Déjà présentée à Londres en début d’année, avant Lyon l’an prochain, la production de De la maison des morts imaginée par Krzysztof Warlikowski
fait halte à Bruxelles pour ce mois de novembre. Las, le metteur en
scène polonais apparaît en toute petite forme, autant dans sa
proposition esthétique cheap qu’au niveau des multiples provocations
trash souvent incohérentes. Pourquoi affubler les personnages de masques
blancs à plusieurs moments du spectacle ? Pourquoi nous infliger ces
poupées gonflables, d’une rare laideur, à plusieurs reprises violentées
par les chanteurs ?
Autour de ces questions laissées sans
réponse, Warlikowski fait le choix d’une mise en scène ultravitaminée,
façon cabaret, à mille lieux éloignée du travail de Patrice Chéreau
(donné notamment à Aix et Paris).
Si l’idée de donner davantage d’action à un livret trop statique peut
bien entendu se concevoir, on regrette que cela se traduise par un
surjeu constant, sans bénéficier de l’habituel sens esthétique propre au
Polonais (comme le donnait encore à voir son remarquable spectacle
Bartók / Poulenc repris à Garnier en début d’année). Dans la même idée,
Warlikowski choisit de meubler les interludes orchestraux par des
extraits vidéos de Michel Foucault, puis d’un anonyme – une idée
intéressante mais trop survolée là aussi.
La transposition dans un pénitencier
américain donne à voir des prisonniers aux attitudes vulgaires, auxquels
la pratique du basket ball est réservée aux seules personnes de couleur
noire – ce cliché ne pouvait-il pas être évité ? La scénographie
intéressante avec ses multiples points de vue (plateau nu, couloir vitré
en étage et bloc amovible) n’est qu’imparfaitement exploitée et seule
la scène de théâtre dans le théâtre, malgré ses outrances et singeries,
convainc quelque peu. On notera par ailleurs l’intéressante idée
d’habiller dès le début du spectacle le personnage d’Alieïa en femme,
ceci pour marquer les connotations homosexuelles de sa relation avec
Gorjantchikov, ou encore celui de donner davantage de présence scénique à
l’unique personnage féminin.
Autour de cette mise en scène peu
inspirée, l’autre grande déception de la soirée vient de la fosse. Ivre
de tempi dantesques, le chef allemand Michael Boder
propose une lecture en noir et blanc qui ne s’intéresse qu’aux seuls
crescendo dramatiques pour laisser de côté les contrastes lyriques et
poétiques, peu audibles ici. Fort heureusement, le plateau vocal réuni
affiche une belle cohésion d’ensemble d’où ressort l’intense Gorjantchikov de Willard White ou le touchant Aljeja de Pascal Charbonneau. De quoi nous consoler les oreilles, à défaut des yeux !
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