Clelia Cafiero |
Le Festival Radio France Occitanie Montpellier se poursuit avec l’un des
concerts les plus attendus de cette trente‑neuvième édition, le Stabat Mater
(1842) de Rossini, qui réunit une distribution vocale de grand luxe.
L’émotion s’empare de l’assistance avant même, puisque Saskia De Ville
annonce le décès de Benoît Duteurtre, à seulement 64 ans. Tout en
dédiant le présent concert à sa mémoire, la journaliste annonce que ses
dernières émissions inédites portant sur la « Grande histoire de
l’opérette » seront diffusées sur France Musique à partir du 12 août
prochain.
En attendant, le Stabat Mater résonne dans la vaste salle de
l’Opéra Berlioz en faisant valoir toute l’expressivité de ses premières
mesures dramatiques, d’où émerge peu à peu l’intensité majestueuse du
double chœur, réparti ici entre forces toulousaines et montpelliéraines.
Tout au long de l’ouvrage, où il est plusieurs fois sollicité a capella,
le chœur fait valoir un élan tout de cohésion et d’enthousiasme, en
parfait écho avec le geste enflammé de Clelia Cafiero. La chef italienne
n’a pas son pareil pour faire pencher les parties verticales du côté de
Berlioz, en mettant en avant la puissance des cuivres. Elle trouve
aussi quelques effets inattendus en ralentissant les tempi par endroits,
notamment la mise en relief des parties a capella de la fin du
premier mouvement. Ce mélange d’accentuations et de ralentissements
inopinés donne beaucoup de dynamique à l’ensemble, toujours juste.
Il faut dire que le quatuor réuni donne beaucoup de plaisir, malgré
quelques réserves de détail. Ainsi de Pretty Yende, qui met un peu de
temps à se chauffer dans l’agilité attendue au niveau du medium, frôlant
le détimbrage à plusieurs reprises pour toujours se rattraper in extremis.
L’élégance de ses phrasés, comme la virtuosité en pleine voix, viennent
toutefois enfin convaincre, notamment dans son air, très bien tenu. On
lui préfère toutefois la solidité technique et le style souverain de
Gaëlle Arquez, qui fait valoir une émission délicieusement veloutée. On
aime aussi la basse de grande classe de Michele Pertusi, qui fait
oublier un timbre un peu fatigué par une attention millimétrée au texte,
le tout bien projeté. Enfin, Magnus Dietrich complète cette belle
distribution par une vaillance parfois un rien en force, mais qui sait
séduire dans la pure beauté sonore d’un organe tout de jeunesse
rayonnante.
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