Rarissime au disque comme à la scène (notamment en 2009 à l’Opéra Comique), Zoroastre
de Rameau l’est plus encore dans sa version originale de 1749 que celle
révisée en 1756. On se réjouit par conséquent de découvrir la première
mouture, inédite au disque, en raison de l’importance quantitative des
transformations opérées par le compositeur (trois actes sur les cinq ont
été entièrement revus, pour ce qui est de la musique comme de la
dramaturgie). Plus centrée sur les intrigues métaphysiques, sur fond
d’allusions aux préceptes maçonniques, la version de 1749 fait la part
belle aux oppositions entre bien et mal, puis entre connaissance et
ignorance. L’exaltation de la noblesse d’âme des protagonistes culmine
dans un quatrième acte spectaculaire, où Rameau déchaîne toute son
invention haute en couleur pour figurer l’intensité des déchainements
démoniaques. L’ensemble montre une profondeur accomplie dans la
continuité du discours musical, où la voix s’insère naturellement, comme
dans une conversation en musique. Comme à son habitude, Rameau excelle
dans les passages dansés, admirablement variés, sans parler des
nombreuses sollicitations des chœurs, ici tenus par les forces du Chœur
de chambre de Namur, toujours aussi investi dans ce répertoire.
On se délecte également du geste fluide, équilibré et tout en
transparence d’Alexis Kossenko, qui poursuit un partenariat toujours
aussi fécond avec le Centre de musique de baroque de Versailles,
architecte de cette résurrection (notamment le « Festin Royal du
mariage du Comte d’Artois » en 2023).
Que dire aussi, du plateau vocal réuni, qui frise encore une fois la
perfection, magnifié par l’art des interprètes dans la déclamation et la
nécessaire diction ? Mais c’est sans doute la présence parmi les
interprètes de Jodie Devos, récemment disparue à seulement 35 ans, qui
touche au cœur, tant la chanteuse belge paraissait promise à un bel
avenir dans ce répertoire. La luminosité et le velouté de son chant sont
un régal qu’on ne se lasse pas de découvrir ici, admirablement épaulés
par l’élégance des phrasés de Reinoud Van Mechelen, autre atout décisif
de cet album très réussi.
Parce que la culture se conjugue sous plusieurs formes, il sera sujet ici de cinéma, de littérature, de musique, de spectacles vivants, selon l'inconstante fantaisie de son auteur
mardi 30 juillet 2024
« Zoroastre » de Rameau - Alexis Kossenko - Disque Alpha
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