Comme chaque année, la troupe de l’Atelier lyrique de l’Opéra national
de Paris fait halte en banlieue parisienne, non plus cette année en sa
traditionnelle résidence à Bobigny, mais dans le vaste Théâtre de
Saint-Quentin-en-Yvelines, tout près de Versailles. De Haydn à Mozart en
passant par Cimarosa, la jeune troupe met souvent à l’honneur le
répertoire de la fin du XVIIIe siècle. Rien d’étonnant dès lors à
retrouver cette année encore Gluck au programme, après la belle
production d’Orphée et Eurydice donnée à Bobigny en 2011 et reprise à Bordeaux l’année suivante.
D’emblée, la mise en scène de Jacques Osinski nous plonge dans l’enfermement mental des protagonistes, tous torturés, entre nécessité et devoir, par l’idée de la mort. C’est à cette question centrale de la seconde Iphigénie de Gluck - son tout dernier chef-d’œuvre – que s’intéresse Osinski, nous précipitant sans concessions dans un drame magnifié par une scénographie passionnante, et ce malgré son décor unique pendant les deux heures de la représentation donnée sans entracte. Dès l’Ouverture rageuse, Iphigénie apparaît prostrée sur un lit, seul élément de décor d’une sorte d’immense chambre de repos toute décrépie. Sur les côtés, les éclairages de Catherine Verheyde laissent entrevoir subitement le chœur – rappelant la manière de Joël Pommerat – avant de rejoindre la pénombre une fois son intervention terminée. Il en sera ainsi toute la soirée, le chœur habillé sobrement de noir occupant les espaces extérieurs à la chambre centrale, n’y pénétrant symboliquement qu’une fois le drame résolu. Une opposition spatiale saisissante qui renforce l’idée de deux mondes clos qui ne communiquent pas.
La direction d’acteur millimétrée insiste beaucoup sur les mouvements corporels, les chanteurs décomposant leurs gestes en même temps que les différentes charges psychologiques. Très précises mais évitant tout maniérisme, ces postures à la lenteur habitée offrent d’inattendues positions accroupies ou allongées – les personnages s’effleurant à peine. Une vision qui épouse sans cesse les moindres inflexions musicales, tout en étant très attentive au sens du texte chanté. Dans la fosse, Geoffroy Jourdain apparaît sur la même longueur d’ondes, toujours précis et passionnant dans les récitatifs – bien épaulé par un excellent ensemble sur instruments d’époque réduit à une dizaine de musiciens. Si cet allégement fait agréablement ressortir les bois, le manque d’effectif aux cordes n’aide pas à faire ressortir les contrastes des scènes vives – de surcroît desservies par un Jeune Chœur de Paris beaucoup trop indolent. Un chœur plus convainquant dans les passages apaisés, où les femmes surtout apportent une délicate tendresse.
Sur scène, on retrouve quelques visages connus parmi les douze jeunes chanteurs de l’Atelier lyrique, dont l’effectif se renouvelle en partie chaque saison. Comme à l’habitude, le plateau vocal alterne selon les soirs, et c’est Andreea Soare qui s’illustre, pour la première, en Iphigénie. La soprano roumaine déçoit quelque peu dans son entrée, au français approximatif, avant de convaincre pleinement par un engagement de tous les instants. Son chant éloquent et radieux lui vaut une superbe ovation finale. A ses côtés, Oleksiy Palchykov compose un magnifique Pylade, au timbre clair parfaitement projeté, à la belle articulation. Piotr Kumon (Oreste) se montre plus décevant, avalant plusieurs syllabes en une émission parfois étroite. Il se rattrape par une composition affirmée, tout comme ses partenaires. Dans le court rôle de Thoas, Pietro Di Bianco semble lui aussi peu à l’aise, son style de chant semblant peu en rapport avec les rigueurs de la déclamation française. D’infimes réserves pour un spectacle captivant, nouvelle réussite de la belle troupe de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris.
On retrouvera bientôt cette fine équipe dans des programmes principalement dédiés à Mozart, tout d’abord pour la traditionnelle soirée avec orchestre au Palais Garnier, puis pour des airs de concert et lieder donnés à l’Auditorium du Louvre et au Théâtre Jean Vilar à Suresnes en mai prochain, avant d’aborder Così fan tutte à la Maison des arts de Créteil en juin.
D’emblée, la mise en scène de Jacques Osinski nous plonge dans l’enfermement mental des protagonistes, tous torturés, entre nécessité et devoir, par l’idée de la mort. C’est à cette question centrale de la seconde Iphigénie de Gluck - son tout dernier chef-d’œuvre – que s’intéresse Osinski, nous précipitant sans concessions dans un drame magnifié par une scénographie passionnante, et ce malgré son décor unique pendant les deux heures de la représentation donnée sans entracte. Dès l’Ouverture rageuse, Iphigénie apparaît prostrée sur un lit, seul élément de décor d’une sorte d’immense chambre de repos toute décrépie. Sur les côtés, les éclairages de Catherine Verheyde laissent entrevoir subitement le chœur – rappelant la manière de Joël Pommerat – avant de rejoindre la pénombre une fois son intervention terminée. Il en sera ainsi toute la soirée, le chœur habillé sobrement de noir occupant les espaces extérieurs à la chambre centrale, n’y pénétrant symboliquement qu’une fois le drame résolu. Une opposition spatiale saisissante qui renforce l’idée de deux mondes clos qui ne communiquent pas.
La direction d’acteur millimétrée insiste beaucoup sur les mouvements corporels, les chanteurs décomposant leurs gestes en même temps que les différentes charges psychologiques. Très précises mais évitant tout maniérisme, ces postures à la lenteur habitée offrent d’inattendues positions accroupies ou allongées – les personnages s’effleurant à peine. Une vision qui épouse sans cesse les moindres inflexions musicales, tout en étant très attentive au sens du texte chanté. Dans la fosse, Geoffroy Jourdain apparaît sur la même longueur d’ondes, toujours précis et passionnant dans les récitatifs – bien épaulé par un excellent ensemble sur instruments d’époque réduit à une dizaine de musiciens. Si cet allégement fait agréablement ressortir les bois, le manque d’effectif aux cordes n’aide pas à faire ressortir les contrastes des scènes vives – de surcroît desservies par un Jeune Chœur de Paris beaucoup trop indolent. Un chœur plus convainquant dans les passages apaisés, où les femmes surtout apportent une délicate tendresse.
Sur scène, on retrouve quelques visages connus parmi les douze jeunes chanteurs de l’Atelier lyrique, dont l’effectif se renouvelle en partie chaque saison. Comme à l’habitude, le plateau vocal alterne selon les soirs, et c’est Andreea Soare qui s’illustre, pour la première, en Iphigénie. La soprano roumaine déçoit quelque peu dans son entrée, au français approximatif, avant de convaincre pleinement par un engagement de tous les instants. Son chant éloquent et radieux lui vaut une superbe ovation finale. A ses côtés, Oleksiy Palchykov compose un magnifique Pylade, au timbre clair parfaitement projeté, à la belle articulation. Piotr Kumon (Oreste) se montre plus décevant, avalant plusieurs syllabes en une émission parfois étroite. Il se rattrape par une composition affirmée, tout comme ses partenaires. Dans le court rôle de Thoas, Pietro Di Bianco semble lui aussi peu à l’aise, son style de chant semblant peu en rapport avec les rigueurs de la déclamation française. D’infimes réserves pour un spectacle captivant, nouvelle réussite de la belle troupe de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris.
On retrouvera bientôt cette fine équipe dans des programmes principalement dédiés à Mozart, tout d’abord pour la traditionnelle soirée avec orchestre au Palais Garnier, puis pour des airs de concert et lieder donnés à l’Auditorium du Louvre et au Théâtre Jean Vilar à Suresnes en mai prochain, avant d’aborder Così fan tutte à la Maison des arts de Créteil en juin.
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