Fidèle à sa tradition d’exhumer des raretés lyriques chaque année à la même période (voir notamment les Königskinder de Humperdinck donnés en 2005 avec Jonas Kaufmann, La Esmeralda de Louise Bertin en 2008, Oresteïa de Xenakis en 2011 ou encore Siberia de Giordano l’an passé),
le Festival de Radio France Occitanie Montpellier ressort des
oubliettes le tout dernier ouvrage composé par Léo Delibes (1836-1891): Kassya.
Resté en partie inachevé au niveau de l’orchestration, l’ouvrage a été
terminé par Jules Massenet (qui a aussi transformé les dialogues parlés
en récitatifs) afin de permettre une création posthume en 1893. Après
seulement huit représentations, Kassya disparaît définitivement de l’affiche, plombé par les critiques sévères de la presse de l’époque.
Il est vrai que l’ouvrage comporte des pages à l’inspiration inégale, surtout dans une première partie sans consistance, avant de convaincre davantage par la suite autour de tableaux mieux variés dramatiquement. On pourra aussi critiquer la faiblesse du livret qui raconte l’amour irrésistible de Cyrille pour la bohémienne Kassya, tout en ignorant les sentiments de la fidèle Sonia. On croit peu aux différents revirements amoureux de Kassya, écartelée entre l’ivresse de son ascension sociale et son ambivalence pour Cyrille – sans parler du peu crédible retournement final. Comment, aussi, ne pas sourire devant la présentation caricaturale du peuple qui alterne entre balourdise, grivoiserie et violence? Ce parti pris incarné par un chœur très présent fait regretter que l’interprétation laisse à désirer, du fait d’une prononciation très approximative de la part des deux chœurs réunis pour l’occasion. Musicalement, Delibes ne fait pas preuve d’un don mélodique affirmé, hormis peut-être dans le chœur entêtant «Marchez, fauchez» au III ou dans les belles pages de ballet au IV: rien d’étonnant à cela quand on se souvient que Delibes dut ses plus grands succès, hormis son opéra Lakmé en 1883, aux ballets Coppélia (1870) et Sylvia (1876). Que de femmes dans les œuvres de Delibes...
Il est vrai que l’ouvrage comporte des pages à l’inspiration inégale, surtout dans une première partie sans consistance, avant de convaincre davantage par la suite autour de tableaux mieux variés dramatiquement. On pourra aussi critiquer la faiblesse du livret qui raconte l’amour irrésistible de Cyrille pour la bohémienne Kassya, tout en ignorant les sentiments de la fidèle Sonia. On croit peu aux différents revirements amoureux de Kassya, écartelée entre l’ivresse de son ascension sociale et son ambivalence pour Cyrille – sans parler du peu crédible retournement final. Comment, aussi, ne pas sourire devant la présentation caricaturale du peuple qui alterne entre balourdise, grivoiserie et violence? Ce parti pris incarné par un chœur très présent fait regretter que l’interprétation laisse à désirer, du fait d’une prononciation très approximative de la part des deux chœurs réunis pour l’occasion. Musicalement, Delibes ne fait pas preuve d’un don mélodique affirmé, hormis peut-être dans le chœur entêtant «Marchez, fauchez» au III ou dans les belles pages de ballet au IV: rien d’étonnant à cela quand on se souvient que Delibes dut ses plus grands succès, hormis son opéra Lakmé en 1883, aux ballets Coppélia (1870) et Sylvia (1876). Que de femmes dans les œuvres de Delibes...
Alexandre Duhamel (photo Raphaël Lugassy) |
Si la caractérisation orientale de l’action, censée se passer dans les Balkans, apparaît réduite, il revient au personnage de la bohémienne Kassya de l’incarner en début d’ouvrage – ce que Véronique Gens (Kassya) ne réussit qu’imparfaitement, se réfugiant d’emblée dans les atours d’une comtesse outragée. On pourra aussi lui reprocher un manque de substance et de projection dans les récitatifs. En dehors de ces réserves, elle fait valoir ses phrasés harmonieux, ses trésors de nuances et sa parfaite diction. A ses côtés, Cyrille Dubois (Cyrille) n’est pas en reste dans la prononciation parfaite, autour d’un timbre clair et gracieux. Le ténor français est moins convaincant dans la fureur, mais assure globalement bien sa partie. A ses côtés, on notera l’irrésistible et truculente bohémienne de Nora Gubisch, tandis qu’Anne-Catherine Gillet compose une Sonia toute de fraîcheur, avec une projection idéale. On retient surtout son superbe air de l’hirondelle au III. La plus grande satisfaction vocale de la soirée revient cependant à Alexandre Duhamel (le comte de Zevale), impressionnant de présence et de puissance maîtrisée, grâce de superbes graves. Tous les seconds rôles se situent à la hauteur de l’événement, hormis le Kostska de Renaud Delaigue, à l’émission trop pâteuse.
Michael Schønwandt dirige tout son petit monde avec un bel enthousiasme, mouillant la chemise au sens propre comme au figuré: il donne à entendre le meilleur de l’Orchestre national Montpellier Occitanie face à un public certes moins nombreux que la veille mais visiblement conquis par les interprètes de cette recréation.
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