Parmi les plus
anciens et les plus prestigieux festivals d’Europe, le Festival
de La Chaise‑Dieu rend cette année hommage au méconnu
compositeur auvergnat George Onslow. L’impeccable quatuor Diotima
donne toute la mesure de son talent dans un programme qui confronte
Onslow à son maître spirituel
Beethoven.
Quatuor Diotima |
On doit au célèbre pianiste hongrois György Cziffra, spécialiste
du répertoire de Franz Liszt, l’initiative de la création du Festival
de La Chaise-Dieu, voilà 48 ans.
Fasciné par le grand orgue de l’abbatiale Saint-Robert de
La Chaise-Dieu, petite ville de Haute-Loire, Cziffra lance l’idée d’une
restauration financée par l’organisation de
concerts : le Festival est né. Dès lors, chaque soirée sera
traditionnellement précédée d’une courte pièce d’orgue, comme une
invitation solennelle à la nécessaire concentration
d’avant-concert. Programmé pendant les dix derniers jours du mois
d’août, le Festival propose pas moins de quarante représentations
payantes, auxquels s’ajoutent de nombreuses
manifestations gratuites (concerts, conférences, répétitions
publiques, etc.).
Principalement dédiée à la musique vocale, La Chaise-Dieu
s’autorise depuis quelques années des incursions vers le répertoire
symphonique ou la musique de chambre (à
l’auditorium Cziffra, voisin de l’abbatiale), permettant ainsi à
cette édition 2014 de rendre un passionnant hommage au méconnu
George Onslow * (1784-1853), compositeur
surnommé le « Beethoven français ». Natif de Clermont-Ferrand,
mais d’origine anglaise par son père, Onslow bénéficie d’une importante
renommée de son vivant, justifiant qu’il succède
à Cherubini à l’Académie des beaux-arts, devant rien moins que
Berlioz ou Auber. À sa mort, son œuvre tombe pourtant rapidement dans
l’oubli, et ce malgré une production considérable et
respectée dans le domaine de la musique de chambre.
Onslow, compositeur auvergnat contemporain de Beethoven
Si le disque rend peu à peu justice à Onslow, avec une quinzaine
d’enregistrements à ce jour, La Chaise-Dieu a choisi cette année de
mettre en avant ce compositeur, attaché à ses origines
auvergnates, en confrontant sa musique à celle de son contemporain
Beethoven. Un miroir passionnant, sur trois jours et plusieurs
concerts. Le Festival s’est tout naturellement tourné vers
le quatuor Diotima, jeune formation habituée des lieux qui a
obtenu un remarquable succès critique avec ses différents travaux gravés
depuis dix ans, et particulièrement avec Onslow.
C’est d’ailleurs avec le Quatuor nº 28 déjà inscrit chez
Naïve que les Diotima entament leur exécution, faisant ressortir
l’invention mélodique, le sens du détail et la
pulsion rythmique caractéristiques de l’Auvergnat.
Si l’on peut regretter un premier violon un rien trop tranchant
dans cette œuvre, sa vision convient mieux aux aspérités du Quatuor nº 15
de Beethoven. Un des tout derniers
monuments du natif de Bonn, d’une exigeante modernité, fort
éloigné de l’élégance un peu distante d’Onslow. Rien d’étonnant à cela
tant Onslow avouait ne pas comprendre cette ultime manière du
grand maître allemand. On retient surtout le poignant adagio,
parfaitement rendu par l’engagement physique des Diotima. Auparavant,
entre les deux œuvres, les quatre hommes
avaient donné un extrait en forme de clin d’œil d’une pièce pour
quatuor écrite par Pierre Boulez. Un « compositeur local », là aussi, né
à Montbrison à quelques kilomètres de
La Chaise-Dieu. Les Diotima rappelaient ainsi malicieusement leur
vif intérêt pour la musique contemporaine, qu’ils ne cessent de défendre
avec bonheur au disque comme en
concert.
* Parallèlement à l’hommage rendu à Jean-Philippe Rameau, ancien
titulaire du grand orgue de la cathédrale de Clermont-Ferrand – le
festival ayant notamment accueilli le concert
"La Grâce et la Gloire" présenté à Vézelay le 23 août 2014.
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