de Schoenberg réalisée par Eduard Steuermann (1892-1964). On y retrouve le toucher subtil du Trio Karénine, qui s’empare des moindres détails de la partition en un ton d’une étonnante sérénité, bien éloigné des dernières lueurs romantiques encore présentes dans l’ouvrage. Toute la modernité de ce premier chef-d’œuvre de Schoenberg ressort de cette interprétation superbe d’épure intériorisée, à l’image de ce très beau disque.
C’est là le tout dernier disque du Trio Karénine dans sa formation
originelle, avec Fanny Robilliard au violon. Charlotte Juillard, premier
violon de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg et fondatrice du
Quatuor Zaïde, la remplace en effet depuis le mois dernier. On attend
avec impatience les fruits de cette nouvelle collaboration.
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