Si László Lajtha (1892-1963) fut l’un des compositeurs hongrois les plus
en vue de son temps, sa musique reste aujourd’hui éclipsée par celle de
ses contemporains Bartók et Kodály. Lajtha partagea avec son ancien
professeur Kodály la curiosité intellectuelle le portant vers la
collecte des musiques folkloriques de son pays, ce qui lui permit de
décrocher le prestigieux prix Kossuth en 1951. Il s’agit cependant d’une
récompense en trompe-l’œil, Lajtha ayant perdu l’ensemble de ses postes
musicaux deux ans auparavant suite à la reprise en main des
communistes, inquiets de l’indépendance et de la renommée de ce
compositeur par trop internationaliste. Interdit de voyager pendant
douze ans, Lajtha se verra isolé de ses amis européens, perdant de son
influence sur la musique contemporaine, lui qui passa de nombreuses
années à œuvrer activement pour elle.
On retrouve aujourd’hui l’unique intégrale symphonique réalisée par le chef uruguayen Nicolás Pasquet dans les années 1990 pour Marco Polo avec le méconnu mais correct Orchestre symphonique de Pécs. On s’en félicite d’autant plus que les œuvres réunies dans les deux premiers volumes ont été composées pour la plupart dans les années 1930, période pendant laquelle Lajtha poursuit une carrière remarquable en France, suite à ses études parisiennes auprès de Vincent d’Indy. Son inspiration comme ses talents d’orchestrateur, d’une clarté très française, sont audibles dès les premières mesures de la belle Suite pour orchestre, issue du ballet Lysistrata. Le prélude intense et lyrique rappelle ainsi le Chostakovitch de la Première Symphonie – la noirceur en moins – dans sa capacité à intégrer des éléments burlesques inattendus. Mais Lajtha sait aussi convaincre dans les passages lents qui s’appuient sur des cordes lyriques, passant d’une idée à une autre avec beaucoup de virtuosité, sans se départir d’un humour notable.
Changement complet d’atmosphère avec le grave In memoriam (1941), composé pour rendre hommage aux victimes de la guerre et créé par rien moins qu’Adrian Boult à Londres. Cette musique, dont la mélodie profonde et grave est assurément l’une des plus inspirée de son auteur, se pare d’un statisme inquiétant tout en marquant les esprits par son mouvement de balancier oppressant dans les graves. Avec la Première Symphonie (1936) réapparaît le gout de Lajtha pour la virtuosité des mélodies enchevêtrées, malheureusement peu mises en valeur par un Orchestre symphonique de Pécs à la limite de ses possibilités. Rien d’indigne bien sûr, mais Nicolás Pasquet doit ici ralentir le rythme pour aider ses musiciens quelque peu dépassés. Plus réussi, le bel Andante permet à l’orchestre de se montrer plus à l’aise pour tisser des ambiances irradiantes aux cordes, tout en se jouant du ton luxuriant et envoutant ici à l’œuvre. Si l’influence de Chostakovitch plane encore, les cordes aiguës entêtantes laissent également percevoir dans le dernier mouvement le lyrisme généreux de son contemporain Madetoja, un ancien élève de Sibelius.
On retrouve aujourd’hui l’unique intégrale symphonique réalisée par le chef uruguayen Nicolás Pasquet dans les années 1990 pour Marco Polo avec le méconnu mais correct Orchestre symphonique de Pécs. On s’en félicite d’autant plus que les œuvres réunies dans les deux premiers volumes ont été composées pour la plupart dans les années 1930, période pendant laquelle Lajtha poursuit une carrière remarquable en France, suite à ses études parisiennes auprès de Vincent d’Indy. Son inspiration comme ses talents d’orchestrateur, d’une clarté très française, sont audibles dès les premières mesures de la belle Suite pour orchestre, issue du ballet Lysistrata. Le prélude intense et lyrique rappelle ainsi le Chostakovitch de la Première Symphonie – la noirceur en moins – dans sa capacité à intégrer des éléments burlesques inattendus. Mais Lajtha sait aussi convaincre dans les passages lents qui s’appuient sur des cordes lyriques, passant d’une idée à une autre avec beaucoup de virtuosité, sans se départir d’un humour notable.
Changement complet d’atmosphère avec le grave In memoriam (1941), composé pour rendre hommage aux victimes de la guerre et créé par rien moins qu’Adrian Boult à Londres. Cette musique, dont la mélodie profonde et grave est assurément l’une des plus inspirée de son auteur, se pare d’un statisme inquiétant tout en marquant les esprits par son mouvement de balancier oppressant dans les graves. Avec la Première Symphonie (1936) réapparaît le gout de Lajtha pour la virtuosité des mélodies enchevêtrées, malheureusement peu mises en valeur par un Orchestre symphonique de Pécs à la limite de ses possibilités. Rien d’indigne bien sûr, mais Nicolás Pasquet doit ici ralentir le rythme pour aider ses musiciens quelque peu dépassés. Plus réussi, le bel Andante permet à l’orchestre de se montrer plus à l’aise pour tisser des ambiances irradiantes aux cordes, tout en se jouant du ton luxuriant et envoutant ici à l’œuvre. Si l’influence de Chostakovitch plane encore, les cordes aiguës entêtantes laissent également percevoir dans le dernier mouvement le lyrisme généreux de son contemporain Madetoja, un ancien élève de Sibelius.
Non publiée et seulement créé en 1988, la Deuxième Symphonie
(1938) montre quant à elle un état d’esprit beaucoup plus sombre dès ses
premières mesures raides et verticales. On découvre ensuite davantage
d’élan avec des passages colorés aux bois en contraste, toujours fidèles
à la consonance, tandis que le Molto vivace qui suit apparaît
plus débraillé. Une moiteur là encore opposée à des passages rythmiques
inquiétants au piano (il s’agit de la seule symphonie de l’auteur qui
utilise cet instrument) se dégage ensuite du tout dernier mouvement et
son utilisation des cordes tendues et enlevées en un crescendo rythmique
qui crée l’excitation. Les onze Variations de 1948 concluent ce
disque avec un ton plus léger et serein, Latjha s’appuyant là aussi sur
des cordes qui tissent un soyeux ensorcelant.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire