Il y avait bien longtemps que le Théâtre des Champs-Elysées n’avait autant misé sur une production, en proposant pas moins de 15 représentations de La Vie parisienne (1866) de Jacques Offenbach, et ce jusqu’au 9 janvier prochain. On retrouve là le spectacle de Christian Lacroix, déjà présenté à Rouen, puis Tours en début de mois, avec un plateau vocal légèrement différent. On notera par ailleurs la double distribution proposée à Paris, selon les différentes dates.
Le célèbre couturier français, déjà aguerri sur les planches en tant que costumier pour Eric Ruf et Denis Podalydès notamment, signe un spectacle très fidèle à l’esprit de la partition, en forme de vaste revue colorée et richement décorée, où s’agite en un joyeux flonflon, le «Tout Paris» populaire de la fin du XIXème siècle. Ce sont bien entendu les costumes de Lacroix qui étonnent par leur imagination débridée, qui s’appuie sur les originaux de l’époque pour mieux les réinventer à l’envi, tandis que les décors sont revisités à vue, prenant alternativement la forme d’une gare à peine terminée (la gare Saint-Lazare, construite pour l’exposition universelle de 1867), d’un hôtel particulier ou d’un bal forain en fin d’ouvrage. Lacroix privilégie les péripéties du vaudeville, en un tourbillon de bonne humeur, même si ce foisonnement ne provoque que trop rarement les rires du public, et ce malgré les chorégraphies désopilantes et gentiment queer de Glysleïn Lefever.
Il faut dire que cette nouvelle production a pour autre principale originalité de choisir une version inédite, reconstruite par les bons soins du Palazetto Bru Zane d’après la version préparée par Offenbach pour les répétitions de 1866. L’idée est de rester le plus fidèle possible au livret de Meilhac et Halevy, en conservant les dialogues originaux, ainsi que toutes les coupures imposées par la censure (notamment un trio au III caricaturant autant les politiques que les militaires). Les changements opérés aux deux derniers actes, jugés trop longs, sont ainsi conservés, ce qui donne un spectacle de près de 3h30. Ce retour inédit à une version jamais entendue par le grand public permet à chaque action de trouver sa résolution, même si l’ouvrage ne gagne pas en profondeur, conservant son intrigue minimaliste et son hommage au Paris tourbillonnant des dernières années du Second Empire.
Si le Choeur de chambre de Namur déçoit dans ses premières interventions, trop discret dans la nécessaire prononciation (indispensable aux effets comiques), il se rattrape ensuite par sa bonne cohésion d’ensemble. Peut-être faudrait-il augmenter le nombre d’interprètes du choeur afin de modifier cette impression initiale ? Quoi qu’il en soit, le plaisir vient aussi de la fosse où la baguette de Romain Dumas, un peu raide dans les parties enlevées, se montre très attentive aux détails savoureux de la partition, tout autant qu’aux fins de phrasés, d’une harmonieuse respiration. Un spectacle haut en couleurs très recommandable pour les fêtes de fin d’année ou ses lendemains en janvier, à découvrir pour sa version inédite de l’un des plus pétillants chefs d’oeuvre d’Offenbach.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire