Inaugurée voilà déjà treize ans, la Maison de la musique d’Helsinki a
trouvé sa place dans le paysage enchanteur des rives du lac Töölönlahti,
aux côtés de l’Académie Sibelius et de l’Opéra. Avec la neige et les
couleurs sombres propres à cette saison, le contraste n’en est que plus
saisissant avec l’intérieur moderne de la salle principale
(1 700 places), dont les proportions et l’élégance évoquent son
équivalent à la Maison de la radio et de la musique à Paris. Rien de
surprenant, dès lors, à retrouver en ce lieu l’un des concerts les plus
attendus de la saison pour célébrer l’anniversaire de l’indépendance
finlandaise, acquise pacifiquement suite à la révolution bolchévique
de 1917.
Retransmis à la télévision, le concert est donné à guichets fermés dans
une salle immédiatement attentive pour la mise à l’honneur de
compositeurs locaux contemporains. On découvre pour débuter la musique
de Lara Poe (née en 1993), avec le bref morceau symphonique Kaamos
(2020), d’une durée d’environ dix minutes. La jeune compositrice
finno‑américaine fait l’étalage de dons de coloriste, en un style
abordable et fluide, qui explore des sonorités originales sur tous les
groupes d’instruments. Présente dans la salle, la jeune femme reçoit de
chaleureux applaudissements, à l’instar d’Olli Mustonen (né en 1967),
venu assister à la création mondiale de son Second Concerto pour violon dans la foulée.
Plus connu en France pour ses talents d’interprète,
Mustonen adopte un langage d’une efficacité narrative bienvenue, qui
brosse l’auditeur dans le sens du poil. Volontairement allégé,
l’accompagnement orchestral met le plus souvent le violon raffiné et
aérien d’Elina Vähälä au premier plan, en imprimant quelques scansions
hypnotiques, le plus souvent homophoniques. Les deux derniers mouvements
montrent davantage de tourments, avec des confrontations aux phrasés
toujours très lisibles.
Après l’entracte, la Première Symphonie (1899) de Sibelius fait
entendre des paysages évidemment plus connus, même si Nicholas Collon,
chef principal de l’Orchestre de la Radio finlandaise depuis 2021,
cherche à innover tout du long avec ses tempi mouvants : souvent
cravachées, les parties enlevées trouvent ainsi un contraste éloquent
avec les passages plus sereins, sans aucun vibrato. La mise en valeur
des contrastes apporte quelques détails étonnants de modernité, portés
par un orchestre pour qui l’ouvrage n’a plus de secret. On ne sait plus
qui admirer, de la lumineuse clarinette solo aux pupitres de cuivres
volontairement abrupts, sans parler des cordes, d’une souplesse
admirable. Seuls les tutti trop appuyés, avec un timbalier très
sollicité, forcent le trait à l’excès – là où le bis, évidemment Finlandia (1900), trouve davantage d’équilibre pour offrir une digne péroraison au concert.
Parce que la culture se conjugue sous plusieurs formes, il sera sujet ici de cinéma, de littérature, de musique, de spectacles vivants, selon l'inconstante fantaisie de son auteur
dimanche 8 décembre 2024
Concert de l’Orchestre de la Radio finlandaise - Nicholas Collon - Maison de la Musique d'Helsinki - 06/12/2024
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