On aurait tort de réduire Otto Nicolai (1810-1849) à son incontestable chef-d’œuvre Les Joyeuses Commères de Windsor,
composé peu de temps avant sa mort subite, suite à un arrêt cardiaque à
seulement 38 ans. On pouvait déjà faire cette remarque liminaire à la
découverte de l’un de ses plus grands succès, Le Templier (1840),
déjà exhumé en 2009 par la curiosité de Frank Beermann et ses troupes
basées à Chemnitz. On notera que cet opéra a été repris avec succès à
Salzbourg l’été dernier,
avec le renfort d’une nouvelle mise en scène et d’un plateau vocal de
tout premier plan. De son côté, avec ce nouvel inédit, Frank Beermann
poursuit son exploration d’un petit maître qui reste dans l’ombre de
l’incontournable Verdi, à l’instar de son contemporain Friedrich von
Flotow (voir notamment la production de Martha donnée à Francfort l’automne dernier).
Beermann s’intéresse à l’opéra Le Retour de l’exilé, composé en allemand pour Vienne deux ans après Le Proscrit, l’original italien créé à Milan en 1841. En réalité, Nicolai modifie en profondeur son opéra, qu’il présente tout d’abord comme nouveau, avant que la supercherie ne soit découverte. Il revient encore une fois sur son ouvrage quelques années plus tard pour Berlin, remaniant le livret, s’adaptant aux voix en présence et ajoutant un ballet, sans doute pour viser une création parisienne. Pour autant, c’est bien la version viennoise de 1843 qui est donnée ici, comme l’indique la notice remarquable et détaillée du musicologue Michael Wittmann. Pour l’anecdote, ce dernier rappelle que le livret de cet opéra avait d’abord été refusé par Verdi, tandis que Nicolai écartait dans le même temps le livret de... Nabucco.
On reconnaît immédiatement le style coloré de Nicolai dans l’Ouverture, très développée, qui rappelle Donizetti par ses effets contrastés à l’élan roboratif. Mais le compositeur sait aussi se montrer plus subtil dès lors qu’il se concentre sur la principale héroïne de son grand opéra, dont le cœur balance entre deux prétendants et rivaux politiques, Edmund et Artur (ancien mari annoncé mort suite à son exil). Le livret a l’habileté de nous immerger d’emblée au cœur du drame avec le retour d’Artur au moment des noces de Leonore et Edmund, puis ménage des airs délicatement évocateurs, habilement contrastés avec les ensembles ou l’appui du chœur, en privilégiant toujours la mélodie. Nicolai a aussi recours à des effets classiques mais efficaces, tel l’accompagnement de ses principaux personnages par des instruments dédiés – le hautbois, par exemple, pour Leonore.
Frank Beermann conduit ce drame avec un sens du dosage équilibré entre expression des couleurs et respiration théâtrale, tandis que l’ensemble du plateau vocal réuni se montre à la hauteur. C’est surtout le soprano lumineux et léger de Julia Bauer (Leonore) qui se détache du lot à force de conviction dramatique, tout en s’appuyant sur un phrasé aérien: un véritable régal à chaque intervention. A ses côtés, Berhard Berchtold (Artur) assure bien sa partie au niveau vocal mais se montre plus en retrait du fait d’une rondeur trop uniforme dans l’expression. L’Edmund deHans Christoph Begemann, quant à lui, s’en sort aussi correctement, malgré un timbre un peu terne.
Beermann s’intéresse à l’opéra Le Retour de l’exilé, composé en allemand pour Vienne deux ans après Le Proscrit, l’original italien créé à Milan en 1841. En réalité, Nicolai modifie en profondeur son opéra, qu’il présente tout d’abord comme nouveau, avant que la supercherie ne soit découverte. Il revient encore une fois sur son ouvrage quelques années plus tard pour Berlin, remaniant le livret, s’adaptant aux voix en présence et ajoutant un ballet, sans doute pour viser une création parisienne. Pour autant, c’est bien la version viennoise de 1843 qui est donnée ici, comme l’indique la notice remarquable et détaillée du musicologue Michael Wittmann. Pour l’anecdote, ce dernier rappelle que le livret de cet opéra avait d’abord été refusé par Verdi, tandis que Nicolai écartait dans le même temps le livret de... Nabucco.
On reconnaît immédiatement le style coloré de Nicolai dans l’Ouverture, très développée, qui rappelle Donizetti par ses effets contrastés à l’élan roboratif. Mais le compositeur sait aussi se montrer plus subtil dès lors qu’il se concentre sur la principale héroïne de son grand opéra, dont le cœur balance entre deux prétendants et rivaux politiques, Edmund et Artur (ancien mari annoncé mort suite à son exil). Le livret a l’habileté de nous immerger d’emblée au cœur du drame avec le retour d’Artur au moment des noces de Leonore et Edmund, puis ménage des airs délicatement évocateurs, habilement contrastés avec les ensembles ou l’appui du chœur, en privilégiant toujours la mélodie. Nicolai a aussi recours à des effets classiques mais efficaces, tel l’accompagnement de ses principaux personnages par des instruments dédiés – le hautbois, par exemple, pour Leonore.
Frank Beermann conduit ce drame avec un sens du dosage équilibré entre expression des couleurs et respiration théâtrale, tandis que l’ensemble du plateau vocal réuni se montre à la hauteur. C’est surtout le soprano lumineux et léger de Julia Bauer (Leonore) qui se détache du lot à force de conviction dramatique, tout en s’appuyant sur un phrasé aérien: un véritable régal à chaque intervention. A ses côtés, Berhard Berchtold (Artur) assure bien sa partie au niveau vocal mais se montre plus en retrait du fait d’une rondeur trop uniforme dans l’expression. L’Edmund deHans Christoph Begemann, quant à lui, s’en sort aussi correctement, malgré un timbre un peu terne.
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