Après l’exhumation réussie de Martha en début de saison, la nouvelle production des Troyens
d’Hector Berlioz (1803–1869) est certainement l’une des plus courues de
l’année à Francfort. L’affluence pour la première donnée dimanche a
démontré cet intérêt pour un ouvrage rarement monté du fait de ses
dimensions imposantes – plus de quatre heures de musique auxquelles
s’ajoutent deux entractes, sans parler du nombre considérable des rôles
d’importance à réunir. Il est vrai que la structure de l’ouvrage, scindé
en deux histoires (à la prise guerrière de Troie et aux incantations
affolées de Cassandre répondent les amours tourmentées de Didon et
Enée), oppose une première partie verticale et guerrière où le chœur est
omniprésent à une seconde partie plus apaisée où Berlioz se montre
moins aventureux du point de vue stylistique.
Avec ce déséquilibre, on touche précisément à l’un des écueils de la soirée, gâchée par la direction déroutante et prosaïque de John Nelson, pourtant grand spécialiste de Berlioz. Fort décevant dans les deux premiers actes, le chef américain opte pour des attaques molles et une ligne uniforme, évitant soigneusement de privilégier tel ou tel pupitre, tout en ralentissant dans les passages lents pour mieux accélérer le tempo dans les parties plus vives, et ce au détriment de la déclamation et du sens, pourtant essentiels ici. L’excellent Chœur de l’Opéra de Francfort n’est pas en cause, mais force est de constater que ces tempi dantesques ne l’aident pas lors des deux actes initiaux, pénibles pour l’auditeur. Si l’on n’est guère surpris de voir quelques sièges vides après l’entracte, le Berlioz apaisé du troisième acte résiste mieux à ce traitement de choc en laissant davantage s’épanouir la mélodie, tandis que les solistes peuvent eux aussi tirer leur épingle du jeu.
C’est principalement l’impériale Claudia Mahnke qui parvient, par son investissement dramatique et sa diction quasi parfaite du français, à rendre son rôle de Didon captivant de bout en bout – particulièrement dans le quatrième acte, sommet incontestable des Troyens. Tanja Ariane Baumgartner (Cassandre) n’est pas en reste, imposant l’éclat de son timbre et la souplesse de sa ligne de chant dans un rôle plus difficile qu’il n’y paraît. Le public ne s’y trompe pas et applaudit vivement les deux femmes à l’issue de la représentation. A leurs côtés, on notera les prestations convaincantes de Gordon Bintner (Chorèbe) et, dans une moindre mesure, Daniel Miroslaw (Panthée). Seul le fatigué Bryan Register (Enée) déçoit dans ce plateau vocal d’une remarquable homogénéité – une constante à Francfort.
La mise en scène d’Eva Maria Höckmayr séduit dans un premier temps par ses décors qui revisitent l’imagerie grecque en une épure bienvenue, tandis que les costumes insolites (couleurs pastel, shorts pour les hommes...) apportent une touche décalée. Le plateau tournant, tout autant que de rares accessoires, permet de revisiter l’ensemble, même si l’on touche rapidement aux limites de cette mise en scène trop illustrative malgré le recours à des éléments de symbolique propre à la Grèce et à Carthage – notamment par le recours aux danseurs dans l’expression des rêveries torturées des héroïnes lors des interludes orchestraux ou dans les ballets. Ces chorégraphies trop répétitives manquent cependant de précision et d’originalité, tandis que les mouvements du chœur apparaissent désordonnés dans leurs brusques précipitations. On notera enfin quelques idées maladroites, telle la scène d’amour entre Didon et Enée située sur une plage de pacotille, avec vagues en arrière-plan en vidéo.
Avec ce déséquilibre, on touche précisément à l’un des écueils de la soirée, gâchée par la direction déroutante et prosaïque de John Nelson, pourtant grand spécialiste de Berlioz. Fort décevant dans les deux premiers actes, le chef américain opte pour des attaques molles et une ligne uniforme, évitant soigneusement de privilégier tel ou tel pupitre, tout en ralentissant dans les passages lents pour mieux accélérer le tempo dans les parties plus vives, et ce au détriment de la déclamation et du sens, pourtant essentiels ici. L’excellent Chœur de l’Opéra de Francfort n’est pas en cause, mais force est de constater que ces tempi dantesques ne l’aident pas lors des deux actes initiaux, pénibles pour l’auditeur. Si l’on n’est guère surpris de voir quelques sièges vides après l’entracte, le Berlioz apaisé du troisième acte résiste mieux à ce traitement de choc en laissant davantage s’épanouir la mélodie, tandis que les solistes peuvent eux aussi tirer leur épingle du jeu.
C’est principalement l’impériale Claudia Mahnke qui parvient, par son investissement dramatique et sa diction quasi parfaite du français, à rendre son rôle de Didon captivant de bout en bout – particulièrement dans le quatrième acte, sommet incontestable des Troyens. Tanja Ariane Baumgartner (Cassandre) n’est pas en reste, imposant l’éclat de son timbre et la souplesse de sa ligne de chant dans un rôle plus difficile qu’il n’y paraît. Le public ne s’y trompe pas et applaudit vivement les deux femmes à l’issue de la représentation. A leurs côtés, on notera les prestations convaincantes de Gordon Bintner (Chorèbe) et, dans une moindre mesure, Daniel Miroslaw (Panthée). Seul le fatigué Bryan Register (Enée) déçoit dans ce plateau vocal d’une remarquable homogénéité – une constante à Francfort.
La mise en scène d’Eva Maria Höckmayr séduit dans un premier temps par ses décors qui revisitent l’imagerie grecque en une épure bienvenue, tandis que les costumes insolites (couleurs pastel, shorts pour les hommes...) apportent une touche décalée. Le plateau tournant, tout autant que de rares accessoires, permet de revisiter l’ensemble, même si l’on touche rapidement aux limites de cette mise en scène trop illustrative malgré le recours à des éléments de symbolique propre à la Grèce et à Carthage – notamment par le recours aux danseurs dans l’expression des rêveries torturées des héroïnes lors des interludes orchestraux ou dans les ballets. Ces chorégraphies trop répétitives manquent cependant de précision et d’originalité, tandis que les mouvements du chœur apparaissent désordonnés dans leurs brusques précipitations. On notera enfin quelques idées maladroites, telle la scène d’amour entre Didon et Enée située sur une plage de pacotille, avec vagues en arrière-plan en vidéo.
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