dimanche 15 juillet 2018

Ekaterina Kornishina, Edgar Moreau et Aurèle Marthan - Festival de Colmar - 13/07/2018

Edgar Moreau
Un seul être vous manque... et tout le programme est bouleversé: suite au retrait de Bruno Philippe, souffrant, le festival de Colmar a dû se démener pour pallier son absence. Avec Edgar Moreau (né en 1994), c’est un remplaçant de luxe que l’on entend à nouveau, un peu plus d’une semaine après son concert avec David Kadouch dans la petite salle du Koïfhus. On ne s’en plaindra évidemment pas, tant le son généreux de Moreau fait mouche à chaque intervention. Toujours est-il que son association initiale avec Aurèle Marthan (né en 1986) peine à convaincre, du fait d’options stylistiques opposées dans leur interprétation des Variations (1802) sur un duo de La Flûte enchantée de Mozart. Si Marthan se concentre sur une lecture narrative, Moreau lui préfère un sens des couleurs éloquent, mais parfois au détriment de la compréhension de l’architecture de l’œuvre. Les deux hommes ont ainsi du mal à lier les différentes parties à l’œuvre dans ces Variations, se montrant plus à l’aise dans le lyrisme des Fantasiestücke (1849) de Schumann. Moreau fait plus encore valoir l’épaisseur de ses graves, souvent mis en avant dans les verticalités, tandis que les passages apaisés, par contraste, laissent davantage de place à l’expression.
Ekaterina Kornishina et
Aurèle Marthan
La Sonate pour flûte et piano (1957) de Poulenc nous fait découvrir les attaques sûres de la flûtiste russe Ekaterina Kornishina, tout autant que sa capacité à se saisir de cette musique sautillante et piquante. Après un mouvement lent superbe, les deux interprètes se jouent des ruptures pour mieux reprendre la conduite du discours musical, même si l’on pourra regretter chez Kornishina un léger manque de substance dans la puissance des aigus. La Fantaisie (1898) de Fauré la montre plus à son aise dans la continuité mélodique fluide de cette œuvre, admirablement portée par ses sonorités aériennes et félines. Les trois comparses se joignent ensuite pour affronter les difficultés du Trio pour clarinette, violoncelle et piano (1798) de Beethoven, ici transcrit pour flûte. Après un début facétieux, on retient surtout la course poursuite haletante entonnée par les solistes qui s’affrontent avec brio. Au style plus analytique de Moreau s’oppose celui de Kornishina et Marthan, plus lyriques. Le piano se fait cristallin dans le mouvement lent, avec un sens de la respiration très à propos, avant de reprendre des forces dans un Finale plus virtuose.

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