dimanche 11 novembre 2018

« Samson et Dalila » de Camille Saint-Saëns - Opéra de Massy - 09/11/2018


Déjà présentée à Maribor (Slovénie) en 2016, puis à Metz en juin dernier, la production de Samson et Dalila imaginée par le metteur en scène belge Paul-Emile Fourny fait halte avec bonheur à Massy. L’actuel directeur artistique de l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole (depuis 2011) a permis cette reprise avec «son» ballet, à l’excellence reconnue, tout en s’adjoignant les forces vocales du chœur lorrain - en plus de quelques membres du Chœur de l’Opéra de Massy. C’est là l’un des grands atouts de ce spectacle, tant le rôle du chœur apparaît important, surtout dans la première partie guerrière. D’abord un peu hésitants, les chanteurs ainsi réunis prennent confiance peu à peu et apportent beaucoup de cohésion et de précision à l’ensemble de leurs interventions, bien aidés par la direction flamboyante de David Reiland, déjà très convaincant en début d’année pour la rarissime Sirène d’Auber à Compiègne. Il mouille littéralement la chemise tout au long de la soirée, fouillant les moindres recoins de la partition en un sens de la respiration très inspiré dans la progression dramatique. On louera également les danseurs, très à l’aise dans les deux ballets proposés, notamment l’ensorcelante Bacchanale au III.

Paul-Emile Fourny joue comme à son habitude la carte de la sobriété, autour d’une scénographie minimaliste qui évoque des lieux intemporels, presque futuristes dans l’abstraction géométrique visible en arrière-scène. Les costumes très à-propos modernisent discrètement les drapés à l’ancienne pour leur donner une coloration qui rappelle l’univers des films de fantasy. Mais ce sont surtout les huit immenses monolithes mouvants qui donnent une force brute à l’ensemble, offrant un écrin spectaculaire aux protagonistes. Le III est une grande réussite du fait d’une action plus soutenue encore, avant l’image finale saisissante, étouffant les protagonistes sous les monolithes. On regrettera seulement une direction d’acteur à la gestuelle caricaturale et répétitive pour les deux rôles principaux, et ce malgré une attention bienvenue aux moindres inflexions musicales de Saint-Saëns.


Parmi les grandes satisfactions de la soirée figure la découverte de l’Albanaise Vikena Kamenica, aux phrasés langoureux et gorgés de couleurs. Son interprétation vénéneuse donne une grande densité à son personnage, à laquelle ne manque qu’une projection vocale plus affirmée dans le medium. C’est certainement ce qui lui vaut des applaudissements polis mais peu chaleureux en fin de représentation. A ses côtés, Jean-Pierre Furlan ne manque pas de puissance en comparaison mais déçoit dans les passages plus apaisés du fait d’une émission étroite et engorgée. Il assure cependant l’essentiel, bien épaulé par le solide Grand Prêtre de Dagon incarné par Alexandre Duhamel, dont on aimerait davantage de variété dans le chant propre mais sans grande surprise. Tous les seconds rôles sont parfaits, particulièrement le superlatif Abimélech de Patrick Bolleire. Assurément un spectacle d’un très bon niveau global, à juste titre célébré par un public manifestement conquis en fin de représentation.

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