Précipitez-vous! On aura rarement assisté à un spectacle mêlant avec
autant de maestria chant et danse au service d’une œuvre emblématique du
style français, Les Fêtes d’Hébé. Composé en 1739 après le succès des Indes galantes
quatre ans plus tôt, cet opéra-ballet déborde d’inventions musicales
qui permettent de nous faire oublier un argument bien pauvre, Rameau
convoquant toute sa science de l’orchestre et plaçant la danse au
premier plan. Dans ce contexte, on ne s’étonnera pas du choix de confier
la mise en scène à un chorégraphe, en la personne de Thomas Lebrun,
comme ce fut le cas pour le Così fan tutte d’Anne Teresa De Keersmaeker présenté au Palais Garnier en début d’année.
Pour sa première mise en scène lyrique, l’actuel directeur du Centre chorégraphique national de Tours s’adapte parfaitement aux moyens techniques limités de l’Amphithéâtre Bastille, proposant une scénographie résolument minimaliste mais animée par des costumes classieux délibérément «bling bling». De quoi essaimer l’ouvrage d’une fantaisie constante, tandis que la scène blanche agrémentée d’un escalier et de quelques cubes répartis par les danseurs tout au long de l’action, bénéficie des extraits vidéo de Charlotte Rousseau évoquant les éléments et les saisons à la manière du travail réalisé par Bill Viola pour le Tristan donné ici même en 2005. Le noir et blanc domine au début du spectacle avant que chaque tableau ne soit rythmé par une couleur unique sans cesse renouvelée: une idée simple mais efficace, portée par des éclairages et costumes qui adoptent tous deux la monochromie imposée.
Si l’on reste admiratif du travail réalisé par les six danseurs, omniprésents pendant toute la représentation, on notera que Thomas Lebrun ne se contente pas de leur seule intervention: les chœurs participent de ce plaisir visuel constant par un jeu discret mais notable. On pense par exemple à leurs échanges de regards, à leurs gestes étudiés façon aérobic ou encore à leurs entrées et sorties réglées à la manière de Robert Carsen. Cette production franco-anglaise ne lésine ainsi sur aucun détail, permettant de faire vivre sur scène cette œuvre jadis redécouverte au disque par William Christie et John Eliot Gardiner. On notera que l’ouvrage a été raccourci de quelques trente minutes environ, avec des coupures opérées sur plusieurs danses, deux airs dans les divertissements ainsi que dans le chœur final.
Cette production est aussi l’occasion de découvrir des visages inconnus pour la plupart autour de jeunes chanteurs et musiciens issus d’ensembles franco-britanniques. On passera sur la prestation décevante de Jean-François Marras, en décalage avec l’orchestre et peu à l’aise avec la justesse, ce qui est d’autant plus regrettable que son timbre fait merveille dès lors qu’il est bien placé. Aucun problème en revanche pour les deux révélations de la soirée, la soprano guatémaltèque Adriana Gonzalez et le baryton russe Mikhail Timoshenko, qui s’appuient tous deux sur une diction parfaite, fluide et puissante, ainsi qu’une belle aisance scénique. L’élégant Juan de Dios Mateos se distingue aussi malgré une émission nasale, tandis que Julieth Lozano remporte une ovation méritée du public en fin de représentation, sans doute conquis par son délicieux timbre fruité. Outre des chœurs remarquables, on félicitera les jeunes musiciens réunis sous la baguette de Jonathan Williams, à la battue très vive mais sourcilleuse des nuances dans les passages piano. On regrettera seulement quelques approximations des vents (hautbois et bassons surtout) dans les accélérations.
Pour sa première mise en scène lyrique, l’actuel directeur du Centre chorégraphique national de Tours s’adapte parfaitement aux moyens techniques limités de l’Amphithéâtre Bastille, proposant une scénographie résolument minimaliste mais animée par des costumes classieux délibérément «bling bling». De quoi essaimer l’ouvrage d’une fantaisie constante, tandis que la scène blanche agrémentée d’un escalier et de quelques cubes répartis par les danseurs tout au long de l’action, bénéficie des extraits vidéo de Charlotte Rousseau évoquant les éléments et les saisons à la manière du travail réalisé par Bill Viola pour le Tristan donné ici même en 2005. Le noir et blanc domine au début du spectacle avant que chaque tableau ne soit rythmé par une couleur unique sans cesse renouvelée: une idée simple mais efficace, portée par des éclairages et costumes qui adoptent tous deux la monochromie imposée.
Si l’on reste admiratif du travail réalisé par les six danseurs, omniprésents pendant toute la représentation, on notera que Thomas Lebrun ne se contente pas de leur seule intervention: les chœurs participent de ce plaisir visuel constant par un jeu discret mais notable. On pense par exemple à leurs échanges de regards, à leurs gestes étudiés façon aérobic ou encore à leurs entrées et sorties réglées à la manière de Robert Carsen. Cette production franco-anglaise ne lésine ainsi sur aucun détail, permettant de faire vivre sur scène cette œuvre jadis redécouverte au disque par William Christie et John Eliot Gardiner. On notera que l’ouvrage a été raccourci de quelques trente minutes environ, avec des coupures opérées sur plusieurs danses, deux airs dans les divertissements ainsi que dans le chœur final.
Cette production est aussi l’occasion de découvrir des visages inconnus pour la plupart autour de jeunes chanteurs et musiciens issus d’ensembles franco-britanniques. On passera sur la prestation décevante de Jean-François Marras, en décalage avec l’orchestre et peu à l’aise avec la justesse, ce qui est d’autant plus regrettable que son timbre fait merveille dès lors qu’il est bien placé. Aucun problème en revanche pour les deux révélations de la soirée, la soprano guatémaltèque Adriana Gonzalez et le baryton russe Mikhail Timoshenko, qui s’appuient tous deux sur une diction parfaite, fluide et puissante, ainsi qu’une belle aisance scénique. L’élégant Juan de Dios Mateos se distingue aussi malgré une émission nasale, tandis que Julieth Lozano remporte une ovation méritée du public en fin de représentation, sans doute conquis par son délicieux timbre fruité. Outre des chœurs remarquables, on félicitera les jeunes musiciens réunis sous la baguette de Jonathan Williams, à la battue très vive mais sourcilleuse des nuances dans les passages piano. On regrettera seulement quelques approximations des vents (hautbois et bassons surtout) dans les accélérations.
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