Hervé Niquet |
Emblématique à bien des égards, la Messe à quarante voix du
méconnu Alessandro Striggio (1537 ?-1598) prends place peu à peu dans
les programmes de concert depuis l’enregistrement fondateur de Robert
Hollingworth (Decca, 2011), bientôt suivi de celui d’Hervé Niquet (Glossa,
2012) pour fêter les vingt-cinq ans de son ensemble Le Concert
Spirituel. Un anniversaire grandiose tant cette œuvre appartenant au
«baroque monumental» impressionne par la puissance d’évocation des
moyens déployés: pas moins de quarante voix réparties en cinq groupes,
tous tournés vers Hervé Niquet, placé au centre avec son orchestre.
Le chef français reprend le programme de son disque à une seule exception près: le remplacement du Benedictus de la Messe par le Memento de Monteverdi, tandis que sont préservés les ajouts d’œuvres de Francesco Corteccia (1502-1571) et d’Orazio Benevoli, dit Benevolo (1605-1672) – un représentant éminent, avec Biber, du baroque monumental. Si la pièce de Monteverdi s’insère assez mal dans cet ensemble, la volonté de Niquet de recréer un office s’avère cohérente, même si l’on aurait aimé davantage de jeu sur la spatialité, en répartissant par exemple les groupes d’interprètes à différents endroits de l’abbatiale d’Ambronay. Un choix sans doute dû à des difficultés acoustiques, mais d’autant plus regrettable que le concert avait commencé sous les meilleurs auspices avec la lente et majestueuse procession des chanteurs du cloître jusqu’à la scène de l’abbatiale, tandis que saqueboutes et cornet à bouquin faisaient résonner les graves ténébreux en arrière-fond.
Il n’en reste pas moins que la musique de Striggio résonne d’une puissance d’évocation admirable, mêlant longues emphases en crescendo avec des individualités qui se détachent tels des jaillissements inattendus. Si les rares accrocs individuels sont immédiatement perceptibles, il faut souligner l’homogénéité et la cohérence stylistique de l’ensemble des chanteurs réunis, bien soutenus par la concentration visible de l’effectif orchestral. Seul véritable regret concernant ce concert, sa durée beaucoup trop brève : 75 minutes sans entracte et aucun bis. Un Hervé Niquet décidément bien peu généreux, à l’instar d’un expéditif air d’anniversaire entonné cet été à Périgueux lors du festival Sinfonia en Périgord: malgré une salle enthousiaste, le chef français embarque rapidement la partition et file en coulisse, sans un regard pour le public.
Un public qui avait eu l’occasion un peu plus tôt de choisir le meilleur ensemble présenté dans le cadre du festival de jeunes talents eeemerging. C’est finalement Kinga Ujszászi, accompagnée du luthiste et guitariste Jadran Duncumb, qui remporte logiquement les suffrages autour de leur programme consacré au baroque italien, de Nicola Matteis à Ignazio Albertini, en passant par Giovanni Mealli. Une victoire méritée, tant la violoniste hongroise affiche une maîtrise virtuose de son instrument alliée à une musicalité digne – déjà – des plus grandes. Assurément un nom à retenir et à suivre de très près. A ses côtés, Jadran Duncumb n’est pas en reste, faisant corps avec ses différents instruments de manière quasi érotique, un sourire toujours posté sur son visage, constamment attentif à sa partenaire. Sans conteste, le plus beau rayon de soleil de cette édition 2015!
Le chef français reprend le programme de son disque à une seule exception près: le remplacement du Benedictus de la Messe par le Memento de Monteverdi, tandis que sont préservés les ajouts d’œuvres de Francesco Corteccia (1502-1571) et d’Orazio Benevoli, dit Benevolo (1605-1672) – un représentant éminent, avec Biber, du baroque monumental. Si la pièce de Monteverdi s’insère assez mal dans cet ensemble, la volonté de Niquet de recréer un office s’avère cohérente, même si l’on aurait aimé davantage de jeu sur la spatialité, en répartissant par exemple les groupes d’interprètes à différents endroits de l’abbatiale d’Ambronay. Un choix sans doute dû à des difficultés acoustiques, mais d’autant plus regrettable que le concert avait commencé sous les meilleurs auspices avec la lente et majestueuse procession des chanteurs du cloître jusqu’à la scène de l’abbatiale, tandis que saqueboutes et cornet à bouquin faisaient résonner les graves ténébreux en arrière-fond.
Il n’en reste pas moins que la musique de Striggio résonne d’une puissance d’évocation admirable, mêlant longues emphases en crescendo avec des individualités qui se détachent tels des jaillissements inattendus. Si les rares accrocs individuels sont immédiatement perceptibles, il faut souligner l’homogénéité et la cohérence stylistique de l’ensemble des chanteurs réunis, bien soutenus par la concentration visible de l’effectif orchestral. Seul véritable regret concernant ce concert, sa durée beaucoup trop brève : 75 minutes sans entracte et aucun bis. Un Hervé Niquet décidément bien peu généreux, à l’instar d’un expéditif air d’anniversaire entonné cet été à Périgueux lors du festival Sinfonia en Périgord: malgré une salle enthousiaste, le chef français embarque rapidement la partition et file en coulisse, sans un regard pour le public.
Un public qui avait eu l’occasion un peu plus tôt de choisir le meilleur ensemble présenté dans le cadre du festival de jeunes talents eeemerging. C’est finalement Kinga Ujszászi, accompagnée du luthiste et guitariste Jadran Duncumb, qui remporte logiquement les suffrages autour de leur programme consacré au baroque italien, de Nicola Matteis à Ignazio Albertini, en passant par Giovanni Mealli. Une victoire méritée, tant la violoniste hongroise affiche une maîtrise virtuose de son instrument alliée à une musicalité digne – déjà – des plus grandes. Assurément un nom à retenir et à suivre de très près. A ses côtés, Jadran Duncumb n’est pas en reste, faisant corps avec ses différents instruments de manière quasi érotique, un sourire toujours posté sur son visage, constamment attentif à sa partenaire. Sans conteste, le plus beau rayon de soleil de cette édition 2015!
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