Krenek, oui, mais quel Krenek? C’est un peu la question que tout
mélomane doit se poser avant d’affronter le copieux corpus du
compositeur viennois: s’agit-il de sa période tonale mâtinée d’ajouts
jazzy avec l’emblématique Jonny spielt auf de 1926, plus grand
succès lyrique de l’entre-deux guerres? Ou plus certainement celle des
années 1930 et suivantes autour de la musique sérielle et des
expérimentations modernistes? Aucune des deux en réalité, puisqu’Orphée et Eurydice,
deuxième opéra d’Ernst Krenek (1900-1991), composé en 1923, mêle les
réminiscences capiteuses de l’ancien professeur Franz Schreker avec les
premières expériences atonales héritées de Schoenberg. Le parlé-chanté
omniprésent bénéficie d’un arrière-plan orchestral foisonnant et
frissonnant, d’une imagination constante au service d’un remarquable
livret, écrit par Oskar Kokoschka pendant sa captivité en Russie en
1915. Une période d’autant plus douloureuse que le peintre se remettait
de son échec amoureux avec Alma Mahler, déjà repartie dans les bras d’un
autre homme.
Donné au festival de Salzbourg pour le quatre-vingt-dixième anniversaire du compositeur, cet ouvrage complètement oublié fut accompagné par d’autres Orphée, ceux de Monteverdi, Gluck et Haydn. La captation en direct qui en résulta est aujourd’hui présentée par Orfeo dans un enregistrement d’une qualité sonore superbe qui rend hommage à cet ouvrage de transition. Tous les interprètes, au premier rang une incandescente Dunja Vejzovic (Eurydice), portent l’action avec bonheur, bien aidés par la baguette précise mais parfois un rien timide de Pinchas Steinberg: quel dommage que l’expressionnisme ici à l’œuvre ne soit pas davantage exalté... Quoiqu’il en soit, en tant que seul enregistrement aujourd’hui disponible de cet ouvrage, il s’agit d’un document de toute première importance.
Donné au festival de Salzbourg pour le quatre-vingt-dixième anniversaire du compositeur, cet ouvrage complètement oublié fut accompagné par d’autres Orphée, ceux de Monteverdi, Gluck et Haydn. La captation en direct qui en résulta est aujourd’hui présentée par Orfeo dans un enregistrement d’une qualité sonore superbe qui rend hommage à cet ouvrage de transition. Tous les interprètes, au premier rang une incandescente Dunja Vejzovic (Eurydice), portent l’action avec bonheur, bien aidés par la baguette précise mais parfois un rien timide de Pinchas Steinberg: quel dommage que l’expressionnisme ici à l’œuvre ne soit pas davantage exalté... Quoiqu’il en soit, en tant que seul enregistrement aujourd’hui disponible de cet ouvrage, il s’agit d’un document de toute première importance.
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